L'association de la Foire internationale de Sfax organise du 15 au 25 décembre la 20e édition du salon des meubles et la 9e session du salon de l'artisanat. Au cœur de la ville de Sfax, à l'avenue Habib Bourguiba, le parc des expositions accueille ses visiteurs en ce samedi 17 décembre. Généralement, cette manifestation commerciale est très attendue par les Sfaxiens et surtout par les futurs mariés qui profitent des promotions offertes par les exposants. Le salon des meubles s'étend sur 5.000 m2 . Il connaît la participation de 50 exposants spécialisés dans le meuble, l'ameublement, les tapis, le décor, la ferronnerie artistique. Comme d'habitude, la majorité des futurs mariés sont venus accompagnés par les deux belles-mères. De longues discussions sur la qualité du bois, le modèle et surtout les prix sont ouvertes. «Les prix offerts sont des prix de foire. Ils sont moins élevés que ceux des produits exposés dans les shows room. Les chambres à coucher varient entre 2.500 et 3.000 dinars, les séjours de 1.300 à 1.500 dinars et les salons sont à 2 mille dinars. Nous acceptons le paiement par facilités en gardant les mêmes prix affichés pendant les jours du salon», explique Mme Kchaou, une exposante. Les prix varient d'un stand à l'autre. Juste à côté de l'espace réservé à Mme Kchaou, une autre marque propose des prix plus chers. «Notre entreprise est connue par ses modèles originaux. Chaque édition, nous présentons de nouvelles créations en matière de chambres à coucher, de salons et de salles à manger. Nous sommes présents dans les différents salons des meubles et nous faisons de bonnes recettes. Nos produits sont appréciés par les clients. Pour les jeunes couples, nous acceptons les facilités de paiement et nous faisons des réductions intéressantes», précise la gérante de la maison C.B. Ce rendez-vous constitue pour les futurs mariés une occasion pour choisir les meubles et les articles de décoration pour leurs maisons. Mohamed visite le salon avec sa fiancée et remarque : «Les créations proposées sont fascinantes mais sont chères. Pour un jeune fonctionnaire, une chambre à coucher à 3.000 dinars, un salon à 2.500 dinars et une salle à manger à 2.000 dinars sont assez coûteux. Ce qui m'énerve c'est que tous les exposants parlent de prix abordables à toutes les catégories sociales !». Quant à la 9e édition du salon de l'artisanat, la direction a réservé normalement deux salles pour l'exposition des produits artisanaux, mais on a remarqué qu'une de ces salles a été occupée par les exposants des meubles. Les visiteurs sont surpris par l'imperfection de certains produits exposés. D'après le communiqué de presse de l'association de la Foire internationale de Sfax, une panoplie de produits artisanaux seront exposés pendant le salon. Après une simple tournée auprès des stands, nous découvrons que seuls trois ou quatre stands, proposant des tapis, des margoums, de l'argile et des huiles essentielles, ont gardé l'aspect artisanal des produits offerts. Les autres, désormais, vendent des articles «importés». Normalement, le salon de l'artisanat est une manifestation qui permet aux artisans d'exposer et de commercialiser leurs créations et productions artisanales et de faire connaître le patrimoine national. Le constat est inquiétant lorsqu'on remarque la présence de produits non artisanaux dans un salon de l'artisanat ! Des produits non tunisiens comme les jilbebs, les jobbas, les couvre-lits, les foulards sont vendus pendant ces journées. Rencontré dans son stand, M. Noureddine Ben Hmida, un artisan de Houmt Essouk, exprime son inquiétude sur l'avenir du secteur. «Je participe pratiquement à tous les salons de l'artisanat. Nous proposons des margoums et des couvertures djerbiennes. Les produits artisanaux sont très appréciés par les Tunisiens. Mais, le secteur souffre d'un vrai problème. Il s'agit du manque de main-d'œuvre. Les jeunes refusent d'apprendre le métier. Ils préfèrent travailler dans une boutique ou dans un restaurant. Le secteur est soutenu grace à des gens âgés de cinquante ans et plus. Il faut chercher des solutions fiables pour attirer les jeunes vers les métiers artisanaux». Le stand de Mme Naima Abassi, une artisane de Feriana, a attiré l'attention des visiteurs. Elle propose des tapis berbères et tunisiens. Bien que les personnes rencontrées aient apprécié la production offerte, elles soulignent que les prix sont chers. Le tapis tunisien est vendu à 150 dinars le mètre. «Une artisane met entre deux et trois mois pour fabriquer un tapis. Elle est payée à 80 dinars le mètre. Il faut y ajouter le prix de la laine et du transport. De point de vue des artisans, le prix de vente n'est pas cher» Mme Naima dirige 11 centres de fabrication de tapis à Kasserine où travaillent une centaine de filles rurales. «Nous avons un vrai problème de main-d'œuvre. Les jeunes filles refusent d'apprendre le métier puisqu'elles ne sont pas bien payées. Elles préfèrent travailler dans une usine de confection de vêtement. Les encouragements manquent. L'Etat offre une subvention de 50 dinars par mois à l'artisane. Cette somme ne suffit pas pour faire face aux dépenses quotidiennes. Le secteur est menacé en l'absence d'une main-d'œuvre qualifiée ».