Les noms des futurs ministres du gouvernement Essid défilent à un rythme soutenu. Du côté de Nida Tounès, on assure que les ministères régaliens seront occupés par des nidaistes sauf la Défense ou l'Intérieur dont l'un échoira à Abdelkrim Zbidi. Une autre certitude : Taïeb Baccouche aura un poste ministériel. Les autres ténors de Nida Tounès seront préservés pour préparer la bataille des municipales et des régionales Maintenant que Habib Essid a reçu sa lettre d'accréditation en tant que chef de gouvernement que tout le monde attendait depuis les élections législatives du 26 octobre 2014, place aux noms susceptibles d'occuper tel ou tel poste ministériel. Et les pronostics de pleuvoir à un rythme soutenu et de tomber parfois le jour même de leur révélation comme des feuilles d'automne, alors que nous sommes en plein hiver. Du côté de Nida Tounès, il semble qu'on a opté pour un mot d'ordre général : «C'est Habib Essid qui formera le gouvernement et nous n'avons pas à interférer dans ses choix ni lui prodiguer un conseil amical ni l'orienter vers une personnalité quelconque à même de répondre aux critères qu'impose l'étape. Il a suffisamment de compétence, d'expérience et de connaissance des hommes et des femmes politiques ou autres pour choisir librement les hommes et les femmes qui constitueront son équipes ministérielle». Cependant, les leaders de Nida Tounès parmi ceux qui ont accédé au Parlement ou ceux qui attendent un poste au sein du gouvernement continuent à distiller les informations au compte-gouttes en les accompagnant de commentaires ou d'explications qu'ils jugent les plus plausibles pour mesurer les chances de telle ou telle personnalité. Une source informée auprès de Nida Tounès confie à La Presse: «Parmi les leaders de Nida Tounès, notamment les fondateurs, seul Taïeb Baccouche, le secrétaire général du parti, sera désigné ministre dans le gouvernement Essid, une manière de compenser sa perte du poste de chef de gouvernement. Il a de grandes chances de briguer le ministère des Affaires étrangères, contrairement aux informations qui ont installé déjà Kamel Morjane à la tête de la diplomatie tunisienne. Le président d'Al Moubadara figurera certainement au sein de la prochaine équipe ministérielle mais pas à la tête des Affaires étrangères. Quant à ceux considérés comme les ténors de Nida Tounès, ou les fers de lance grâce auxquels ou a gagné les législatives et la présidentielle, ils resteront au parti pour préparer les élections municipales et régionales qui pointent déjà à l'horizon». A la question de savoir si Abdelkrim Zbidi, pressenti jusqu'au dernier moment au poste de chef de gouvernement, va recevoir un poste ministériel, la même source précise : «Il pourra être désigné à la tête du ministère de l'Intérieur ou du ministère de la Défense. Et dans tous les cas, les ministères de souveraineté n'échapperont pas à Nida Tounès mais n'échoiront pas à des personnalités nidaïstes connues. Notre parti regorge de compétences et c'est à Habib Essid de dénicher les hommes et les femmes qu'il faut. En plus clair, un seul ministère régalien (Intérieur ou Défense) sera confié à un indépendant. Quant aux autres ministères dits techniques, ils seront occupés par nos alliés, principalement Afek Tounès, l'Union patriotique libre et Al Moubadara et aussi par des personnalités indépendantes». Consulter Afek Tounès n'est pas le programme quotidien d'Essebsi Et si certains alliés comme l'ULP, dirigée par Slim Riahi, multiplient les déclarations montrant que les relations sont au beau fixe avec Nida Tounès, d'autres, à l'instar d'Afek Tounès, n'ont pas hésité à se rebiffer en critiquant la manière avec laquelle les consultations sont conduites, en particulier pour le choix du chef de gouvernement. «Nous n'avons pas été associés à la désignation de Habib Essid et nous avons découvert son nom comme tout le monde à travers les médias», se lamente l'un des leaders du parti de Yacine Brahim. Notre source nidaïstes rétorque: «D'abord, Yacine Brahim a été reçu à plusieurs reprises par Béji Caïd Essebsi et pas pour parler du beau temps ou de la vague de froid ou de la neige. Ensuite, consulter quotidiennement Afek Tounès ne peut pas être le programme quotidien de Béji Caïd Essebsi. Enfin, il existe actuellement une commission formée de Nida Tounès, d'Al Moubadara, d'Afek Tounès et de l'UPL planchant sur la préparation du programme du gouvernement (synthèse des divers programmes) qui sera soumis à la confiance des députés». Des contacts permanents avec Ennahdha Restent les rapports Ennahdha-Nida Tounès qui vivent de nos jours un véritable printemps que personne ne pouvait prédire d'autant plus que même les faucons de Montplaisir, à l'instar de Walid Bennani (voir interview accordée à Assabah Al Ousbouii du lundi 5 janvier) sont revenus à la raison et ont décidé de soutenir l'option alliance ou au moins soutien à Nida Tounès. «Pour nous, précise notre source, les choses sont claires. Nos contacts sont quotidiens avec Ennahdha. Et puis, ne cachons plus les évidences: le choix de Habib Essid est bien la résultante d'un accord avec Ennahdha. Pour ce qui est des ministres nahdhaouis qui rejoindront l'équipe gouvernementale, il est trop tôt pour révéler les noms puisque les consultations officielles viennent à peine de démarrer. Mais ce qui est acquis, c'est qu'il y aura au moins deux ministres nahdhaouis qui siégeront parmi l'équipe Essid. Samir Dilou, Zied Laâdhari ou Lotfi Zitoune sont pour le moment dans la course, mais il faut rappeler que le dernier mot revient à Ennahdha lui-même». Dernière préoccupation : où sont les femmes dans le plan de Nida Tounès ? «Actuellement et à la première journée des concertations, ce sont les hommes qui prennent le dessus. Les femmes seront représentées dans le gouvernement, ainsi que certaines figures de la société civile», conclut notre source.