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La marche des nations contre le terrorisme
Tribune
Publié dans La Presse de Tunisie le 29 - 03 - 2015


Par Maître Med Laïd LADEB*
Si la politique est la science et l'art de réglementer les rapports entre groupes sociaux et entre ceux-ci et l'Etat, en tant que détenteur de la souveraineté et de son corollaire, la puissance publique, le terrorisme peut être défini comme un dérèglement général ou partiel, momentané ou de longue durée des rapports intergroupes sociaux, caractérisé par l'existence de la violence, de la gabegie et de la terreur.
Il va sans dire que le terrorisme, surtout avec ses allures actuelles, demeure l'une des tares les plus insupportables plus que la misère ou les fléaux naturels qui noircissent le front de l'humanité entière.
Alors que le fait de lutter contre le terrorisme et les terroristes était une affaire d'Etat, selon les régions et selon les époques, la lutte antiterroriste a pris, depuis le coup effroyable du 11 septembre 2001, un caractère planétaire.
Depuis le lâche attentat perpétré sur les intellectuels et des journalistes de Charlie Hebdo, en passant par les tristes événements perpétrés à Copenhague, en arrivant enfin à l'effroyable carnage commis sur des touristes au musée du Bardo le 18 mars 2015, le terrorisme n'est plus un phénomène sporadique, ponctuel, il est devenu général, continu et s'implante partout dans le monde : Etat-Unis, Europe, Japon, etc. Il a désormais une identité : le jihadisme islamique.
Définitions et anachronismes
Comme son nom l'indique, les différents adeptes de ce courant croient que la guerre sainte, qui veut dire jihad en arabe, n'est pas finie et que la lutte doit continuer contre toutes les formes de gouvernement et notamment la République, pour y réinstaurer le califat.
Les agents, les institutions de l'Etat civile ou militaire, nommés ou élus sont considérés par ces groupes comme des taghouts, des diables, et à ce seule titre ils doivent disparaître...
Il va sans dire que ces groupes baignent dans un anachronisme historique flagrant.
Depuis la chute de Grenade en Espagne, le jihad n'a plus aucun sens. Avec la Première Guerre mondiale et la dislocation de l'empire Ottoman et le partage du monde, tous les Etats vivent dans une entente de sécurité et de paix, l'idée de guerre sainte est devenue ahistorique. Elle ne vit que dans l'esprit de ces écervelés.
Un autre anachronisme de poids constitue le fervent moteur de ces groupes «terroristes» : l'espoir de reinstaurer le califat.
S'inspirant de certaines consignes données au Prophète Mohamed par l'intermédiaire au Coran et d'autres adressées à travers lui aux musulmans en vue de les inciter à «se consulter dans leurs affaires», certains penseurs et hommes politiques ont vite conclu que l'Islam est une «religion» et un «Etat» et par là même ils concluent à l'impossibilité de séparer le spirituel du temporel dans le monde islamique.
Une telle vision de l'Islam est défendue par la confrérie des Frères musulmans depuis le début du 20e siècle.
Et elle est adoptée par tous les partis religieux islamiques, qu'ils soient dans l'opposition ou au pouvoir.
Il n'est qu'à citer à titre d'exemple le parti Ennahdha et le parti Attahrir. L'ancien Premier ministre de la Troïka, Hamadi Jebali, s'est exclamé lors de la proclamation des résultats des élections de 2011 : «Enfin le VIe califat». Il s'est rétracté après, sous la pression des critiques et de la société civile et a déclaré qu'il ne s'agissait que d'un simple lapsus. Il ne savait pas ce que peut «contenir» un lapsus comme sens et significations.
Au début du gouvernement de la Troïka, Rached Ghannouchi, chef du parti Ennahdha, a déclaré que ces salafistes, devenus des jihadistes armés d'Ansar Echaria, tout en lui rappelant sa jeunesse, appelaient à une nouvelle culture.
Malheureusement, cette «culture» annoncée s'est avérée celle du sang et du meurtre.
En plus de ces deux anachronismes qui sont les deux pivots du jihadisme, il est bon de remarquer que les mouvements salafistes avec leurs appels au jihad ou à la guerre sainte s'infiltrent dans les milieux pauvres et nécessiteux, l'intégrisme et, après lui, le terrorisme exploitent la misère humaine à des fins politico-religieuses.
Après les douloureux événements du 7 janvier 2015, la France de M. François Hollande l'a bien saisi. Juste une semaine après l'attentat contre Charlie Hebdo, de nombreuses mesures ont été vite adoptées en vue de soulager les milieux populaires dans leur souffrance et permettre à la jeunesse franco-musulmane d'avoir les moyens de s'épanouir et de lui éviter ainsi de fréquenter les lieux où on sème le désespoir et le désarroi.
D'autres mesures très courageuses au niveau sécuritaire sont à saluer, notamment quant à la surveillance de l'internet et ses réseaux sociaux.
Mais pour être juste, il est à noter que ces groupes jihadistes ne sont que des filières de la nébuleuse Al Qaïda dont le chef n'est que le tristement célèbre Ben Laden. Cette organisation a été formée, entraînée et lourdement armée par les Etats-Unis d'Amérique lors de sa guerre contre les Russes en Afghanistan.
Les tristes événements du 11 septembre 2001 qui ont secoué tout le monde représentent le commencement d'une guerre menée par les terroristes à tous les Etats libres et qui n'a pas l'air de vouloir bien finir.
Pour une stratégie internationale contre le terrorisme
Face à cette macabre et terrible machine qu'est le terrorisme, l'union de toutes les forces vives, des partis et des organisations nationales au niveau de chaque nation et l'union sacrée de tous les peuples de la planète ne sont pas seulement souhaitées, elles sont une exigence.
La marche du 11 janvier 2015 présidée en France par le président François Hollande et suivie par plus d'un million de Français ayant à leur tête la plupart des dirigeants de la planète, celle qui aura lieu aujourd'hui dimanche 29 mars à Tunis, de Bab Saâdoun au musée du Bardo, et à laquelle de nombreux dirigeants participeront, dont notamment François Hollande, Mahmoud Abbas, le Premier ministre italien, le chef de l'Etat gabonais, représentent à juste titre de grands événements d'une partie humaine extraordinaire.
Elles représentent l'attachement des peuples de la planète entière aux beaux idéaux de l'amour, de la tolérance et de la liberté.
Elles constituent aussi un défi fracassant à tous les terroristes de tout acabit.
Les marches, les protestations aussi belles, aussi fortes qu'elles soient, ne suffisent plus. Le problème qui se pose actuellement à toute la planète se résume dans le célèbre vers de Shakespeare: «to be or not to be» (être ou ne pas être).
C'est la question fondamentale qui ne doit plus quitter les esprits des dirigeants de ce monde.
Pour brimer les groupes terroristes, les désarmer et ne leur laisser aucun champ d'action, deux idées essentielles doivent être entretenues et mises en œuvre au niveau international.
La première réside dans l'établissement d'un processus de codéveloppement harmonieux et équitable entre les nations. C'est la seule issue capable de faire face à la misère humaine, à la famine, aux épidémies et aux déséquilibres entre Etats pauvres et Etats riches. L'annulation totale des dettes des pays émergents, à l'instar de la Tunisie post-révolutionnaire, est un premier pas vers le soutien et la coopération interétatiques.
Aspect positif de la coexistence pacifique ou exécution d'une obligation morale de solidarité, l'aide des pays riches aux pays en développement est désormais une nécessité. Une aide généreuse, effective et salutaire. En aidant les Etats émergents à venir à bout du chômage des jeunes, les Etats riches (Europe et Etats-Unis d'Amérique) contribuent efficacement à l'éradication du terrorisme et de ses nébuleuses.
La deuxième idée réside dans une véritable réinstauration de la légalité internationale et la nécessité pour l'Occident d'adopter une nouvelle attitude dans ses rapports avec les pays en voie de développement et notamment les peuples en lutte pour leur terre et leur dignité. Il est grand temps pour l'Occident et les pays attachés à la paix, notamment la France, l'Italie et l'Allemagne, de saisir que la politique de deux poids et deux mesures poursuivie par certains Etats membres du Conseil de sécurité, notamment en Palestine, est contraire aux principes généraux du droit international et à l'équité. La Palestine occupée, la mosquée d'Al Aqsa encerclée et Al-Qods interdite aux musulmans forment un champ d'action pour les terroristes et suscitent la colère de tous les peuples arabo-islamiques.
Il est temps de faire plier Israël et le conduire à respecter la légalité internationale.
N'oubliez pas surtout, Messieurs les dirigeants du monde occidental, qu'on ne naît pas terroriste, on le devient.
Les Etats-Unis d'Amérique assument une grande partie de responsabilité dans le développement des nébuleuses terroristes, Al Qaïda et autres. Ils ont permis à l'Etat islamique de se déclarer, de se former et de conquérir presque tout l'Irak. Parce qu'ils ont conquis l'Irak en vue «d'imposer la démocratie» vers 1993, ils n'ont fait que semer les daechis, ces monstres sanguinaires et impitoyables. L'Occident est en train de jouer le même jeu pour la Syrie de Bachar Al Assad. Alors que sous Saddam Hussein en Irak, toutes les communautés religieuses vivaient en paix : sunnites, chiites, juifs et athées. Maintenant nous n'avons affaire qu'à des égorgeurs et des terroristes inhumains. Avant la soi-disant «révolution» du printemps arabe, la Syrie était un pays où toutes les communautés musulmanes, juives et chrétiennes évoluaient en paix. Maintenant, c'est le commencement du désastre.
Il est encore temps pour que l'Occident révise sa stratégie et son approche vis-à-vis de la Syrie de Bachar Al-Assad.
Les droits de l'Homme et la démocratie constituent une culture. Celle-ci ne s'impose pas par la force des armes. Elle s'acquiert par le dialogue et par les protestations pacifiques et les sit-in comme cela a été le cas pour la Tunisie de 2011.
A titre de conclusion et pour faire face au jihadisme et au terrorisme, il est souhaitable de dire que le salut du monde islamique n'est et ne sera pas dans un retour nostalgique toujours affirmé, mais jamais appliqué aux «sources» ou dans un passé idyllique qui reste à vérifier et qui ne fait que nourrir un certain sentiment d'autosatisfaction et de béatitude propre aux sociétés stagnantes(1).
Il n'est et ne sera que dans la libération de la pensée créatrice de l'homme en lui épargnant les carcans de tout totalitarisme religieux. Cette liberté de pensée ne sera véritablement effective que dans un Etat laïque où les forces politiques ne seraient pas amenées à recourir incessamment au phénomène religieux pour le brimer et l'avilir. Parce que comme l'affirme Nasr Hamed Abou Zeïd, «la théocratie est la plus abominable des dictatures parce qu'elle interprète toute forme d'opposition en termes d'athéisme et d'apostasie(2) .Il est plus qu'urgent de garder la religion loin des affaires de ce bas-monde.
* (Avocat à la cour de cassation et ancien assistant CREA de l'ENA)
Notes :
(1) Hichem Djaït : «La personnalité et le devenir arabo-musulman», Paris-Ed. Seuil, p.149.
(2) Nasr Hamed Abou Zeïd : «Les cercles de la peur. Pour une lecture du discours sur la femme», p.77 et ss.


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