L'ONG n'a visiblement pas cherché à contacter l'administration de l'ARP pour savoir si les absences avaient des justifications crédibles Dans son rapport mensuel publié le 22 avril sur les activités de l'Assemblée des représentants du Peuple (ARP) pour le mois de mars, l'association Al-Bawsala, qui surveille de près l'assiduité et le sérieux des élus, dresse une liste des députés qui n'ont raté aucune séance plénière. Ils sont au nombre de 133 députés, soit 82% de l'hémicycle, ce qui est une bonne chose. Mais c'est un autre chiffre qui a attiré l'attention des journalistes. Il s'agit de six députés qui n'ont assisté à aucune séance plénière. En effet, Mohamed Ghanem (Afek Tounès), Kamel Dhaouadi (Nida Tounès), Imen Ben Mhamed (Ennahdha), Khawla Ben Aicha (Nida Tounès), Najia Ben Abdelhafidh (Nida Tounès) et Riadh Jaidane (Liste de l'appel des Tunisiens à l'étranger), ont brillé par leur absence tout au long du mois de mars. Les députés en question ont tout de suite été pointés du doigt et sommés par l'opinion publique de s'expliquer. Contactée par La Presse, la députée nahdhaouie Imen Ben M'hamed a déclaré que le rapport d'Al-Bawsala a été «injuste envers elle et probablement envers les cinq autres députés». Sentiment d'injustice «Le rapport relayé par les médias n'est ni objectif, ni responsable, a-t-elle déclaré. Ce qui est écrit dans le rapport est totalement faux, à la l'Assemblée constituante, j'étais parmi les rares élus à avoir eu une présence de 100% dans les séances plénières». Pour la nouvelle mandature, la députée affirme avoir été présente dans plus de 75% des séances plénières. Même sentiment d'injustice du côté de l'indépendant Riadh Jaidane qui explique dans un post sur son compte Facebook (vidéo à l'appui) qu'il suffit, pour les personnes qui ne suivent pas régulièrement ses activités, de consulter sa page FB pour constater qu'il intervient régulièrement lors des séances plénières. «Comme il est de notre devoir de participer activement au travail parlementaire, il est du devoir d'Al-Bawsala, des médias ou des forums sociaux qui ont relayé la publication de vérifier sérieusement de telles informations avant de les diffuser car la désinformation risque de tuer l'information et d'induire certaines personnes en erreur», a écrit le député. Alors qui a tort et qui a raison ? En fait personne n'a tort, c'est uniquement une question d'angle. Dans son rapport mensuel, l'organisation Al-Bawsala a ignoré les taux globaux de présence depuis le début du mandat parlementaire et s'est focalisée uniquement sur les séances plénières du mois de mars qui ont été au nombre de 3. Et ça ne s'arrête pas là. Al-Bawsala n'a visiblement pas cherché à contacter l'administration de l'ARP pour savoir si ces absences avaient des justifications crédibles. «Le travail des parlementaires ne se résume pas au travail entre les murs de l'Assemblée, explique Imen Ben M'hamed. Certains sont en mission parlementaire, d'autres doivent se déplacer dans leurs circonscriptions ». Elle ajoute que l'ensemble de ces absences ont été justifiées auprès de la présidence du Parlement. L'ONG peut mieux faire Riadh Jaidane, lui, a, semble-t-il, adressé un certificat d'hospitalisation les 5 et 6 mars à l'ARP. Des absences justifiées donc que l'association Al-Bawsala n'a pas prises en considération. D'ailleurs, après le déclenchement de la polémique, l'ONG s'est vu dans l'obligation d'avouer ces omissions sur sa page officielle en indiquant que les «taux ne prennent pas en considération les absences justifiées et qu'ils représentent la présence effective des députés». Ainsi, il s'avère que Mohamed Ghanem, par exemple, a assisté à près de 50% du total des séances plénières et à 100% des réunions de la commission dont il est membre. Les taux varient d'un député à un autre. Reste cependant un élu, presque indéfendable : Kamel Dhaouadi (Nida Tounès) qui n'a assisté qu'à 23% des séances plénières et il n'appartient à aucune commission.