Le ministère du Tourisme annoncera demain, lors d'une rencontre avec les médias, sa stratégie de communication et son plan de relations publiques pour l'après-attentat du Bardo L'attaque terroriste contre le musée du Bardo, survenue le 18 mars dernier, n'a pas été sans impact sur le tourisme tunisien. C'est probablement le coup le plus dur depuis l'attentat de 2002 contre la synagogue de Djerba. Et quoi qu'on en dise ou qu'on essaye de minimiser, les chiffres sont là, et ils sont désormais en berne. Selon le président du Syndicat national des agents de voyages (Snav), Jean-Pierre Mas, « les réservations ont chuté de 60%, ce qui fait une baisse très forte du nombre de réservations de décisions de voyage en Tunisie et cela aura un impact très fort sur le tourisme en Tunisie». En effet, l'attentat sanglant du 18 mars dernier, au musée du Bardo, a donné un coup d'arrêt relativement brutal à l'évolution positive du tourisme français en Tunisie, pourtant bien démarré en début d'année. La saison touristique 2015 s'annonce difficile, voire très difficile. Et il ne faudrait surtout pas lésiner sur les moyens pour redresser la barre et promouvoir la Tunisie. Une promotion qui devrait renvoyer un message essentiel : « La Tunisie est prête à accueillir ses visiteurs en toute sécurité ». Un message déjà relayé par Taleb Refaï, secrétaire général de l'Organisation mondiale du tourisme (OMT) qui, lors de sa participation à la marche républicaine contre le terrorisme, avait promis d'apporter tout le soutien nécessaire pour relancer la destination Tunisie. Néanmoins, le tourisme tunisien ne doit pas s'arrêter là. Aujourd'hui, une vingtaine de jours après l'attentat, professionnels et administration du secteur sont tenus d'exploiter et de tirer profit de la vague de sympathie et de solidarité exprimée à l'égard de notre pays, après l'attentat terroriste. Et les responsables du tourisme n'ont pas failli à l'appel du secteur qui contribue à hauteur de plus de 7% au PIB et fait vivre plus d'un million de Tunisiens. Aussi, Selma Elloumi Rekik, ministre du tourisme, accompagnée des professionnels du tourisme et des cadres de l'Office national du tourisme tunisien (Ontt), a-t-elle entamé, le 7 avril, une visite de deux jours à Paris. Un déplacement qui a coïncidé avec la visite d'Etat effectuée par le président de la République en France. Redorer l'image de la destination Une visite de deux jours au cours de laquelle, la ministre accompagnée des deux présidents des corporations professionnelles, la Fédération tunisienne de l'hôtellerie (FTH), Radhouan Ben Salah, et le président de la Fédération tunisienne des agences de voyages (Ftav), Mohamed Ali Toumi fera de son mieux pour convaincre les touristes français en procédant à la promotion de l'image de la destination Tunisie. Une image qui s'est détériorée encore plus après l'attentat du Bardo. Il s'agira de rencontrer les décideurs des tour-opérateurs afin de les convaincre de maintenir leurs programmes vers la destination. Outre les TO, la délégation s'oriente également vers le Seto (Syndicat des Entreprises du Tour Operating français). Une mission des plus difficiles que la ministre aura à aborder et un défi pas des moindres à relever. Une mission d'autant plus délicate et sensible que Salma Elloumi Rekik vient de débarquer à la tête du département du tourisme avec un baptême du feu des plus incroyables. A peine ses fonctions prises que le Bardo, cœur touristique et historique du pays, est frappé par le plus violent des actes terroristes. Et, en dépit du choc, du débordement, du manque de coordination gouvernementale au niveau de la communication, la ministre a tenté d'être sur tous les fronts. Elle a été une des premières à se rendre au chevet des blessés, et à être présente à la levée de chaque dépouille des victimes. Elle a été, également, au tirage au sort de « l'Afribasket », l'évènement sportif phare en Afrique, dont l'organisation a failli échapper à la Tunisie. La présence de la ministre a été positive, puisqu'elle a lancé des messages afin de rassurer les visiteurs de la destination et surtout pour que la Tunisie abrite l'évènement sportif phare de l'Afrique. La ministre s'est engagée dans ce baptême du feu difficile sans maîtrise totale de son secteur et avec un adjoint qui lui-même ne maitrise pas les rouages du tourisme. Faut-il rappeler qu'Abdellatif Hmamam vient du Cepex ? Mieux encore, aucune passation n'a été organisée, puisqu'il n'y a pas encore eu de successeur. Sans compter que l'ancien DG du Cepex continue de gérer un lourd dossier, celui de la participation de la Tunisie à l'Exposition universelle de Milan, prévu au mois de mai prochain. « Rassurer, rassurer et encore rassurer » En attendant, la destination a atteint quelque 3.000 annulations de réservations. Sur le marché français, il n'y a plus de demandes pour la Tunisie et l'Italie a carrément suspendu la destination en attendant d'y voir plus clair. A cela s'ajoute la suspension par les organisateurs de croisières de leurs escales à Tunis et l'attitude des vacanciers qui, évidemment, dépendra de l'évolution de la situation dans le pays . Néanmoins, le président du Syndicat national des agents de voyages (Snav), Jean-Pierre Mas, demeure optimiste et réaliste à la fois, dans son message adressé aux clients français : « Il est important aujourd'hui, que la France exprime sa solidarité avec la Tunisie, comme le monde entier a exprimé sa solidarité avec la France, après les attentats de Charlie Hebdo. Cette expression de solidarité n'est autre que le soutien de la liberté contre la barbarie. Et cette solidarité ne peut s'exprimer qu'en prenant des vacances en Tunisie », a indiqué à la presse française Jean-Pierre Mas. A Paris, la délégation tunisienne est allée à la rencontre des grands patrons du tourisme, les TO, leur syndicat... Une action promotionnelle basée sur un lobbying pour essayer de convaincre les partenaires français de reprendre l'activité sur la Tunisie. Des TO dont la demande principale est de soutenir l'aérien afin de partager les risques. Certes c'est une solution à étudier du moment qu'elle a été déjà validée pour d'autres marchés dont ceux de l'Europe de l'Est, avant l'attentat avec une enveloppe de l'ordre de 2,5 MD sur le Fodec. Le soutien à l'aérien pourrait très bien être adopté par la Tunisie, mais il ne faut pas céder aux pressions des TO, précise une source, afin d'utiliser l'argent public à bon escient. Mais au-delà du soutien à l'aérien et du partage des risques, plusieurs connaisseurs du secteur sont convaincus que le message essentiel demeure celui de « rassurer ». A leur sens, communiquer autour de la sécurité est le meilleur moyen de re-séduire les touristes. Leurs arguments ? C'est ce qui a permis à l'Egypte de se relever, après les attentats de Louxor où le pays avait misé très fort sur la sécurité. Le tourisme est stratégique pour l'économie tunisienne. On assistait à une reprise sensible pour les mois à venir mais le tourisme n'a jamais réussi à retrouver son niveau d'avant janvier 2011. En attendant, le ministère a mis au point une stratégie de communication et un plan de relations publiques en temps de crise, qui sera annoncée demain.