Le chef du gouvernement, Habib Essid, a indiqué que le gouvernement se penche, actuellement, sur l'élaboration d'une stratégie nationale globale pour organiser, structurer, réglementer et définir les domaines d'intervention, de financement et de gestion du secteur de l'économie sociale et solidaire. Intervenant, hier à Gammarth, à l'ouverture de la conférence nationale tripartite sur le thème «Economie sociale et solidaire: moteur de développement et d'emploi», Essid a annoncé la mise en place d'un programme global de formation et de mise à niveau des ressources humaines opérant dans ce secteur qui est basé sur des initiatives collectives d'investissement à travers une approche participative menée par les associations, les mutuelles et les coopératives. Le chef du gouvernement a précisé que l'économie sociale et solidaire favorise l'instauration d'un développement local et régional et valorise les ressources locales propres de manière à garantir un développement durable, à préserver l'environnement et à faciliter l'intégration socioéconomique des catégories démunies et à besoins spécifiques. Essid a fait savoir que le gouvernement a entamé la préparation de l'étape des grandes réformes et la définition des contours d'un nouveau modèle de développement pour le pays axé sur les secteurs et les activités à haute valeur ajoutée. Ce modèle, a-t-il fait savoir, donne la priorité à de nouveaux secteurs tels que l'économie sociale et solidaire comme étant un troisième secteur qui viendra s'ajouter aux secteurs public et privé. Le chef du gouvernement a salué les efforts déployés par le secteur privé dans l'impulsion de la croissance et la création d'opportunités d'emploi, mettant l'accent sur la volonté de renforcer ce secteur et de consolider son rôle dans la création de projets de développement à la faveur des dispositions prévues dans le nouveau code d'investissement qui sera bientôt soumis à un Conseil des ministres, a-t-il dit. 13 mille projets en 2015 «L'objectif du ministère de la Formation professionnelle et de l'Emploi pour l'année 2015 est de créer 13 mille projets d'économie sociale et solidaire auxquels une enveloppe de 60 millions de dinars du budget du département a été consacrée», a affirmé de son côté Zied Laâdhari, ministre de la Formation professionnelle et de l'Emploi. Il a ajouté que le ministère a entamé la mise en œuvre d'un nouveau programme d'incitation à la création d'entreprises solidaires, précisant que ce programme est réalisé, actuellement, en collaboration avec la Banque tunisienne de solidarité (BTS) et l'Agence nationale pour l'emploi et le travail indépendant (Aneti). Le ministre a passé en revue les initiatives menées par le ministère et financées par le Fonds national de l'emploi, citant notamment le programme d'appui aux initiatives locales et régionales de l'emploi en coordination avec les collectivités et les autorités locales et la société civile ainsi que la participation au projet de développement économique et le plan régional de création d'opportunités d'emploi décent pour les jeunes», financé par les Pays-Bas et réalisé dans trois gouvernorats en collaboration avec le bureau de l'Organisation internationale du travail (OIT) en Tunisie. Equilibre entre succès économique et justice sociale Quant au secrétaire général de l'Union générale tunisienne du travail (Ugtt), Hassine Abassi, il a estimé que l'économie sociale et solidaire constitue un des meilleurs moyens permettant de lutter contre la prolifération de l'économie parallèle et une voie vers son intégration dans l'emploi organisée de manière à garantir les conditions du travail décent, conformément aux engagements des trois partenaires de la production dans le contrat social signé le 14 janvier 2013. Abassi a ajouté que partant du fait que la dynamique du développement local est un moteur d'emploi, il s'avère nécessaire de créer des structures d'appui et d'encadrement des jeunes qui désirent s'organiser dans le cadre de l'économie sociale et solidaire qui offre des services dans des secteurs variés tels que la santé, l'enseignement, les loisirs, la culture, l'assurance, l'agriculture, le commerce et l'industrie. Abassi a fait remarquer que l'économie sociale et solidaire en tant qu'alternative de développement a prouvé son efficacité dans plusieurs pays dans la mesure où elle a, largement, contribué à résorber le chômage. Cette économie permet, a-t-il dit, de créer un équilibre entre le succès économique et la justice sociale. Il s'agit, a-t-il dit, de répondre à la mondialisation économique par une mondialisation sociale. Il a rappelé les recommandations de la conférence nationale organisée par l'Ugtt en janvier 2015 concernant cette alternative de développement. Ces recommandations, a-t-il dit, ont appelé, notamment, à donner à l'économie sociale et solidaire l'intérêt qu'elle mérite dans les programmes et les structures de l'Ugtt, à aider les travailleurs licenciés ou mis à la retraite anticipée, pour des difficultés financières de l'entreprise, à créer des mutuelles de production ou de services et à assister les promoteurs de projet dans le domaine de l'économie sociale et solidaire. Agriculture : un créneau porteur La présidente de l'Union tunisienne de l'industrie, du commerce et de l'artisanat (Utica), Wided Bouchamaoui, a appelé, pour sa part, à mettre en place un cadre juridique qui organise la création des entreprises d'économie sociale en Tunisie et définit leur mode de gestion. Bouchamaoui a considéré que la facilitation de l'accès au financement constitue l'un des facteurs de réussite de l'économie sociale, souvent liée à la microfinance, a-t-elle dit. Bouchamaoui a ajouté que l'agriculture compte parmi les principaux secteurs qui contribuent au développement de l'économie sociale. Elle a, notamment, cité l'exemple des coopératives qui œuvrent, selon Bouchamaoui, à améliorer les conditions de travail et à promouvoir la productivité. L'importance du secteur de l'agriculture ne doit cependant pas, selon la présidente de l'organisation patronale, occulter d'autres possibilités de développement des entreprises d'économie sociale tels les secteurs de l'artisanat, des services et des métiers de proximité. Elle a, d'autre part, fait remarquer qu'en dépit de la réussite de quelques formes classiques de l'économie sociale en Tunisie, à l'instar des coopératives et des mutuelles, ces expériences demeurent infructueuses. Elle a, à cet égard, cité l'exemple des coopératives qui, estime-t-elle, vont à l'encontre du droit de la propriété, un des droits fondamentaux de l'homme. Il importe, a-t-elle dit, de considérer l'économie sociale comme un troisième secteur qui vient s'ajouter aux secteurs public et privé.