Journée particulière, hier, au Bardo où les touristes visitant le musée national ont été la cible d'un attentat terroriste faisant, selon les dernières estimations, 22 tués et 42 blessés. «Les deux terroristes impliqués dans l'attentat ont été abattus», assure le ministère de l'Intérieur. Les députés tenaient, hier soir, une séance plénière exceptionnelle. Les terroristes ont frappé, de nouveau, hier, au cœur même de la capitale, au musée national du Bardo, situé tout près du siège de l'Assemblée des représentants du peuple (ARP). Cette fois, la cible était les touristes qui visitaient en groupe guidé le musée. Et les déclarations sur le nombre des terroristes auteurs de l'attentat de valser au fil des heures, les conditions dans lesquelles ils ont pu accéder au musée n'étant toujours pas éclairées même après l'assaut donné par les forces de l'ordre pour libérer les otages et la déclaration officielle selon laquelle les deux terroristes ont été abattus et que tous les otages, n'ayant pas été tués, ont été libérés. L'attentat terroriste aura abouti à la mort de 22 personnes dont 20 touristes de différentes nationalités (les deux autres sont tunisiens dont un membre de la Brigade nationale antiterroriste) alors que les blessés sont au nombre de 38 dont deux Tunisiens. Habib Essid, chef du gouvernement, s'est adressé au peuple, entouré des ministres de la Défense, de l'Intérieur de la Justice, pour donner quelques éclairages sur les conditions dans lesquelles s'est déroulé l'attentat. Il a notamment révélé que «les deux terroristes portaient des tenues militaires et que l'un d'eux a été identifié en tant que Tunisien». Le chef du gouvernement a dénoncé «un attentat lâche qui a pour objectif de porter atteinte au tourisme tunisien. Les terroristes ont chargé de stratégie en ciblant désormais les touristes en vue de porter un coup dur à l'économie nationale qui tarde toujours à redémarrer». Où se trouve la réalité ? Comme prévu, les médias audiovisuels ont sauté sur l'occasion pour mobiliser les experts de service qui nous ont déjà dit tout ou presque sur les terroristes et sur leurs actions précédentes et futures. Tout au long de la journée d'hier, les téléspectateurs et les auditeurs, plus particulièrement des radios privées, ont assisté à toutes les analyses possibles, à toutes les interprétations imaginables des objectifs des auteurs de l'attentat et à toutes les propositions éventuelles pour que l'on puisse mettre fin à l'hydre terroriste. Députés, experts en groupes jihadistes et analystes politiques de diverses tendances ont occupé les plateaux TV, analysant les informations qui tombaient au fur et à mesure (arrestation de deux suspects, possible existence d'explosifs au musée, etc.) et se posant les questions qui s'imposaient sur la non-sécurisation du musée et des touristes et disséquant le témoignage télévisé d'un guide assurant avoir vu que les deux terroristes ne portaient pas de tenue militaire, information confirmée vers 17h00 par Mohamed Ali Laroui, porte-parole du ministère de l'Intérieur. Il a, en effet, déclaré : «Les deux terroristes abattus n'étaient pas en tenue militaire mais ils étaient armés de kalachnikovs». Le guide touristique affirme, de son côté : «Les deux terroristes portaient un gros sac qui contenait les armes». Les citoyens qui ont suivi, sur place, le déroulement de l'opération terroriste, et qui ont fait part de leurs témoignages se sont, eux aussi, posé les questions que tout le monde a soulevées : pourquoi les touristes n'étaient pas protégés par les forces de sécurité ? Comment les terroristes ont-ils réussi à accéder au musée munis d'un sac qui contenait leurs armes ? Est-il normal que le musée national du Bardo, qui connaît généralement une grande affluence en cette période de vacances scolaires (beaucoup d'excursions scolaires y sont organisées, outre les groupes touristiques), soit sous la garde d'un seul agent, dans un endroit situé à quelques mètres du siège de l'ARP ? Il est à préciser qu'au moment où nous rédigions le présent article (vers 19 heures), la cellule de crise était réunie au palais de La Kasbah sous la présidence de Habib Essid, chef du gouvernement. De son côté, Béji Caïd Essebsi, président de la République, a appelé «à éradiquer totalement les terroristes». Au niveau de l'ARP, une séance plénière exceptionnelle était prévue à 20h30 «en vue de prendre une position unifiée face aux menaces terroristes».