En attendant qu'un dénouement heureux soit trouvé à ce feuilleton, c'est Olfa Sokri Chérif, la présidente adjointe de la commission financière provisoire, qui prendra les commandes Quels que soient les décisions ou les votes de l'Assemblée des représentants du peuple, tout peut être contesté et tout peut être revu et corrigé à tout moment. Hier, et conformément à la tentative de décision du bureau de l'Assemblée, les députés devaient se prononcer sur une interprétation de l'article 70 du règlement intérieur sur la définition de l'opposition. Finalement et après avoir essuyé les critiques de l'association Bawsala, le président de l'ARP, Mohamed Ennaceur, a demandé aux élus de répondre, à travers un vote électronique (donc public), à la question de savoir si « l'opposition concernée par la présidence de la commission des finances était celle des blocs parlementaires opposants, ou bien celle des blocs et députés opposants ». La première interprétation signifiait tacitement l'attribution de la commission à Mongi Rahoui, tandis que la deuxième interprétation signifiait la reprise par Iyed Dahmani de la présidence de ladite commission. Une erreur Pour des raisons pratiques évidentes, le président de l'Assemblée présente une motion pour chacune des deux interprétations. « Nous ne participerons pas au vote, car nous considérons qu'il est scandaleux que la présidence de la commission des finances soit élue de cette manière », explique Samia Abbou au nom du Courant démocratique et du Congrès pour la République. Au moment du vote, l'interprétation défendue par les frontistes obtient l'approbation de 109 députés, c'est-à-dire exactement le nombre de votes nécessaires pour arriver à la majorité absolue. Mais les sourires et poings victorieux de Mongi Rahoui ne dureront que quelques minutes. Après vérification, il s'avère que le député de Afek Tounes Anouar Adhar a donné sa voix à deux reprises : une fois en appuyant sur le bouton et une fois en levant la main. Iyed Dahmani et les sociaux-démocrates crient au scandale et accusent leurs concurrents de traficoter les votes. « Vous parlez toute la semaine de morale et voilà ce qui se passe », lance le député d'Al Jomhouri à Mongi Rahoui. «Je n'ai pas fait exprès de voter deux fois, se défend Anouar Adhar. Lorsque j'ai appuyé sur le bouton du Oui, trois voyants se sont allumés au même moment et j'ai pensé que mon vote n'a pas été pris en considération. J'ai donc voté à main levée». Qu'importe, Iyed Dahmani a estimé que le vote du député doit être supprimé et que de facto, la motion refusée. «Il n'est pas question de refaire le vote, dit-il. Tout doit être transféré devant la commission du règlement intérieur». De son côté, Samia Abbou a appelé le président de l'Assemblée à se réunir avec l'ensemble des députés ayant choisi l'opposition afin de parvenir à un accord. Si tel n'est pas le cas, l'élue du Courant démocratique préconise un vote intra-opposition. L'administration tout comme la présidence de l'assemblée sont gênées par cet incident qui ajoute au balbutiement des structures constaté depuis le début des travaux de la législature. En attendant qu'un dénouement heureux soit trouvé au feuilleton de la présidence de la commission des finances, c'est Olfa Sokri Chérif, la présidente adjointe de la commission financière provisoire, qui prendra les commandes. D'ailleurs, la commission devra examiner en urgence le protocole d'accord conclu entre la Tunisie et l'Union européenne pour l'obtention d'un prêt de 300 millions d'euros. Un prêt nécessaire pour combler le déficit budgétaire de l'année en cours et qui doit être ratifié avant le 6 mars. Qui perd? Qui gagne? Ni le bureau de l'assemblée dont les décisions peuvent être à tout moment annulées, ni la maigre opposition qui ne peut prétendre jouer son rôle qu'avec l'accord des partis majoritaires (Ennahdha et Nida Tounès) ne sortent grandis de cette épreuve. «Ce qui se passe est malheureux, déclare Samia Abbou, quel que soit le gagnant de ce bras de fer, il sera taxé d'opposition de façade». Zied Lakhdhar en sourit : « Personne ne pourra jamais croire que nous sommes des alliés de Nida Tounès, même si ce sont les voix de leurs députés qui ont pesé dans la balance. Nous continuerons à critiquer les orientations libérales de Nida et d'Ennahdha». Décidément, la crédibilité de l'Assemblée est pratiquement à reconquérir. Les commissions au travail ! Une lueur d'espoir au Parlement, les commissions permanentes ont entamé dès hier leurs travaux. Le président de l'Assemblée, Mohamed Ennaceur, semble y avoir veillé personnellement. Les commissions vont probablement travailler tous les jours de la semaine, pour faire face aux 70 dossiers urgents.