Classées quatrième maladie chronique mondiale par l'OMS, les allergies ne cessent d'augmenter. Cet essai en examine les différents types, mais également comment les combattre. «Que craignez-vous le plus? La pollution extérieure ou la pollution intérieure? L'air du dehors ou celui de votre appartement, de votre maison ou de votre bureau?». A coup sûr, l'écrasante majorité répondra sans hésiter : «La pollution extérieure». Certains ajouteront : «C'est une horreur, toutes ces saletés qu'on respire». D'autres ne comprendront même pas que vous leur posiez cette question. Et pourtant, les faits sont là, têtus, implacables, incontestables même, la pollution domestique, celle de nos habitations, est nettement plus élevée que la pollution extérieure. Cinq à sept fois supérieure, selon les estimations. C'est une donnée reconnue par les scientifiques, les médecins et les pouvoirs publics, mais à laquelle la majorité d'entre nous restent pour l'instant encore peu sensibles. Alors que les cocktails de polluants que nous respirons au-dehors ainsi qu'à l'intérieur de nos chaumières – sans en être conscients bien souvent – peuvent être à l'origine de nombreux troubles respiratoires. Comme souvent, les enfants sont les premiers «impactés». Les chiffres parlent d'eux-mêmes : en France, la fréquence de l'asthme est de 10 à 12 % chez les treize-quatorze ans. Un signal d'alerte très fort. Les enfants d'abord Irritation des yeux, de la peau, congestion nasale, maux de tête, asthme, les allergologues voient de plus en plus fréquemment des jeunes qui présentent des symptômes allergiques. La faute à qui, ou à quoi? Les parents, désemparés, invoquent pêle-mêle les particules fines du diesel, le dioxyde d'azote, les pollens, etc. Ce n'est pas faux. D'autant que certains bambins des grandes métropoles ont été longuement baladés dans des poussettes à hauteur de pots d'échappement. Ces mêmes gaz qui s'infiltrent dans les appartements, les bureaux, à l'intérieur des classes... 30% des enfants suivis lors d'une enquête réalisée par l'OMS étaient exposés à des niveaux de polluants atmosphériques supérieurs aux valeurs recommandées par l'Organisation. Avec, pour conséquence directe, une augmentation de l'asthme et des rhinites chez les enfants scolarisés, les plus à risques étant évidemment les enfants déjà allergiques. Une analyse plus fine des polluants en cause a montré sans surprise l'implication du dioxyde d'azote (N02) mais a surtout révélé la présence d'autres toxiques, redoutables, intérieurs ceux-là. Leur nom de famille – les aldéhydes – résonne comme celui d'une aimable peuplade grecque antique, à qui on confierait sa progéniture les yeux fermés. Et, pourtant, il faut s'en méfier comme de la peste. Le plus connu d'entre eux, le formaldéhyde – retenez bien ce nom, au premier abord il paraît imprononçable, mais avec un peu d'entraînement et en décomposant les cinq syllabes for-mal-dé-hy-de, on y parvient assez facilement –, est un gaz irritant et allergisant, y compris à faibles concentrations. C'est l'ennemi intérieur, un tueur silencieux qui s'infiltre absolument partout dans votre maison, votre appartement, votre bureau ou votre voiture. Aussi, l'on trouve du formaldéhyde dans les bois agglomérés, les colles synthétiques, les peintures, la fumée des cigarettes, des bougies, de l'encens, des cheminées, le parquet stratifié, la laine de roche et de verre, mais aussi les vernis, les mousses isolantes, les détergents, désinfectants, lingettes, insecticides, parfums d'intérieur, sprays assainissants, etc. D'abord considéré comme cancérigène possible pour l'homme, il a été ensuite classé comme «cancérigène certain» par le Centre international de recherche sur le cancer (Circ).