TEHERAN (AP) — Le guide suprême de la Révolution iranienne, l'ayatollah Ali Khamenei, s'est félicité hier du succès des manifestations de soutien au régime, appelant les pays occidentaux à ne plus dresser d'obstacles sur la route de Téhéran et menaçant l'opposition. La télévision officielle a rapporté que l'ayatollah Khamenei a salué «les dizaines de millions» d'Iraniens qui ont participé dans tout le pays, jeudi, à la grande manifestation de soutien au régime, à l'occasion du 31e anniversaire de la Révolution islamique. Cette déclaration avait été diffusée jeudi soir sur le site de Khamenei, après les manifestations rivales des pro-gouvernementaux et de l'opposition dans la journée dans la capitale iranienne. Selon l'ayatollah Khamenei, cet important rassemblement témoigne de la force de la nation. ''Les 31 années précédentes n'ont pas suffi à ouvrir les yeux d'Etats un peu arrogants et qui cherchent à intimider avec leurs futiles efforts pour asservir'' ce pays, a-t-il déclaré. L'ampleur de la manifestation pro-gouvernementale de jeudi devrait être un avertissement pour ''les ennemis de l'intérieur et les groupes qui sont dans l'erreur et prétendent représenter le peuple'', a-t-il ajouté. Jeudi, les forces de sécurité ont de nouveau réprimé les tentatives de rassemblement de l'opposition. A Téhéran, des figures du mouvement réformateur, dont le candidat malheureux à la présidentielle Mir Hossein Moussavi, ont été empêchées de manifester ou agressées par des policiers antiémeute, des agents en civil ou la milice des bassidjis, dont certains à moto. L'épouse de Moussavi, Zahra Rahnavard, a reçu plusieurs coups de matraque sur la tête, jusqu'à ce que des gens forment une chaîne humaine autour d'elle pour la protéger et l'évacuer. La voiture de l'autre chef de l'opposition Mehdi Karroubi a été attaquée et ses vitres brisées. Le fils de Karroubi, Taghi, a affirmé vendredi par téléphone que son frère Ali, 36 ans, avait été interpellé par les forces de sécurité jeudi et''sévèrement torturé '' : ‘'Il l'ont violemment battu (...) presque jusqu'à la mort''. Il a ensuite été libéré et emmené à l'hôpital, a-t-il précisé par téléphone à un journaliste à l'étranger. Son état est grave, il a un bras cassé et souffre d'hémorragies internes, selon lui. Le défilé de jeudi a rassemblé beaucoup moins d'opposants que ceux organisés ces derniers mois. Mais il montre au gouvernement iranien que seule une répression massive peut combattre la dissidence. Jeudi, les affrontements étaient globalement moins violents que lors de la manifestation précédente de fin décembre: huit Iraniens avaient perdu la vie et des centaines d'autres arrêtés. Les autorités iraniennes avaient également bloqué les téléphones portables et Internet. La BBC, la Deutsche Welle et la Voice of America ont déploré dans un communiqué commun le brouillage de leurs émissions, qui a commencé jeudi.