Pluralisme contre toute velléité dictatoriale Le paysage audiovisuel s'est enrichi de six nouvelles chaînes entre radios et télés privées. La Haica (Haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle) leur ayant octroyé, lundi dernier, des licences de diffusion, outre Al Janoubia, qui a, ainsi, régularisé sa situation juridique, cinq chaînes de radio ont obtenu le feu vert pour diffuser leurs programmes. Il s'agit de Horria-FM, Culture et musique (à Tunis), Nejma (à Sousse), Radio-Msaken, Syphax-FM et Radio-Diwane (à Sfax). Avec ces nouvelles autorisations, le nombre des médias audiovisuels s'élève ainsi à 53 chaînes entre radios et télévisions publiques, privées et associatives. Concernant les chaînes de télé, le nombre est désormais de 11 dont 2 publiques et 9 privées. Nous avons appris, par ailleurs, que la Haica aura à examiner vers la mi-mai un autre lot de demandes d'autorisation de diffusion. Il s'agit de quinze demandes en tout dont celles des chaînes de télé Tunisna-TV et Ezzitouna-TV pour la régularisation de leur situation juridique. A l'heure où des voix s'élèvent pour déplorer «les pressions venues d'en haut et de certains partis politiques» que subissent certaines rédactions des organes audiovisuels publics, le Snjt (Syndicat national des journalistes tunisiens) et la Haica ayant avoué avoir reçu des plaintes en ce sens, disons qu'il sera difficile de verser de nouveau dans la dictature. Car plus le paysage audiovisuel se développe en gagnant en nombre de chaînes, plus le pluralisme et la diversité d'opinions gagnent du terrain. La Haica, instance dont le rôle est de garantir la liberté d'expression et la régulation du secteur, a, pour sa part, contribué à favoriser l'autorégulation. A preuve, la disparition du paysage audiovisuel d'émissions de téléréalité qui suscite le voyeurisme et le nivellement par le bas en raison du traitement populiste usité. L'une des dernières émissions du genre, «Andimankollek» sur Ettounsia-TV, fera, la saison prochaine, ses adieux à ses fidèles téléspectateurs pour être remplacée par une autre, du genre «Ça se discute» dont le traitement est nettement plus judicieux, puisqu'on y fait appel à des sociologues, psychologues et autres. L'autre aspect positif de l'instance constitutionnelle qu'est la Haica, surtout au moment où l'on parle d'un changement à la tête des organes audiovisuels publics, c'est l'obligation pour le gouvernement de demander son avis conforme comme le stipule l'article 13 du décret 116. Voilà qui, normalement, éviterait toute confrontation entre le gouvernement et la Haica concernant d'éventuelles nouvelles nominations, mais outre la loi, l'implication de Kamel Jendoubi, ministre chargé des Relations avec les institutions constitutionnelles, et la société civile contribuerait également à éviter toute sorte de clash possible.