Le « dysfonctionnement actuel » qui caractérise l'action environnementale au sein des délégations spéciales tunisiennes, dont la ville de Nabeul, est dû à une « sectorialisation » accrue de l'action des autorités locales dans nos contrées. Si le président de l'Instance supérieure indépendante des élections (Isie), Chafik Sarsar, a jugé difficile la tenue des élections municipales au cours de l'année 2015, pour motif d'absence de lois les régissant, étant entendu que la mise en place d'un cadre législatif requiert beaucoup de temps, il n'a pas exclu l'éventualité de les tenir en 2016, sans pour autant avoir fixé une date précise. En dépit d'un tel flou dans le calendrier de l'Isie, plusieurs bureaux locaux de partis politiques ne sont pas restés les bras croisés pour agir pour le bien de leurs communes locales. C'est le cas du bureau local de Nabeul du parti Afek Tounès qui a organisé, hier, une conférence scientifique sur la situation environnementale de la ville de Nabeul et animée par Mme Houda Boufaïed Dhane, présidente l'Association tunisienne pour la protection de la nature et de l'environnement (Atpne) section de Korba et membre fondateur du réseau Randet. Pour une ville en bonne santé Or selon Mme Boufaïed Dhane, la ville a toujours été comparée à un corps humain qui a toutes les fonctions vitales. D'où l'emploi du terme « corps urbain » chez les urbanistes et architectes. « Les analogies sont établies entre sécurité et système immunitaire, zones vertes et appareil respiratoire (les jardins constituent les poumons de la ville), la circulation routière et la circulation sanguine (les rues sont dites artères, les embouteillages sont les embolies ...) et le tissu urbain est comparable au tissu cellulaire, etc. », a-t-elle souligné. Or pour qu'une ville soit en bonne santé, selon la présidente de la section de Korba de l'Atpne, il faudrait tenir compte de toutes ces fonctions.« Tout projet doit être élaboré dès le départ par une équipe multidisciplinaire (santé, environnement, architecte, sociologue, urbaniste, agronome...) et tenir compte des trois volets du développement durable: l'environnement, l'économie et le social, auxquels on ajoute le culturel», a-t-elle renchéri. Ainsi, selon Mme Boufaïed Dhane, le « dysfonctionnement actuel » qui caractérise l'action environnementale au sein des délégations spéciales tunisiennes, dont la ville de Nabeul, est dû à une « sectorialisation » accrue de l'action des autorités locales dans nos contrées où « chacun travaille seul sans concertation ni communication ». En revanche, pour ce qui est de la gestion des déchets dans la ville de Nabeul, Mme Boufaïed Dhane a, certes, souligné les efforts consentis par les différentes délégations spéciales durant ces 4 dernières années, mais cela reste insuffisant, selon elle, car les déchets ont tendance à s'amonceler en pleine ville offrant un spectacle désolant. Au moins 65 tonnes de déchets par jour « En général, il y a un minimum de 65 tonnes de déchets domestiques générés par jour sans compter les déchets verts et déchets de constructions. Ainsi, il y a beaucoup de travail qui reste à faire par les différents acteurs locaux entre citoyens et décideurs. Nos villes ont besoin d'un plan de sensibilisation s'appuyant sur la règle des 3 R (réduire, réutiliser et recycler), d'une bonne gestion locale et d'une bonne gouvernance (nouvelles lois...) », a-t-elle ajouté. D'autre part, toujours d'après l'activiste, pour le cas de la ville de Nabeul, outre le casse-tête de la gestion des déchets, trois autres volets présentent aussi des problèmes et nécessitent une prise de décisions participatives et durables: l'embellissement de la ville, la gestion de l'eau et surtout la gestion du littoral.« Certaines plages, dont celle de Nabeul-Plage, ont pratiquement disparu à cause d'un manque d'étude d'impact dans la réalisation de constructions ou projets dans le domaine maritime », a-t-elle déclaré. Enfin, pour parler de l'environnement à Nabeul ou dans n'importe quelle localité tunisienne, selon Mme. Houda Boufaïed Dhane, toute action locale ne pourra se faire que dans un contexte national et mondial, comme l'atteste l'expression « Penser global et agir local » de René Dubos lors du Sommet de l'environnement à Stockholm en 1972.