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Des ayatollahs et des djihadistes israéliens
Publié dans Leaders le 26 - 07 - 2014

A l'heure où les cadavres de Palestiniens jonchent les rues d'El Chajaiya et de Kouzaa (cette dernière coupée depuis trois jours de tout contact avec l'extérieur pour cacher un massacre ?) et que la soldatesque sioniste tire sur les ambulances, au moment même où l'admirable médecin danois le Pr Mads Gilbert (Université de Tromso) invite le Président Obama à passer une nuit à l'hôpital Shifa de Gaza, « s'il a un cœur », le rabbin Dov Lior a émis une «fatwa» qui assure que « des mesures de dissuasion en vue d'exterminer l'ennemi sont permises dans certains cas. »
Ce « saint » homme - qui a une foule d'admirateurs en Israël - est le chef des religieux de Cisjordanie (pour lui Judée-Samarie biblique) - est le guide de la colonie de Kiryat Arba, située à 15km d'Hébron, et qui compte un peu plus de 7000 fanatiques. Ces derniers empoisonnent - littéralement avec leurs excréments - la vie de milliers de Palestiniens de la région. Ce rabbin né à Wroclaw, en Pologne, en 1933, est un affreux extrémiste qui a cloué au pilori Yitzhak Rabin avant son assassinat et qui voue une admiration sans bornes au Dr Baruch Goldstein qui a tué 29 Palestiniens, en février 1994, alors qu'ils accomplissaient la prière du Sobh au Haram al Ibrahimi (Caveau des Patriarches) à Hébron.

Chaïm Levinson écrit dans le quotidien israélien Haaretz (24 juillet 2014) que Dov Lior « autorise la destruction totale de Gaza si les chefs militaires le jugent nécessaire. » Dans sa « fatwa », Dov Lior assure que la Torah enseigne aux Juifs ce qu'il faut faire en temps de guerre. « Donc, en période d'hostilité, la nation attaquée est autorisée à punir la population ennemie en utilisant toutes les mesures qu'elle juge appropriées comme empêcher la livraison de provisions ou d'électricité. Elle peut bombarder toute la région en vertu des décisions du ministre de la guerre mais ne doit pas mettre en danger de manière injustifiée la vie des soldats. Le ministre de la Défense, écrit ce rabbin, peut même ordonner la destruction de Gaza pour mettre fin aux souffrances du sud [d'Israël] et éviter des malheurs aux membres de notre peuple qui souffrent depuis longtemps par la faute des ennemis qui nous entourent. »

Suite aux déclarations de ce chef religieux adulé par de nombreux partisans, le parti de gauche Meretz a demandé au Procureur Général des poursuites pour ces propos racistes.
Rabbins fanatisés et universitaires dévoyés
Cet appel du Meretz n'a probablement aucune chance d'être entendu. Dov Lior a légitimé, à plusieurs reprises, comme ses maîtres à penser et les rabbins qui l'ont formé, l'assassinat de non-juifs. Il interdit d'employer des Arabes (Lior nie l'existence des Palestiniens –comme Golda Mayer- et le mot de Palestinien lui écorche donc la bouche) ou de leur louer un bien immobilier. Il interdit également l'insémination par un sperme de non-juif - même en dernier recours - car « les traits génétiques négatifs du non-juif caractériseront l'enfant à naître» et soutient que « le sperme des Gentils donne naissance à une progéniture barbare. » Il n'a jamais été poursuivi et il ne se rend jamais aux convocations de la police… qui se rend, elle, chez lui pour l'interroger… sans plus !

Sans être particulièrement versé dans les textes bibliques, on peut rappeler à ce vieillard sénile, raciste et sas cœur que le prophète Samuel disait « Ce n'est pas la force qui fait le vainqueur » tout comme le prophète Zacharie qui enseignait : « Ni par la force ni par l'armée mais par l'esprit ». Apparemment, c'est bien « l'esprit » qui manque à l'ayatollah – pardon – au rabbin Dov Lior !

Mais, en Israël, si certains rabbins incitent à assassiner des Palestiniens, des professeurs d'Université, « spécialistes » de la langue et de « la mentalité » » arabes, appellent de leur côté à « utiliser le viol comme arme de dissuasion contre le terrorisme ». Et donc à commettre un acte odieux, un crime de guerre ! Ainsi, le Pr Mordechai Kedar, de l'Université Bar-Ilan, expliquait doctement à la radio israélienne, le 1er juillet 2014, que « la seule chose qui puisse dissuader les terroristes d'enlever des enfants et de les tuer est de savoir que leur sœur ou leur mère sera violée s'ils passent à l'acte. On doit comprendre la culture dans laquelle on vit… L'auteur d'un attentat suicide ne mettra pas à exécution son geste pour préserver l'honneur de sa sœur. » Ce chercheur au Centre Begin-Sadate d'Etudes Stratégiques a été aussi le président de l'organisation « Israël Academia Monitor » dont le but est de « dénoncer les universitaires israéliens qui exploitent la liberté académique pour nier à Israël son droit à exister en tant qu'Etat juif. » (Or Kashti, Haaretz, 22 juillet 2014).

En fait, cette organisation fait la chasse aux professeurs de gauche… à l'instar du sénateur McCarthy – Président au Sénat de la Commission des Activités anti-américaines - qui, lors de la Guerre Froide, cherchait dans les universités les ennemis de l'Amérique et les communistes pour les traîner devant sa Commission. (Cf notre ouvrage « Linus Pauling, l'Einstein de la chimie », Belin-Pour la Science, éditeur, Paris, 2002). L'Université défend quand même cet homme en ces termes : « Le Dr Kedar ne fait que décrire l'amère réalité du Moyen-Orient et l'incapacité d'un pays moderne, libéral et respectueux de la loi à combattre les attentats suicides. »

« L'amère réalité du Moyen-Orient » ! Israël, ce petit paradis sur terre, est un havre de paix entouré de sauvages ! Un pays si civilisé qu'il assassine de sang froid un enfant palestinien tous les deux jours et fait tirer ses tanks contre les écoles où se sont réfugiés les pauvres Gazaouis, contre les hôpitaux et les mosquées. « Un pays civilisé » que la Commission des droits de l'homme de l'ONU accuse de crimes de guerre ! Un pays où l'on respecte le droit – mais pas envers les Palestiniens- mais qui ne s'est jamais plié à une résolution du Conseil de Sécurité !

On notera que la radio israélienne, qui a diffusé les odieux propos de Kedar, refuse à l'ONG israélienne B'Tselem un spot publicitaire qui énumère les noms et l'âge des 124 enfants palestiniens de moins de 15 ans tués depuis le début des frappes israéliennes sur Gaza le 8 juillet dernier. Pour le porte-parole de cet ONG, Sarit Michaeli, ce refus est « un moyen de taire le débat public dans la société israélienne sur le terrible bilan de morts civils à Gaza.» A l'heure où le cap de 800 morts est franchi à Gaza, « les médias israéliens évitent de diffuser autre chose que leurs propres chiffres, très souvent en rejetant la responsabilité de ces morts sur le Hamas » estime B'Tselem qui diffuse sur Internet cette liste censurée par les médias israéliens (Site du Figaro, 24 juillet 2014). Ces derniers refusent de donner des visages et des noms aux victimes de la « vaillante » armée israélienne qui accumule « les victoires » contre une population sans armes, sans bombes à fragmentation ni sans phosphore blanc.

En fait, Dov Lior et Mordechaï Kedar ne sont que des faces hideuses typiques du sionisme.
«Djihadistes » pour Israël
Dans le New York Times du 21 juillet 2014, Ian Lovett et David Montgomery nous parlent de deux jeunes Américains tués à Gaza, dimanche 20 juillet 2014, avec 11 autres soldats de l'armée israélienne. Max Steinberg, 24 ans, « était un boy américain typique » de Californie écrivent-ils. Il servait comme tireur d'élite en Israël. Il fut tué lorsque son véhicule entra en collision avec une voiture piégée à Gaza. Il avait visité Israël en 2012 et « ce fut le coup de foudre », révèle sa sœur. Ce voyage était organisé par Birthright (Le droit de naissance), une organisation qui paie le voyage pour les jeunes Américains – en fait une officine de recrutement pour l'armée israélienne.

Après des études secondaires, ce garçon complexé par sa petite taille traîna sans but deux années durant et vécut des petits boulots. En Israël, il fit tout son possible pour être admis dans la Brigade Golani. Pour certains de ses proches, « l'armée lui sauva au final la vie » en lui donnant un but mais pour d'autres, Birthright a décidé de sa vie. Elle le recruta pour l'armée, lui qui voulait échapper aux dangers de Los Angeles, à ses crimes et à ses drogues. «J'ai été très étonné de le voir endosser l'uniforme » confie son ami Derakhsan au Haaretz.

Or, autant Steinberg était un garçon sans attache avec Israël mais pris dans la nasse de Birthright qui lui lava le cerveau, autant les attaches familiales du second Américain tué à Gaza, Nissim Sean Carmeli, 21 ans, originaire du Texas le prédisposaient à aller en Israël. En effet, ses parents, partis d'abord en Israël, en revinrent voilà trente ans avant d'y retourner à nouveau. Max Steinberg fut élevé à South Padre Island dans un milieu juif de stricte observance et fréquenta assidument, aux Etats Unis, des camps d'embrigadement en été et durant les vacances. Il fit partie aussi de la Brigade Golani dont le commandant, le druze Raslan Alian, a été gravement blessé à Gaza et se déplace maintenant en fauteuil roulant.

Comme Max Steinberg, Jordan Bensemhoun, 22 ans, né à Vénissieux dans la banlieue lyonnaise, tué à Gaza par un missile anti-tank, est un « cavalier seul » (Hayal Boded en hébreu). Dans la terminologie de l'armée israélienne, il s'agit d'un soldat qui n'a pas d'attaches en Israël. On en compte 1100 d'après le New York Times. Lorsqu'il apprit son décès, le rabbin Meir Cohen, de la synagogue Shaarei Tsedek à Lyon, appela immédiatement la communauté juive à venir prier et discuter de « la situation actuelle », d'après Shiri Sitbon (Haaretz, 24 juillet 2014). Pour Meir Cohen, ce soldat israélien parti en 2008, est « l'enfant idéal. Pour nous, ce jeune homme était une partie de l'armée israélienne, et il était un symbole et une image de cette armée israélienne : une armée honnête. Il est parti alors qu'il n'était qu'un enfant. Souvent, quand les gens prennent des décisions quand ils sont jeunes, c'est qu'ils sentent qu'ils ont une mission à accomplir… Maintenant Jordan a rempli sa mission jusqu'au paradis. Nous n'avons d'autres choix que de croire qu'il est déjà au paradis. Il a eu le courage de protéger ses frères, de défendre la vérité » conclut le rabbin Cohen.
Que dire après cet éloge funèbre du rabbin Cohen de Lyon?
Conseiller peut- être de lire « La France malade du conflit israélo-palestinien » de Pascal Boniface ?
L'éditorial du New York Times (24 juillet 2014) – injuste vis-à-vis des Palestiniens - affirme néanmoins que la guerre « crée plus de haine et même un plus grand désir de vengeance. Elle assure que le cycle de violence se répétera….. Le temps est plus que venu pour un cessez-le feu immédiat et pour une stratégie politique qui offre l'espoir d'un avenir plus stable à la fois pour les Palestiniens et pour les Israéliens. »

Aux discours de haine et de mensonges de Lior, Kedar et Cohen, on nous permettra de préférer celui de Mme le rabbin Alissa Wise de l'organisation américaine « Jewish Voice for Peace » (Voix Juive pour la Paix) qui écrit aujourd'hui 25 juillet 2014 : « Nous refusons de permettre au racisme et à la cruauté de sévir sans être réprimé. Nous refusons d'effacer de nos esprits ceux qui ont été tués. Nous refusons de demeurer des spectateurs. Nous refusons d'arrêter et de nous taire avant que la violence et l'occupation ne cessent. Nous refusons de perdre espoir. »

M-L. B

Tags : Mohamed Larbi Bouguerra Gaza


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