Taïeb Baccouche voit Ennahdha dans l'opposition et des nidaistes crient à la trahison Aux dernières nouvelles émanant de Dar Edhiafa où Habib Essid, chef de gouvernement désigné, mène, depuis un mois, un marathon de concertations, avec les partis politiques représentés dans le Parlement et des représentants de la société civile, pour constituer son équipe gouvernementale, le mouvement Ennahdha sera présent dans le gouvernement Essid, deuxième version. Ainsi, l'annonce faite par Rachef Ghannouchi lui-même, hier, à l'issue de son entrevue avec Habib Essid, tranche avec la déclaration de Taieb Baccouche, secrétaire général de Nida, faite quelques heures auparavant. C'est que malgré le fait que le porte-parole d'Ennahdha, Zied Laâdhari, ait clairement déclaré que «c'est au chef du gouvernement désigné lui-même que revient de décider et d'annoncer les partis politiques qui vont faire partie du gouvernement», l'entretien de Rached Ghannouchi avec Habib Essid semble être concluant. Baccouche avait, en effet, souligné, à l'occasion d'un sit-in organisé devant le siège du parti par la Coordination «Sit-in du Bardo» contre la participation d'Ennahdha dans le prochain gouvernement, qu'Ennahdha doit être dans l'opposition promettant que son parti défendra cette orientation. Baccouche avait argumenté sa position en précisant qu'il est «normal que le parti majoritaire soit au pouvoir et que le second dans l'opposition, de manière à consacrer l'alternance pacifique au pouvoir». Nida, Afek et d'autres La question de la participation ou non d'Ennahdha dans le premier gouvernement de la IIème République a alimenté tous les débats, les critiques et les positions de ceux qui croient en la nécessité d'un gouvernement de coalition ou d'unité nationale pour assurer le prochain gouvernement d'un soutien parlementaire confortable et donc d'une bonne marge de manœuvre dans l'exercice de ses fonctions. Hier, Essid devait clore le deuxième round des tractations autour de la composition de son gouvernement puisqu'il doit remettre sa seconde copie aujourd'hui au président de la République. L'annonce faite par le Cheikh a donc tout d'une révélation. Ainsi, la prochaine équipe gouvernementale devrait compter Nida bien sûr, avec un plus grand nombre de portefeuilles ministériels comme l'ont exigé les Nidaistes, et Afek Tounès, d'après Salma Elloumi Rekik. La députée nidaiste a même précisé, hier à l'issue de son entrevue avec Habib Essid, à Dar Edhiafa, que le gouvernement comptera des représentants de plusieurs partis dont Afek. Pour ce qui est de l'UPL, la certitude est que Mohsen Hassan ne sera pas le prochain ministre du Tourisme, puisqu'il y a renoncé en raison de la vague de contestations soulevée par la présence de son nom dans la première copie d'Essid. La deuxième copie en sursis Pour ce qui est de la participation d'Ennahdha, la polémique risque d'enfler et la deuxième copie d'Essid rejetée, elle aussi. Les électeurs de Nida se sentent trahis et menacent de le faire entendre par diverses manières si Ennahdha fait partie de la formation gouvernementale. Hier, devant le siège du parti, ils ont tenu à rappeler, par banderoles interposées, aux dirigeants de Nida et sans doute à son ex-président la fameuse formule de Bourguiba, chère à Caïd Essebsi : «La sincérité dans la parole et l'honnêteté dans le travail». Par ailleurs, le bureau exécutif de Nida Tounès, réuni samedi dernier en présence de Mohamed Ennaceur, avait, de son côté, souligné la nécessité de former un gouvernement politique et partisan, mais surtout fidèle à la volonté des électeurs de Nida et en mesure de réaliser les aspirations du peuple tunisien. A Nida, il y a du pain sur la planche.