Le président Caïd Essebsi est rentré « écœuré » de sa visite inopinée, vendredi matin au marché populaire de Beb El Fella. « De ma vie, je n'ai jamais vu autant de misère et d'immondices aux portes de Tunis », aurait-il confié à des proches. A l'orée du Ramadan, le chef de l'Etat avait souhaité se rendre dans un marché populaire, comme il l'avait fait lors de la campagne électorale, à Halfaouine, le 28 novembre 2014. Cette fois, la situation est « désastreuse ». A Halfaouine, l'espace est plus ouvert, le quartier plus agréable et plus animé, les coupoles de la mosquée Mohamed Bey El Mouradi ajoutaient une note patrimoniale. Alors que Bab El Fella est plus encombré, avec aux abords les squats d'étalages à la sauvette. Les conseillers de BCE lui auraient proposé d'autres marchés « un peu plus chics », mais le président a tenu à se rendre à Beb El Fella, le plus populaire et censé être le moins cher. Sa surprise fut grande au vu des prix affichés, de la saleté, et de la détresse des consommateurs. « Comment pourrais-je remplir mon couffin avec dix dinars ?», se plaint une ménagère. Compatissant, Caïd Essebsi lui fait part de sa compréhension, même s'il ajoute : « Je comprends. Mais, vous devez vous estimer heureuse, par rapport à ceux qui sont totalement démunis. »
Enthousiasmé par sa rencontre surprise avec Béji Caïd Essebsi, un sexagénaire, étouffe sa misère et lui lance : « Hamdoullah, ça va mieux ! » La réponse fut prompte : « Comment ça va mieux avec tout ce je vois ? Je ne peux rester insensible à tout cela ! » Un autre chef de famille lui dit « Rabby Yehhik, Sidi Erraies ! ». « Yhheni louèche, lui répondra-t-il, si je suis impuissant face à tout cela et incapable de vous être utile. » Caïd Essebsi poussera sa visite au dispensaire local. « Lamentable ! » lâchera-t-il, tant la propreté y fait totalement défaut. « On y entre pour une piqûre, mais on en sort malade ! »
