Hier, les leaders de Nida Tounès se sont rencontrés plus de trois heures sans arrêter de décision sur l'identité du futur chef de gouvernement et du successeur de Béji Caïd Essebsi à la présidence du parti. Le suspense plane toujours en attendant que le nouveau président de la République tranche Ils ont été, hier, plus de 150 leaders au sein de Nida Tounès à assister à la réunion du bureau exécutif du parti censé trancher trois questions soumises à l'ordre du jour. Au bout de près de trois heures de concertations, la réunion n'a débouché sur rien de concret à propos de la décision que tout le monde attendait : la désignation de la personnalité (appartenant au parti ou non) qui sera chargée par Béji Caïd Essebsi, nouveau président de la République, de former le prochain gouvernement et de le présider. Une source participant à la réunion révèle à La Presse : «La réunion a vu la participation des membres de la direction du parti, les 86 députés élus au nom de Nida Tounès et les coordinateurs régionaux, soit plus de cent cinquante personnalités. Malheureusement, nous ne sommes parvenus à aucune décision concrète, sauf celle relative au choix du mois de juin 2015 pour la tenue du congrès constitutif du parti et la désignation d'une commission préparatoire du congrès. Pour ce qui est de la désignation du successeur de Béji Caïd Essebsi à la présidence du parti, nous avons discuté la question sans nous accorder sur un nom quelconque. Troisième point à l'ordre du jour : le choix du prochain chef de gouvernement. Les participants penchent pour Taïeb Baccouche au cas où ce serait un nidaïste qui formera le gouvernement. En contrepartie, nous n'avons évoqué aucun nom parmi ceux que relaient quotidiennement les médias. Finalement, notre réunion a été une réunion d'échange d'idées et non de prise de décision». A quand la prochaine réunion qui décidera surtout de l'identité du prochain gouvernement ? «Personne ne le sait, souligne notre source. Nous attendons ce que fera Béji Caïd Essebsi, président du parti». L'Initiative exige deux ministères Du côté du parti de l'Initiative, on apprend que Kamel Morjane vient d'être contacté par Nida Tounès pour proposer le nom d'un ministre qu'il voudrait voir figurer au sein de la prochaine équipe gouvernementale. «Nous exigeons que nous soient accordés deux portefeuilles ministériels, les Affaires étrangères et le Tourisme et au moins deux secrétariats d'Etat, outre d'autres nominations parmi les gouverneurs et les hauts cadres de l'Etat», précise une source proche de Kamel Morjane. Sur quelle base les destouriens de l'Initiative, qui ne disposent que de trois députés au Parlement, font-ils monter leurs demandes à un tel palier ? «Nous estimons que les destouriens forment la composante essentielle de Nida Tounès et que la machine destourienne a bien fonctionné lors du second tour de l'élection présidentielle pour garantir à Béji Caïd Essebsi un écart de plus de 10 points sur son concurrent Moncef Marzouki, soutenu lui aussi par la machine nahdhaouie. En conséquence, les destouriens sont convaincus qu'ils méritent d'occuper une présence importante au sein du prochain gouvernement», rétorque notre source. En attendant que Béji Caïd Essebsi fasse le ménage au sein de son propre parti, choisisse lui-même le futur chef de gouvernement, qu'il soit nidaïste ou une personnalité indépendante, et désigne son successeur à la présidence du parti, outre les décisions qu'il va prendre pour assouvir l'appétit de ses alliés en tenant compte de leur poids et de leur présence sur la scène nationale, les analystes politiques et les observateurs poursuivent leurs pronostics et dissertent toujours sur les conditions que le futur chef de gouvernement est appelé à remplir. Un politologue, désirant garder l'anonymat, précise : «Le prochain chef de gouvernement se doit d'avoir une capacité de synthèses et de compromis et de pouvoir travailler, en harmonie, avec les alliés de Nida Tounès qui rejoindront le gouvernement. Cette personnalité existe-t-elle au sein de Nida Tounès ? Pour moi, il est difficile que le parti dégage une telle personnalité, d'où la nécessité pour Béji Caïd Essebsi d'opter pour une personnalité indépendante qui sera entourée d'une équipe de compétences politiques soutenues par quelques technocrates qui occuperont les ministères purement techniques, à l'instar de ceux du Transport ou des Communications». Et notre politologue d'ajouter : «Un tsunami de dossiers attend l'équipe gouvernementale, d'où l'importance d'opérer une véritable justice politique fondée essentiellement sur le respect de l'équilibre entre les régions lors de la formation du gouvernement de manière à ce que toutes les régions y soient équitablement représentées. Mais la grande inconnue c'est bien que sera Nida Tounès quand Béji Caïd Essebsi quittera définitivement sa présidence ? La question est à poser sérieusement d'autant plus que Moncef Marzouki a opéré un véritable chambardement dans le paysage politique national avec l'annonce de la création de son parti politique le Mouvement du peuple des citoyens. Quant aux destouriens qui renaissent de leurs cendres et posent leurs conditions que l'on pourrait qualifier de trop élevées au vu de leurs scores électoraux et de l'état d'éparpillement et de division dans lequel ils naviguent toujours, notre politologue estime qu'ils «essayent de tirer profit des effets de leur machine qui a été très efficace lors de l'élection présidentielle au profit de Béji Caïd Essebsi. Mais ils finiront par s'assagir et rejoindront Nida Tounès, le terroir où ils se retrouvent le plus naturellement du monde». Restent les partis du centre qui sont les plus grands perdants des élections législatives et de la présidentielle. «Ils sont dans l'obligation de s'unir. Ils sont condamnés à créer la grande coalition du centre. Au cas contraire, ils disparaîtront du paysage politique national. Et si l'on doit un mérite à Marzouki, c'est bien celui de menacer sérieusement l'existence de ces partis, encore sous le choc de leur défaite cuisante des 26 octobre et 23 novembre 2014», conclut-il.