«Hezou ydikom aâla fadha el Massart» (cessez de faire main basse sur l'espace Massart) est le slogan du sit-in qui se tient, ce matin à partir de 8h30, devant la Cour d'appel de Bab Bnet à Tunis contre la fermeture de l'espace culturel Massart Ouvert en octobre 2010 et tenu par l'artiste Salah Hammouda, dans l'optique d'une culture alternative et de proximité, Massart a élu domicile dans un quartier populaire de Tunis, «Baldof» à Bab Laassal, entouré des quartiers de Jbel Lahmar, Bab Sidi Abdessalem et d'autres encore. Un pari gagné, malgré des débuts difficiles, les jeunes du quartier qui, au départ, étaient récalcitrants, ont vite adopté le lieu pour finir par l'intégrer, se le réapproprier et évoluer à travers ses différentes activités culturelles. C'est le cas de Mehdi Nasrallah, alias «Kaâboura», qui était présent à la conférence de presse, organisée par les teneurs des lieux, mardi dernier, au local du syndicat des journalistes. «Cet espace est le nôtre désormais. Tous les habitants du quartier et ses alentours, petits et grands, profitent de ses différentes activités. Nous serons tous présents jeudi. On va gagner cette cause!», affirme-t-il. Un litige autour d'un problème de bail. Le propriétaire veut vendre, mais pas aux protagonistes de l'espace. «La propriété commerciale (loi 77) est une loi spéciale, donc juridiquement, elle l'emporte sur le général», explique l'avocate Siwar Abadi, et d'ajouter : «Nous avons entamé un procès pour annuler le préavis (pour quitter les lieux). Ce jeudi, le juge se prononcera». Anas Abidi, du syndicat des métiers des arts dramatiques, Naceur Sardi, du syndicat des techniciens et des ouvriers du cinéma et également animateur culturel dans l'espace, le cinéaste Ibrahim Letaïef, et d'autres artistes et acteurs de la scène culturelle et de la société civile étaient présents à l'occasion, pour apporter leur soutien et crier au scandale. «Il s'agit là d'une affaire d'opinion publique inscrite dans l'idée de la citoyenneté à travers et dans la culture. Il s'agit là d'un droit fondamental, le droit à la culture», lance Inès Tlili, activiste dans la société civile et animatrice d'un atelier pour enfants dans l'espace. «Cette affaire doit faire jurisprudence. Car il ne s'agit pas uniquement du Massart, d'autres espaces ont été fermés (entre autres des salles de cinéma) ou sont actuellement menacés de l'être à Gafsa, à Kébili et à Mahdia...», note N. Sardi, et d'ajouter : «Nous autres concernés, nous devons cesser de réagir, mais agir et exiger une législation claire qui présente des garanties pour la culture». La bataille sera de longue haleine, car elle touche tout le secteur. Espérons que l'affaire Massart sera celle qui donnera lieu à une vraie réforme législative et à une vraie politique culturelle (quasi inexistante). Espérons...