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Un charme irrésistible
La Goulette jour et nuit
Publié dans La Presse de Tunisie le 24 - 07 - 2010

C'est comme une lame de fond qui monte et que rien ne semble pouvoir arrêter. La marée de festivaliers, plus hétéroclite, plus joyeuse, plus jeune, plus belle et plus saine que jamais, se prépare à prendre ses quartiers de bonheur à La Goulette. De jour comme de nuit, de cette cité historique au patrimoine protégé, village cosmopolite à la croisée des chemins des vacanciers, qui se veut une ville plus belle, plus conviviale, plus accueillante, plus respectueuse de l'environnement et des générations futures, baignée dans les couleurs du soleil, émane un appel envoûtant à l'escapade. En été, à La Goulette, le pouls du temps bat à un rythme mystérieux, celui du rien vacancier qui nargue le visiteur et le pousse au farniente limace.
Voilà, une ville singulière qui brave le temps, défie l'âge et conserve jalousement les traces de sa splendeur passée.
C'est une métropole qui fascine, qui a toujours quelque chose d'intime et de secret à offrir mais qui livre chichement ses secrets. Le soir, la noirceur lui apporte un petit quelque chose de spécial. Elle est porteuse de mystère, de possibilités, d'aventure et peut transformer l'ambiance urbaine du quotidien en une atmosphère de fête. Nuit et jour, sans interruption, la ville est en mouvement. Reportage.
La Goulette. Il est 9h00 du matin et le soleil qui darde déjà ses rayons sur les artères nervurées de la ville, ponctuées de la cacophonie des klaxons des voitures bondées par des estivants de tous bords mettant le cap sur la plage, mettent les nerfs à vif aux agents de police en faction.
La ville est enveloppée ce jour-là dans une chaleur d'airain. Fort heureusement, les grands ficus, devenus habitat de prédilection à toutes sortes d'oiseaux, permettent d'arpenter les rues à l'abri de ces chaudes journées ensoleillées. Derrière les persiennes encore fermées, le soleil filtre, à l'insu des habitants, quelques rayons de lumière. Intra- muros, tout semble être endormi. Mais derrière ces moucharabiehs, où les adultes semblent encore pris dans la bulle royale, quelques pleurs de bébé se font entendre.
Du côté du marché, l'odeur violente du poisson attire une foule hétéroclite. Dans le sas d'entrée, un client est abordé par un gamin en haillons qui s'accroche à lui, le regard suppliant. Il est vite repoussé par un vendeur, qui le somme de vider les lieux. On rebrousse chemin, tellement l'endroit est plein à craquer. Tellement ça crie au poisson et tellement les prix sont exorbitants.
Gagner au plus vite la plage
Croisés sur le macadam, sur les visages de quelques passants, se dessinent les traits des êtres exténués, pressés, collants aux exigences de l'instant et prêt à shooter leurs affaires telles des comètes humaines qui veulent traverser le temps pour gagner au plus vite la plage.
En effet, La Goulette est la station balnéaire la plus populaire du Grand-Tunis. Très proche des cœurs des Tunisiens, ses plages sont envahies chaque été par des milliers d'estivants. On reconnaît les Goulettois à leur teint un peu plus basané.
Sur la plage aménagée qui fait face au Lido, de petits garçons couraient ventre à terre en direction de la mer. Les premiers qui atteignent l'eau s'arrêtent brusquement et lancent des cris stridents. Pour cette première baignade, ils sursautent, avant de décider de piquer une tête dans l'eau. Tout proches, leurs parents observent avec plaisir ces enfants heureux comme tout au simple contact de l'eau. Un plaisir simple et accessible pour tous. En effet, seuls ou en groupes, les gens qui se baignaient étaient nombreux ce jour-là. Ils passeront la journée les pieds dans l'eau.
Mais quand les frontières de la nuit tombent, la ville propose une nouvelle dynamique urbaine, plus festive,  plus créative, moins «ordinaire».
Elle entraîne une autre dimension à la vie urbaine, qui favorise la sociabilité, les rapprochements, la créativité, et son dynamisme contribue à l'attractivité touristique et au rayonnement international de la destination.
Les frontières de la nuit
En effet, La Goulette, le soir, est une ville trépidante grâce à une foule bigarrée, qui se répand dans toutes les principales artères de la ville. C'est que depuis l'été dernier, le pouls de la ville bat plus que d'habitude, en pareille période. Et pour cause, l'ouverture à la circulation du pont Radès-La Goulette, depuis le 21 mars 2009, offre une liaison directe, rapide et permanente entre la banlieue nord et la banlieue sud.
En effet, ce nouveau fleuron urbanistique qui vient de faciliter les communications entre la banlieue nord et sud est désormais le vecteur d'une synergie qui induit incontestablement une nouvelle dynamique économique, sociale et culturelle. Ainsi, pour leurs sorties vespérales, les résidents de la banlieue sud jettent désormais leur dévolu  sur  les sites d'animation dont regorge cette ville côtière grâce à l'accès facile qu'assure ce pont.
En effet, le bras de mer qui, de tout temps, a constitué une entrave au développement économique entre les deux banlieues  n'est plus un obstacle, et la ville connaît donc une affluence particulière. Selon les autorités locales, ils seraient plus de 150.000  personnes à déambuler sur le macadam, l'avenue Roosevelt ou l'avenue de la République.
Mais partout où l'on passe, les eaux vous  entrent jusque dans l'âme et vous mènent droit au cœur de l'avenue Franklin-Roosevelt, rue gastronomique par excellence qui compte plus de 40  restaurants, dont huit sont classés touristiques. En effet, les effluves criards du poisson et le fumet des belles pièces grillées au feu de bois font saliver les palais les plus exigeants.
Cette spécialité est le reflet même  d'une forte et longue tradition culinaire. Dans cette rue gastronomique, des grappes de citoyens, des touristes et des résidents, le regard vif, comme de vieux loups de mer à la barbe fournie, devisaient gaiement les présentoirs frigorifiés bien fournis de poissons frais. Pageot, daurade, loup et mulet, les passants frémissent à la rencontre de l'odeur d'un poisson frais qui sent la mer et l'iode.
A plusieurs reprises, par le toucher, les clients les plus audacieux n'hésitaient pas à tester la fraîcheur du poisson. Question de savoir si l'animal est entier. «Sa chair est ferme et il dégage des senteurs douces et parfumées», lance un client à sa compagne. Certes, le toucher est un moyen perspicace pour vérifier la fraîcheur du poisson, mais attention, il laisse une forte marque odorante sur les mains.
Fraîcheur quand tu nous tiens
Un autre client, accompagné de sa femme et de ses enfants, répond favorablement à l'invitation d'un maître de restaurant et franchit le seuil de l'établissement, d'autant plus que le prix proposé pour le complet poisson est acceptable. "On a maintenu le prix pratiqué l'année dernière pour encourager les Tunisiens à venir plus nombreux", nous explique ce restaurateur. Toutefois, il précise qu'à ce prix-là, les consommateurs ont droit à un poisson noble mais dont le calibre ne dépasse pas les 250 g.
Au-delà, le traiteur a le droit de le servir en tranches et de le répartir sur deux, voire trois menus. Il est servi avec un hors-d'œuvre, "tastira" et frites. 
Mettant le cap sur l'avenue de la République, où une foule hétéroclite aux silhouettes  difficilement distinguables s'affaire autour des livrées de poissons aux restaurants de la place, des chats crapahutaient entre les pattes des badauds.
Cette avenue, avec ses terrasses de café à même la plage, offre également des moments de pur bonheur, les pieds dans l'eau.
Sur cette corniche, une légère brise parsemée de mille et une couleurs caresse les amateurs des sorties vespérales qui scrutent du regard les eaux grises, écumées de la Méditerranée, qui se mêlaient à un ciel couleur de plomb. Néanmoins, c'est sur cette corniche avec cette étendue de terrasses qu'on découvre La Goulette des veillées nocturnes. Si, par habitude ou par enchantement, les Goulettois optent pour des soirées au bord de la plage, n'hésitant pas à se balader torse nu, les visiteurs privilégient les terrasses des cafés : «le Chebli», «la Marina» ou «Miled». Ce dernier est facilement reconnaissable avec les tubes d'Om Kalthoum ou Farid Latrech, comme pour immortaliser le passage goulettois de cet artiste et son tube indélébile dédié à la région. Pour colorer l'atmosphère, des vendeurs ambulants se fondent dans le décor pour l'égayer avec des senteurs rafraîchissantes et des acrobaties entre les chaises des terrasses.
D'autres habitants et estivants de tous bords, fuyant une chaleur caniculaire et cherchant à allier fraîcheur et détente aux bons plaisirs du palais, préfèrent prendre d'assaut les terrasses au pied des remparts de la forteresse de Charles Quint. Ici, l'animation ne manque pas mais on peut toujours jeter son dévolu sur des "banbalouni" (beignets au sucre) ou des chips.
Tandis que dans le lacis de petites venelles du quartier de la «Petite Sicile» ou de «Tahounet El Rih», les familles demeurent fidèles à des veillées au clair de lune sur les paillassons. Les gamins jouent à cache-cache. Tout ce beau monde ne se soucie guère du vacarme des artères principales «colonisées» par des milliers d'estivants.
Traditions
Par devoir de mémoire
Fidèle à sa tradition d'ouverture et de tolérance, la Tunisie remonte dans le temps et remet à jour un des symboles qui a fait son originalité dans un monde où le repli identitaire et communautaire est souvent la règle, à savoir la fête catholique de l'Assomption.
La XXXVIe édition du festival méditerranéen de La Goulette, dont les échos ont été rendus dans La Presse du vendredi 9 juillet, a suscité d'abord notre curiosité et éveillé notre intérêt, voire notre surprise.
On nous a annoncé que lors du point de presse tenu à cette occasion, M. Mohamed Imed Trabelsi, maire de la commune de La Goulette, a promis qu'après une retraite de 44 ans dans son église, La Madone (la représentation de la Vierge Marie) renouera avec le passé pour refaire sa réapparition.
Cette icône de la Vierge a été fabriquée à Trapani, port de la Sicile réputé pour la richesse de ses églises gothiques et baroques. La cérémonie de la procession à caractère religieux débutait peu avant le coucher du soleil, en fin d'après-midi, par un cortège solennel. La statue de la Vierge était portée par des prêtres appartenant à l'ordre des assomptionnistes. Elle était suivie par des religieuses, de la même congrégation, tenant dans les mains des cierges allumés et chantant des hymnes à sa gloire avec des prières dont l'Ave Maria.
Le cortège était suivi de la foule venue de Tunis et même de plus loin. Une foule où se mêlaient des fidèles catholiques mais aussi, tout aussi nombreux, des musulmans qui, tous à l'unisson, invoquaient la mère de Jésus, et sollicitaient sa grâce. Des moments d'une grande ferveur religieuse et d'une forte émotion.
Cette fête intervenait le 15 août de chaque année, jour de l'Assomption, symbole de l'élévation miraculeuse du corps de la Vierge «Mariam Al Imran» ou Marie de Amram, selon la tradition juive, au ciel après sa mort.
La réintroduction ou la réappropriation de cet évènement par la Tunisie du Changement constitue un témoignage éloquent de l'ouverture d'esprit,de la tolérance religieuse et du respect de la différence observés en terre tunisienne. Cet évènement s'inscrit en porte-à-faux par rapport à ces voix qui agitent l'épouvantail de l'Islam et des musulmans dans plusieurs médias occidentaux ainsi que dans les écrits des tenants de la confrontation entre Islam et Christianisme.
Adel LATRECH


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