Par M'hamed JAIBI Alors qu'il a, en deux ans et demi, réussi à s'ériger en premier parti du pays, équilibrant miraculeusement l'échiquier politique, Nida Tounès semble traverser, depuis le départ de son président à Carthage, une véritable bourrasque. Des déclarations violentes le secouent, des critiques froissent sa direction, des attaques mettent en cause des hautes personnalités qui en sont issues. Bref, l'ambiance est à la zizanie. Un climat d'indiscipline et d'agressivité C'est dans ce climat de mise en cause en tous sens qu'est intervenue, hier, une mesure interne prise par le Comité constitutif du parti, qui a été vite interprétée, nous dit-on, comme un «gel d'appartenance» de six personnalités de Nida : Khemaïs Ksila, Abdelaziz Kotti, Abdessattar Messaoudi, Mehdi Abdeljaoued, Hechmi Hedhiri et Taoufik Bouachba. Vérification faite auprès de la direction, il ne s'agit que d'un gel partiel relatif à l'élection du bureau politique du parti qui, c'est maintenant officiel, sera mis en place le 22 février. Ainsi, les six dirigeants cités doivent impérativement, en guise de réparation des dommages occasionnés au mouvement par leurs attaques et leur indiscipline, présenter des excuses écrites au parti pour pouvoir participer à l'élection de la nouvelle structure de 30 membres qui veillera désormais aux destinées de Nida Tounès. Aucun des six ne pourra être ni candidat ni électeur, s'il n'obtempère pas. Un BP de 14+8+8 Rappelons que le BP sera constitué des quatorze membres actuels du Comité constitutif (soit les onze déposés à ce titre lors de la fondation du parti, auxquels s'ajoutent ès qualité le président par intérim du parti, Mohamed Ennaceur, le président de la Commission des structures, Hafedh Caïd Essebsi, et le président du groupe parlementaire), de huit membres élus par le bureau exécutif de 105 membres, et de huit membres élus par le groupe parlementaire. En fait, les attaques des dirigeants aujourd'hui mis à l'index ont démarré avec une interview radiophonique de Ksila dans laquelle il mettait en cause, au même moment, deux conseillers du président de la République issus de Nida, Mohsen Marzouk et Rafaâ Ben Achour, les qualifiant de «danger pour la Tunisie», la présence d'Ennahdha dans le gouvernement et le fait que les députés de Nida soient invités à ne pas postuler à des portefeuilles ministériels. Depuis, Abdelaziz Kotti a vite pris la relève puis les quatre autres. Sachant que Kotti et Ksila ont, plus recemment, doublé la mise en rendant visite à Slim Chiboub en prison, un geste présenté comme «humanitaire» qui ne manque pas d'être interprété politiquement. Des ambiances préélectorales Alors que le congrès semble ajourné à fin 2015, le parti présidentiel donne l'impression de vivre un climat d'effervescence préélectorale en prévision du 22 février où devra se jouer non seulement le sort du nouveau bureau politique, mais sans doute aussi celui des personnalités qui dirigeront le parti jusqu'au congrès. Certes, le président par intérim et le secrétaire général sont donnés comme inamovibles, mais les ambitions des uns et des autres sont dévorantes de convoitise, qui suggèrent que la double casquette serait nuisible pour le mouvement. Une invective qui épargne deux personnalités : Boujemaâ Remili, le «conciliateur» directeur exécutif, personnage historique venu de la gauche modérée devenu «bourguibien», et Hafedh Caïd Essebsi, fils du fondateur du parti, qui se déclare haut et fort destourien jusqu'à la moelle.