Coup d'envoi des manifestations culturelles autour des femmes tunisiennes créatrices «Honna yobdeêna» (Elles créent) mardi dernier à la maison de la culture Ibn Rachiq, à l'occasion de la célébration de la Journée internationale de la femme. Dans le cadre de la célébration de la Journée internationale de la femme le 8 mars, un ensemble de manifestations ont eu lieu depuis mardi dernier dans plusieurs maisons de la culture et espaces culturels dans le pays et se poursuivront jusqu'au 14 mars prochain. Le coup d'envoi des festivités a eu lieu à la Maison de la culture Ibn Rachiq en présence de Mme Latifa Lakhdhar, ministre de la Culture et de la Sauvegarde du patrimoine, ainsi qu'un bon nombre de personnalités. Présentée par l'actrice tunisienne Jamila Chihi, qui a insisté sur l'importance de ce genre de manifestations, spécialement en ce moment, que c'est une occasion de rendre hommage à la femme tunisienne, la femme créatrice, «la femme de Tahar Haddad», de rappeler ses droits, les valoriser et les préserver, la soirée a débuté par la projection de la première d'un documentaire intitulé «Kamréya Al Khadhra» du réalisateur Faouzi Chalbi suivi d'un concert de la jeune chanteuse Badiaâ Bouhrizi. Hommage à Zoubeida Bchir «Kamréya Al Khadhra» est un documentaire qui trace la vie de la première poétesse tunisienne Zoubeida Bchir. Il s'agit d'un bon travail d'ensemble, bien conduit, qui s'est basé sur divers témoignages de gens qui ont côtoyé de près la poétesse : ses sœurs, ses amis, des journalistes et des universitaires. Plusieurs de ses photographies, lecture de ses poésies, les personnalités qu'elle a connues ont également enrichi l'œuvre. Première poétesse tunisienne, Zoubeida Bchir figurait parmi les plus grands poètes des années 50. Elle a été primée et encouragée par le président Habib Bourguiba qui lui proposa de travailler à la Radio tunisienne où elle s'était distinguée par ses émissions culturelles, ainsi que par ses poèmes publiés dans plusieurs revues de l'époque. Elle était, également, la première femme tunisienne ayant publié un recueil de poèmes, son premier intitulé ‘'Hanine'' (Nostalgie) et que, pour cette raison, un prix annuel a été institué en son nom, par le centre de recherches, d'études, de documentation et d'information sur la femme (Crédif), à savoir: «le prix Zoubeida Bchir des écrits féminins». La poétesse a acquis plus de notoriété après la publication de son deuxième recueil de poèmes ‘'Ala''.Elle avait l'intention de publier un troisième recueil de poèmes, mais le destin en a voulu autrement. La naissance de la poétesse disparue a coïncidé avec une période d'activité politique intense en Tunisie. C'était aussi le cas au moment de sa disparition en 2011. En effet, la question de la liberté de la femme a été au centre du débat dans les années 30 ainsi qu'en 2011 dans le cadre d'un mouvement intellectuel marqué par le brassage des idées ayant trait à l'universalité, à la démocratie et au partenariat entre les sexes. Rappelant qu'après avoir réalisé un documentaire autour de la première femme médecin tunisienne Tawhida Ben Chikh en 2013, l'actuel Zoubeida Bchir en 2014, le réalisateur Faouzi Chalbi nous donne rendez-vous pour un nouveau documentaire autour de Jalila Hafsia prévu en 2015. La musique engagée de Badiaâ Bouhrizi La deuxième partie de la soirée a été consacrée au chant et à la musique acoustique avec Badiâa Bouhrizi au chant et à la guitare, Wissem Ziadi au violon et Malek Ben Halim à la guitare et aux percussions. Connue pour son style outsider, Badiâa Bouhrizi est une jeune artiste engagée, qui s'est créé son propre univers musical et s'est produite dans plusieurs pays, dont la Grande-Bretagne, la France, le Canada, l'Egypte, le Maroc ou encore l'Espagne. Elle a passé les dernières années à chanter avec plusieurs musiciens du genre, tunisiens et étrangers aussi «trippant» les uns que les autres. Sa musique se balance entre le jazz, la soul, le reggae et le folk berbère. Le ton global de la soirée a été de la même teneur : une belle voix, une bonne maîtrise instrumentale, un tempo particulier et des thèmes universels remis à l'ordre du jour, notamment dans le monde arabe et particulièrement en Tunisie : le politique et le citoyen, la paix, la jeunesse, la crise identitaire, la lutte contre l'oppression, la liberté, etc. Le verbe acéré, les refrains–slogans et de la poésie en dialectal tunisien ou en arabe littéraire font, à chaque fois, mouche et ne laissent pas indifférent. La chanteuse, soutenue par une justesse d'arrangements dispensés par une panoplie d'instruments acoustiques, a enchaîné les morceaux dans une fusion urbaine aux effluves gnaouis au grand plaisir des amateurs !