L'artisanat ne peut se développer et prospérer que grâce à des prix abordables, sinon, ce sont les produits importés de Chine ou d'Inde qui envahiront le marché et se substitueront à notre artisanat national. Depuis le 24 avril et jusqu'au 3 mai se tient la 32e édition du Salon de la création artisanale au Palais de la foire du Kram, organisé par l'Office national de l'artisanat (ONA) en partenariat avec la Fédération nationale de l'artisanat (Fena). 25.000 m2 et plus de 800 exposants tunisiens dont 572 à l'espace commercial sont mis à la disposition des visiteurs pour découvrir les nouveautés et surtout faire leurs emplettes, c'est du moins ce qu'attendent les participants à la foire. Or, une visite aux différents stands de l'espace commercial montre que le commerce de l'artisanat bat de l'aile, et ce, pour des raisons multiples. L'affluence est plutôt moyenne du moins en semaine comme ce lundi à 15h00, où seuls quelques rares visiteurs se promènent dans les allées de la foire mais ne sont pas tentés d'acheter les produits qu'ils estiment assez chers. Des couffins à 70 dinars «Le week-end, la foire a drainé un grand nombre de gens, mais pas beaucoup d'acheteurs», fait remarquer un vendeur de tapis de Kairouan. «J'ai loué le stand à mille dinars, sans compter le transport de la marchandise de Kairouan à Tunis, et jusqu'à présent je n'ai rien vendu. Pourtant les autres années, j'ai réalisé de bonnes affaires», se plaint-il. Une autre exposante, venue de Nabeul, vend des couffins et des pochettes personnalisés réalisés à partir de fibres naturelles. Le couffin est à 70 dinars, tandis que la pochette est à 45 dinars. Elle déplore également le manque d'intérêt des visiteurs pour les produits artisanaux. «Ils regardent, touchent, mais n'achètent pas», martèle l'exposante. «Les prix pratiqués sont chers. Après tout, ce n'est qu'un couffin», indique une cliente. Même la poterie de Nabeul n'a plus les faveurs du public. Autrefois, les gens se bousculaient pour acquérir des plats et autres objets de décoration. Aujourd'hui, les stands sont presque vides. «La répartition des stands selon les spécialités a porté un coup fatal à nos produits. Le hall 1 est mieux exposé que le hall parallèle où on se trouve. Par ailleurs, la journée professionnelle B to B a réduit nos chances. C'est une journée de perdue», estime l'exposant qui a dépensé 1.500 dinars de location de l'espace et plus de 100 dinars de transport. Des visiteurs frileux Moins loties, les artisanes de Sejnane qui se sont déplacées à la foire du Kram pour liquider leurs produits, mais au vu des dépenses qu'elles ont effectuées dans la location des stands, le transport et la location d'une maison à Tunis pour leur hébergement lors de la durée de la foire, elles ne sont pas sûres de s'en tirer. «La foire de l'artisanat est une grande opportunité pour nous, malheureusement, cette année, les visiteurs sont frileux à cause, sans doute, de la baisse du pouvoir d'achat», souligne l'une des artisanes. Certains visiteurs sont satisfaits de la qualité des produits proposés : tissage, habit, bijoux, textiles, décoration, parfumerie et pâtisserie, mais relèvent avec déception les prix excessifs pratiqués par les artisans. L'artisanat ne peut se développer et prospérer que grâce à des prix abordables, sinon, ce sont les produits importés de Chine ou d'Inde qui envahiront le marché et se substitueront à notre artisanat national. A bon entendeur, salut !