Pour la seconde fois, la Tunisie a été choisie pour abriter une nouvelle édition du Forum social mondial (FSM), prévue du 24 au 28 mars prochain au Campus universitaire Farhat-Hached, sous le signe «dignité et droits». De ce fait, notre pays a le mérite d'être, de nouveau, capitale planétaire au souffle révolutionnaire dégagé contre l'altermondialisme et les affres du capitalisme sauvage. Ce sera, en fait, un véritable brassage culturel haut en couleur, où se croisent et se convergent les tendances communautaires vers un monde plus solidaire. Ainsi, l'événement s'annonce de grande envergure. L'on s'attend à à la participation de dizaines de milliers de mouvements sociaux, d'organisations civiles et de citoyens des quatre coins du globe qui auront à défiler sous nos cieux, au nom de la démocratie, de la liberté, de la justice sociale, de la dignité humaine et de l'égalité des chances. Autant de valeurs universelles censées donner à ce monde ses profondes significations. Mais, ces valeurs, bien qu'elles soient déterminantes, ne résonnent plus, en ces temps de conflits. Dès que ce rendez-vous sera confirmé (date et lieu), le comité d'organisation du FSM 2015, sous la houlette de M. Abderrahmane Hedhili, président du Forum tunisien des droits économiques et sociaux (Ftdes), tient à mobiliser toute la société civile nationale autour du sens du volontariat et de l'engagement. Après avoir assuré la formation en matière d'interprétation des activités à l'ordre du jour du FSM, le comité a commencé, le week-end dernier à Hammamet, à solliciter l'attention de la femme sur son parcours militant pour la dignité et l'égalité. Une telle dynamique féminine représentée par un réseau associatif social a eu à susciter un débat vif sur la participation massive de la femme du monde entier dans la réussite de la grande manifestation attendue, dans deux mois, à Tunis. Des atouts incontestables Quand tout le monde avait, au cours du FSM 2013, les yeux rivés sur ce qui pouvait se passer comme incident imprévu, le pays faisait preuve, aux dires de ses invités, de convivialité, de sécurité et d'hospitalité remarquables. Car, au départ, personne n'avait eu la moindre confiance qu'une telle manifestation, aussi grandiose, aurait la chance de réussir. Et ce n'est pas un hasard si ce berceau du printemps arabe renoue avec ce rendez-vous, avec la même confiance. Pour l'histoire, Chico Whitaker, cofondateur du FSM, d'origine brésilienne, n'a pas tari d'éloges sur la qualité de l'organisation, l'accueil et la manière d'aborder les questions et les thématiques diverses. Et de souligner : «On a vécu une expérience extraordinaire de grande participation dans une ambiance de fête et de respect mutuel dans une extrême diversité de thèmes débattus...», souligne-t-il. Son collègue français, Gustave Massiah, lui aussi un des membres fondateurs, était du même avis. «C'était vraiment un grand forum...», avait-il qualifié. Il y a de quoi faire le choix de la Tunisie, comme village planétaire, où les idées et les propositions des uns et des autres s'invitent, sous la même bannière du partage et du vivre-ensemble dans un autre monde censé être possible et solidaire. Mais non idéal, certes. Car, il n'y a pas de monde parfait. Il importe de rappeler qu'un tel forum dont l'initiative fut brésilienne, à Porto Allegre en 2001, s'inscrit dans le droit fil du souci majeur de faire de ce monde un havre de paix, de reconnaissance et d'échange mutuel sur les principales causes humaines. Mais avec la montée des géants économiques, nourris d'égocentrisme et sujets à des tensions politiques, peut-on construire un autre monde, tel qu'on rêve de le voir ?