Les frontistes et les sociaux-démocrates visent un même poste. Qui aura le dernier mot ? Il semblait pourtant évident que le Front populaire, qui détient le bloc parlementaire le plus large dans l'opposition, allait tout naturellement prendre la tête de la commission des finances comme l'énonce le règlement intérieur. Mais c'était compter sans l'acharnement des sociaux-démocrates qui ont annoncé par l'intermédiaire du président de leur groupe, Iyed Dahmani, qu'ils étaient également candidat à la présidence de ladite commission. Le problème vient de l'interprétation de l'article 60 (*) de la Constitution de 2014 qui accorde à l'opposition le siège de la présidence de la commission des finances sans préciser qui doit représenter l'opposition ? Pour Iyed Dahmani, qui a recueilli plus de voix — accordées par différents partis — que le Front (15 sièges), le texte ne précise pas que c'est au bloc parlementaire opposant détenant le plus grand nombre de sièges d'occuper ce poste. Il estime que c'est à la majorité de l'opposition (en termes de nombre de partis ou de sensibilité politique) de décider à qui sera attribuée la présidence de la délicate commission des finances. Suspicions de magouilles Le député frontiste Mongi Rahoui crie au scandale et dénonce une manœuvre politicienne instiguée par les deux blocs majoritaires, à savoir Nida Tounès et Ennahdha. Selon lui, ces deux partis «hégémoniques» chercheraient à imposer une opposition sur mesure, qui leur convient. «Ce sont les méthodes benalistes», selon Mongi Rahoui. En tout état de cause, des sources nidaistes affirment, sous le couvert de l'anonymat, qu'il existe effectivement un projet visant à constituer officiellement un bloc parlementaire supérieur en nombre au Front populaire. Si tel est le cas, les frontistes seraient obligés de céder. Mais Mongi Rahoui prévient : «Nous protesterons avec force contre ces magouilles». (*) Article 60 de la Constitution de 2014 : «L'opposition est une composante essentielle de l'Assemblée des représentants du peuple, elle a des droits lui permettant d'accomplir ses missions dans le cadre du travail parlementaire et lui garantissant la représentativité adéquate dans les structures et activités de l'assemblée, sur les plans intérieur et extérieur. Parmi ces droits, il lui est obligatoirement accordé la présidence de la commission des finances et le poste de rapporteur au sein de la commission des relations extérieures. Elle dispose également de celui de créer et de présider tous les ans une commission d'enquête. Elle a, entre autres, le devoir de participer activement et constructivement au travail parlementaire».