Pour la 59e année consécutive, la Tunisie fête son indépendance, un acquis sacré et une source de fierté et de souveraineté pour toute nation ayant vécu les affres du colonialisme, dans tous ses états et dimensions. Mais, pour la première fois, la Tunisie célèbre, à l'unisson, un tel anniversaire, sous le signe de l'unité populaire et de la solidarité nationale pour vaincre le terrorisme, les semeurs de mort et de panique. La journée d'hier n'était pas comme les autres. Coïncidant avec un lâche attentat meurtrier qui a aveuglément ciblé un lieu de mémoire et d'histoire aussi significatif que le musée du Bardo, les festivités de cette année ont pour nom la commémoration de tous les martyrs du pays, mais aussi les victimes d'un mercredi noir, le 18 mars 2015 précisément, dont le bilan est très lourd. Fidèles à la chère patrie et reconnaissants aux sacrifices de ses enfants vaillants, les Tunisiens se sont, ainsi, dressés comme un seul homme contre la menace terroriste qui plane sur eux. Ils se sont donné rendez-vous sur l'avenue Bourguiba, l'artère qui porte le nom de son bâtisseur, devenue lieu symbolique du militantisme pour la liberté et la dignité. Là où tous ont défilé spontanément, sur fond de joie et de tristesse à la fois. Autant pour l'indépendance du pays que pour sa sécurité, plus que jamais mise à rude épreuve. Libres et spontanés Seuls le devoir et la citoyenneté ont fait appel au rassemblement d'hier, loin des intérêts politiques et partisans qui, habituellement, manipulent de telles manifestations. Nul n'a forcé ces citoyens, venus de tous bords, à se réunir et à se mobiliser ainsi. Un objectif commun qui taraude les esprits a fait de leur rencontre libre et spontanée une manière d'agir dans le bon sens. Ainsi, se traduit-elle la volonté de gagner le défi d'une guerre farouchement menée contre les escadrons de la mort. Une guerre déclarée contre le terrorisme, comme l'a qualifiée le chef de l'Etat, Béji Caïd Essebsi, dans son discours prononcé suite à l'attentat barbare du Bardo. Ou comme l'a publiquement dénoncé son homologue français, François Holland, depuis le Louvre à Paris : « Nous sommes tous concernés lorsqu'il s'agit de vies humaines effroyablement broyées par la machine terroriste». Des réactions internationales ont également fusé de toutes parts, en signe de solidarité avec la Tunisie. Et la marche du « défi », organisée hier matin à Tunis, s'inscrit dans cet élan de solidarité. Jeunes et moins jeunes ont crié haut et fort, scandant tous les synonymes de la victoire sur ce danger qui ne cesse de guetter notre système démocratique et économique. « Plus jamais peur», « Non au terrorisme », criaient les manifestants. L'histoire, source d'inspiration Cette volonté de s'unir face à ce fléau a pris plusieurs formes. Qui par sa participation, qui par son action, chacun y met du sien. Une mobilisation large et citoyenne, toutes sensibilités confondues, en ce jour férié du 20 mars ! Des enfants drapeau à la main étaient là, des jeunes filles carrément drapées des couleurs nationales et des familles en train de prendre des photos pour garder le souvenir de l'instant. Des cameramen et des reporters sans frontières étaient sur les lieux en train de tout filmer, à la chasse des témoignages par rapport à ce qui se passe sous nos cieux. Leurs écrits sur l'image de la Tunisie telle que vue et connue vont faire le tour du monde. Et c'est là le message qu'on veut transmettre en pareille circonstance, mais qui ne sont pas uniquement propres à notre pays. Nos voisins, nos amis et les pays d'outre-mer en souffrent déjà. Halte à ce phénomène universel ! Hier, on a, également, célébré la fête de l'Indépendance au rythme des journées musicales de Carthage dont le rideau tombera aujourd'hui sur l'actuelle édition. A l'occasion, une plateforme d'animation a été installée devant le Théâtre municipal de Tunis, où un ballet chorégraphique de chants et de danse a fait aussi valser le public présent. D'un autre côté, une grande exposition documentaire a pris place sur l'avenue, retraçant l'histoire de la Tunisie et l'épopée du mouvement national tel qu'il a été conduit par des hommes valeureux dignes d'être, aujourd'hui, une source d'inspiration dans notre lutte acharnée contre le phénomène de l'époque: le terrorisme.