Levée du gel des relations diplomatiques avec la Syrie La Libye sommée de ne pas utiliser l'espace aérien national pour les combats On négociera prochainement avec l'UE pour le statut de partenaire privilégié Le ministre des Affaires étrangères, Taïeb Baccouche, a affirmé que le gouvernement est en train de lever, progressivement, le gel des relations diplomatiques de la Tunisie avec la Syrie et la Libye. « Nous avons décidé de reprendre les activités consulaires à Tripoli et à Benghazi dans le dessein de préserver les intérêts des Tunisiens dont le nombre est estimé à 120 mille dans la région de l'Ouest et à 20 mille à l'Est », a-t-il ajouté lors d'un point de presse tenu hier, à La Kasbah, et consacré à l'annonce du programme du gouvernement pour la prochaine période. Il a indiqué qu'après l'installation de la mission consulaire dans la région de l'Ouest, la Tunisie s'attend à ce que le gouvernement libyen de l'Est, reconnu par la communauté internationale, assure la sécurité de la mission diplomatique tunisienne. Réponse favorable de Damas S'agissant de la Syrie, Baccouche a souligné la nécessité de mettre en place une représentation diplomatique dans ce pays pour protéger les intérêts de la communauté tunisienne. La Syrie, a-t-il ajouté, compte aussi des dizaines de détenus tunisiens ; 43 selon les autorités syriennes. « La partie syrienne a répondu favorablement à la demande de la Tunisie de reprendre les relations diplomatiques », a-t-il déclaré. « Nous allons rétablir, progressivement, les relations avec la Syrie et souhaitons la bienvenue à son ambassadeur », a-t-il dit. Sur un autre plan, le ministre a souligné que son département s'emploie, en coordination avec les ministères de l'Intérieur et de la Justice, à intensifier les efforts en vue d'empêcher l'enrôlement des Tunisiens et des Tunisiennes pour aller combattre en Syrie, en Libye et en Irak. « Nous allons tenter d'identifier les Tunisiens qui combattent dans ces pays en collaboration avec l'organisation internationale de police criminelle (Interpol), et à travers les canaux diplomatiques de ces trois pays (Libye, Syrie et Irak), mais aussi ceux de la Turquie, pays par lequel passent les Tunisiens pour se rendre en Syrie et en Irak », a-t-il indiqué. Il a ajouté que « la Tunisie avait informé la partie turque de la nécessité de prendre les mesures qui s'imposent en vue de lutter contre le terrorisme », a-t-il fait savoir, ajoutant que son département se penche, à présent, sur l'élaboration d'une stratégie nationale de lutte contre le terrorisme conforme aux standards internationaux, afin de l'exploiter dans le cadre de ses actions diplomatiques. Le ministre a, d'autre part, annoncé que la Tunisie a décidé d'évacuer ses ressortissants au Yémen face à la gravité de la situation sécuritaire dans ce pays. Il a indiqué que la Tunisie coordonne avec l'Arabie Saoudite et l'Algérie pour l'envoi d'un avion civil et le rapatriement des ressortissants. Le nombre des Tunisiens établis au Yémen est estimé à 50. Pas de viol de l'espace aérien Taïeb Baccouche a, en outre, affirmé que la Tunisie a averti le gouvernement installé à l'Est de la Libye de son refus de voir son espace aérien utilisé pour le combat. Le ministre a expliqué que cette mise en garde intervient suite à l'incursion, mercredi, d'un avion appartenant aux troupes du général Khalifa Haftar dans l'espace aérien tunisien. Il a indiqué avoir chargé le secrétaire d'Etat aux Affaires arabes et africaines de convoquer le chargé d'affaires du gouvernement de l'Est libyen pour lui réaffirmer le refus de la Tunisie de voir son espace aérien violé. Taïeb Baccouche a précisé que cet avion militaire, de type MiG-23 appartenant aux troupes du général Khalifa Haftar, était en route pour combattre « Fajr Libya » sur la frontière avec la Tunisie. Selon lui, cet avion n'avait pas l'intention de s'attaquer à la Tunisie. Il n'est, d'ailleurs, resté que quelques secondes avant qu'un avion de l'armée ne l'intercepte et ne le somme de quitter l'espace aérien tunisien, a-t-il ajouté. D'autre part, le ministre a présenté des précisions sur le drone qui avait, récemment, survolé le gouvernorat de Kasserine. «Il s'agit, a-t-il dit, d'une opération de renseignements en coopération avec l'Europe dans le cadre de la lutte contre le terrorisme ». Cet avion est, aussi, utilisé pour former les Tunisiens à l'utilisation de ce type d'appareils, a-t-il ajouté. Le porte-parole du ministère de la Défense nationale, le lieutenant-colonel Belhassan Oueslati, avait indiqué, mercredi soir, qu'un avion non identifié a fait une incursion de 4km dans l'espace aérien tunisien. Il volait à 3000m d'altitude et à une vitesse de 660 Km/h et n'avait aucun signe distinctif. Un avion de chasse de l'armée de l'air a intercepté cet appareil, avant de le sommer de quitter l'espace aérien tunisien, avait-il dit. « La Tunisie va entamer des négociations sérieuses avec l'Union européenne (UE) pour lui permettre de bénéficier de la plénitude des avantages du statut de partenaire privilégié », a annoncé, d'autre part, le ministre des Affaires étrangères, Taïeb Baccouche. « Ce statut permettra à la Tunisie de bénéficier de tous les privilèges d'un membre de l'UE sans y être adhérent », a-t-il expliqué lors d'une conférence de presse. « La Tunisie va, également, œuvrer à raffermir ses relations diplomatiques avec les pays qui entretiennent avec elle des rapports économiques développés », a-t-il ajouté. Ainsi, la Tunisie va doter les représentations diplomatiques dans ces pays de compétences économiques hautement qualifiées pour contribuer à drainer les investissements, attirer les touristes et renforcer les échanges culturels et éducatifs, a-t-il précisé. Elle va opter, également, pour le redéploiement de ses missions diplomatiques, le renforcement de sa représentation dans les pays scandinaves, africains et asiatiques et la mise en place de nouvelles missions dans d'autres pays, a-t-il encore dit. Par ailleurs, le ministre des Affaires étrangères a mis l'accent sur l'engagement de la Tunisie à développer sa diplomatie sécuritaire avec les pays concernés par le terrorisme dans les espaces arabe, européen et méditerranéen.