«Nous œuvrons pour que la Tunisie soit considérée comme une exception et bénéficie de plus de flexibilité» Au terme de sa visite à l'occasion de l'organisation en Tunisie du Forum de la jeunesse, la secrétaire d'Etat française au Développement et à la Francophonie, Annick Girardin, a tenu hier une conférence de presse à la résidence de l'ambassadeur de France (La Marsa). Elle est revenue sur les rencontres qu'elle a eues lors de son séjour, notamment avec le secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères, M'hamed Ezzine Chelaifa, et le ministre du Développement, de l'Investissement et de la Coopération internationale, Yassine Brahim. Comme tient à le préciser Annick Girardin, la France, «ami de la Tunisie», cherche avec ses partenaires tunisiens à mieux comprendre les besoins de la Tunisie pour mieux plaider sa cause auprès de l'Union européenne (UE) et des bailleurs de fonds internationaux à l'instar de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international, en les incitant à «plus de flexibilité» dans sa gestion du dossier tunisien. Conversion de 60 millions d'euros La France cherche notamment à être « l'ambassadeur » de la Tunisie auprès de l'UE pour considérer le pays comme « exception », sur une durée de deux ans. Elle a ajouté que la France va peser de tout son poids pour que la Tunisie soit présente au sommet du G7 qui se déroulera en Allemagne du 7 au 8 juin 2015. « Nous tenons à ce que la Tunisie reprenne le chemin du développement, et la France pourrait aider notamment à lutter contre les disparités et inégalités régionales », explique la secrétaire d'Etat. Elle rappelle par ailleurs que la France a converti 60 millions d'euros en projets d'investissement. Projets qui, selon Annick Girardin, iront en priorité vers le développement régional. La secrétaire d'Etat, qui s'est jointe au mouvement de soutien à la destination Tunisie (#Tunisiemoijyvais), a réaffirmé au cours de la conférence de presse la volonté de la France d'inciter ses concitoyens à choisir la Tunisie comme destination touristique car, dit-elle, «nous savons à quel point l'économie tunisienne compte sur le tourisme ». Alliance pour le climat La secrétaire d'Etat est également en Tunisie pour préparer ce que la France a baptisé « l'alliance de Paris pour le climat ». Paris espère qu'au terme du sommet, qui se tiendra du 30 novembre au 15 décembre 2015, qu'un accord sera signé et qui aura pour objectif de limiter (faute de stopper) le réchauffement climatique à 2 degrés. Si un accord est conclu, il va falloir aller chercher une enveloppe de 100 milliards de dollars pour financer une telle ambition. « Il faut que tout le monde y mette du sien », précise Annick Girardin qui admet que les « pays les plus vulnérables aujourd'hui sont ceux qui ont le moins pollué ». Et d'ajouter : «il faut bien être conscient que si on ne veut pas tout recommencer au bout de quelques années, les projets qui vont voir le jour en Tunisie doivent respecter l'environnement », précise la secrétaire d'Etat. Sur le dossier de la francophonie, Annick Girardin est contrainte de faire ce constat : «Le nombre de locuteurs français est en baisse». Mais selon elle, la francophonie se porte toujours aussi bien en Tunisie grâce aux efforts notamment de l'Institut français de coopération. Enseignement du français : il faut qu'il soit moins ringard et plus utile « Nous sommes appelés toutefois à plus d'actions sur la langue française dans les établissements publics, explique la secrétaire d'Etat. Il faut que le français devienne pour les jeunes moins ringard, et plus utile ». Utile bien évidemment dans un curriculum vitae et c'est pour cette raison qu'elle dit vouloir « pousser les entreprises françaises établies en Tunisie à privilégier dans le recrutement ceux qui auront fait le choix d'étudier la langue française ».