«Au programme, une musique qui parle, enrichit les peuples et réchauffe l'âme, dédiée à tous ceux qui aiment la musique et qui aiment être unis par ses airs», promet, à sa première et brève apparition, la cantatrice italienne Giovanna Nocetti, en introduisant le concert de l'orchestre philharmonique italien, présenté, samedi soir, à l'espace culturel méditerranéen "El Karraka" à La Goulette. Un événement de taille et une première pour ce festival, qui cherche à s'ouvrir sur la musique symphonique et les chants lyriques, sachant que ce genre musical est enseigné dans les instituts de musique tunisiens et que notre pays regorge de richesses vocales de style lyrique, qui méritent d'être encouragées et, pourquoi pas, programmées dorénavant dans ce genre de festivals. En présence de M. Mohamed Imed Trabelsi, maire de La Goulette et président de l'Association de sauvegarde de cette ville, ainsi que de M. Ahmed Ameur, directeur du Festival de la Méditerranée de La Goulette, d'un grand nombre de représentants du corps diplomatique en Tunisie et d'hommes de culture, Elisabetta Maschio, chef d'orchestre a, de sa baguette, ouvert le bal avec Le Barbier de Séville, l'opéra le plus connu de Gioachino Rossini (1792-1868) et considéré comme le chef-d'œuvre de l'Opéra-Bouffe italien. Vêtue telle une panthère noire, élastique dans son push-pull comme un accordéon, la chef d'orchestre, qui a dirigé la première mondiale du Jugement dernier — Requiem de Verdi — à Cannes au Palais des festivals, a, à elle seule, offert une prestation unique en son genre. Phénoménale dans sa gestuelle raffinée et sa technique rigoureuse, elle a étonné par sa souplesse, son charisme sur scène, et sa grande habileté dans son jeu harmonieux, communicatif et bien synchronisé avec les musiciens et avec les voix qu'elle tenait à présenter à chaque va-et-vient apprécié, sous les ovations d'un public bien attentif. En soliste ou en duo, des choristes en voix soprano, ténor et mezzosoprano ont interprété de célèbres morceaux d'opéra et d'opérettes des répertoires, notamment de Giuseppe Verdi (1817-1901) dans Ah la Paterna mano, de Georges Bizet (1838-1875) dans da Carmen Habanera, L. Bard (1869-1959) dans Entrata di frou frou, C. Lombardo (1869-1959) dans da cin ci là et Franz Lehar (1870-1949) dans donne, donne eternei dei. Autant de morceaux qui n'ont pas laissé le public insensible, malgré les caprices de Dame nature sur les notes des musiciens délicatement raflées par le vent. «Le vent, ce soir, nous a caressés pour emmener notre musique, nos notes et nos voix, en dehors de ce lieu, n'est-ce pas agréable !» a, avec beaucoup d'humour, dit Giovanna avant d'interpréter des chansons italiennes à l'instar de celle de Nino Rota (1911-1979), un extrait du film "Amarcord" de Fellini ou encore la musique aimée par tous de G. de Curtis (1860-1926) «Torna a Surriento». Et en guise de bonus, Giovanna, très émue, a interprété, en un a capella, un court morceau d'une chanson napolitaine, dans une sorte d'un clin d'œil pour la ressemblance du timbre et des rythmes avec la musique arabe.