Abderahmane, Nadia, sofiane et Amine reçoivent les meilleures récompenses du cinéma français...Une autre facette de la Tunisie refait surface : celle de la compétence, de la sensibilité, de l'art et de la création... Vendredi soir, devant nos postes de Télé, on a suivi la cérémonie des césars, une compétition qui récompense le meilleur du cinéma français. coup de théâtre : «Timbuktu» du Mauritanien Abderrahmane Sissako (produit par une Française, Sylvie Pialat), a raflé sept Césars, dans les catégories meilleur film, meilleur réalisateur, meilleur scénario, meilleur montage, meilleure musique, meilleure photo et meilleur son. ...Du jamais vu pour un film africain. Quelle belle consécration pour le cinéma africain mais pas seulement, notre fierté en tant que tunisiens n'a pas de limites..., une grande partie de l'équipe du film est made in Tunisia. Trois tunisiens et pas des moindres ont fait la beauté et la sensibilité de ce film dans trois postes clés et déterminants dans la création d'une œuvre, Nadia Berrachid (césar du meilleur montage), Sofiane El Fani (césar de la meilleure photographie) et Amine Bouhafa (césar de la meilleure musique originale). Rappelons que Sofiane El Fani a déjà signé à l'image quelques petits bijoux du cinéma français dont «Vénus Noire» et «la vie d'Adèle» de Kéchiche, que Nadia Berrachid n'est pas à sa première collaboration avec Sissako et que le jeune et talentueux Amine Bouhafa est la nouvelle coqueluche du cinéma et de la fiction et qu'il enchaîne les compositions de musiques de films outre le fait qu'il soit un arrangeur d'exception. «Timbuktu» est un film qui raconte la résistance des habitants du nord du Mali face aux jihadistes en 2012, c'est le cri de détresse d'un cinéaste, né en Mauritanie, étudiant à Bamako, apprenti cinéaste à Moscou et qui, un jour, découvre, effaré, que l'on peut lapider un couple à Aguelhoc dans le nord du Mali au XXIe siècle sous prétexte que cet homme et cette femme ne sont pas mariés. «Timbuktu», c'est la force de la poésie face à l'arbitraire : des gamins qui jouent au foot sans ballon parce que les islamistes ont interdit le football. Un père qui gratte une guitare sous sa tente. Une existence qui bascule à cause d'une vache nommée GPS. «Timbuktu» est, aussi, l'œuvre d'un cinéaste qui affectionne la lenteur, mais qui vole vers les Oscars. Ce réquisitoire contre l'intégrisme religieux sera le premier film mauritanien à concourir dimanche, à Los Angeles dans la catégorie meilleur film étranger. Une revanche d'un film vu par près d'un million de spectateurs en France, qui a bouleversé le festival de Cannes l'année dernière, mais que le jury a ignoré. Pour ceux qui ne l'on pas encore vu, il est dans nos salles depuis deux mois déjà...