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Tunisie: Quelques orientations pour renouer avec la croissance
Publié dans Leaders le 03 - 05 - 2019

Une croissance forte repose sur un taux d'investissement durablement élevé. Or, il ne faut pas espérer un renversement de la tendance avec un niveau d'investissement du secteur privé (hors logement) ne dépassant pas 8% du PIB. Ce qui freine aujourd'hui l'investissement et par ricochet la croissance en Tunisie c'est d'abord l'insuffisance des ressources d'épargne comme nous l'avons montré lors de notre précédent focus, mais c'est également le manque de perspectives à long terme, perspectives technologiques et économiques certes, mais au-delà sociales et politiques. Pour qu'une économie fonctionne convenablement et atteigne un niveau d'emploi élevé, il faut plusieurs conditions: une bonne productivité, un arbitre faisant respecter les règles du jeu et un consensus en faveur de l'investissement et de l'innovation. Le gouvernement issu des urnes quel qu'il soit, devra agir sur ces leviers, dans le cadre du nouveau plan de développement 2020-2025.
Comment la Tunisie pourrait améliorer sa trajectoire de croissance ? Quels sont les composantes stratégiques de ce processus de croissance ?
Pour répondre à ces questions, il y a lieu d'actionner quatre grands leviers.
Le premier est celui du progrès technique, c'est-à-dire les nouveaux produits et processus de production ainsi que les changements organisationnels et sectoriels, sans oublier l'investissement et l'augmentation du capital.
Le deuxième concerne l'amélioration des ressources humaines, qui pourrait bien être le facteur de croissance le plus important dans une société moderne de l'information.
Le troisième levier concerne la suppression des obstacles actuels à la croissance, c'est-à-dire des inefficacités et dispositifs institutionnels limitant le potentiel de production. L'accumulation des textes et mesures juridiques et administratives en est l'exemple le plus frappant.
Le quatrième et dernier levier repose sur l'ouverture à la concurrence qui devrait stimuler les performances.
Partant, il y a lieu de créer un environnement économique favorisant l'invention, l'innovation et l'investissement. Il faut également soutenir l'évolution technologique comme processus endogène de l'économie. L'entrepreneur, joue à cet égard un rôle décisif. Il prend des risques et invente de nouvelles combinaisons des facteurs de production. Pour créer plus de richesse et de croissance, nous avons besoin davantage d'entrepreneurs dans tous les secteurs et particulièrement les plus innovants. Heureusement nous ne manquons pas de compétences mais nous manquons de cadres règlementaires incitatifs.
Dans les industries nouvelles comme dans les secteurs traditionnels, il est indispensable de faciliter l'accès aux marchés afin de stimuler le dynamisme économique. Ceci est particulièrement important dans les nouveaux domaines comme la pharmacie, la biotechnologie etc. Autre condition préalable: l'accès au financement sur le marché du capital-risque en contournant les contraintes imposées par les banques comme seuls intermédiaires financiers. Certes, le capital développement a été, ces deux dernières décennies, à l'origine de nombreux projets et partant à l'origine de la création de nombreux emplois.
Cependant, il reste à en améliorer le cadre juridique et fiscal pour lui donner sa véritable place.
Par ailleurs, nous devons améliorer notre système de formation du capital humain étant donné que ce dernier est un déterminant majeur de la croissance économique. Le système fiscal ne doit pas défavoriser l'accumulation du capital humain par rapport au capital physique. Il ne suffit pas de baisser l'impôt sur les sociétés. Il faut également prendre en considération les taux des autres prélèvements obligatoires (cotisations sociales….), qui paraissent eux aussi élevés et pénalisent le travail. Il faut aussi les baisser.
Les structures de formation du capital humain sont déterminantes pour toute stratégie de croissance. Il convient de s'assurer de l'efficacité des systèmes scolaires primaire et secondaire. Au niveau de l'enseignement supérieur, la future élite de notre pays est malheureusement formée à l'étranger. La raison en est simple. Notre système universitaire est rigide et inefficace. Il faut ouvrir ce système à la concurrence. Aux universités de se disputer les meilleurs enseignants-chercheurs et étudiants, aux étudiants de se disputer les meilleures universités. Il y a lieu d'utiliser tous les talents qu'offre la société, à ouvrir le système éducatif à toutes les compétences… et à ne pas favoriser ceux des familles qui ont le plus de moyens.
Pour libérer les moteurs de la croissance, il convient d'en desserrer les freins. Le plus important est la rigidité administrative et juridique. Nous devons nous en affranchir. Nos institutions fonctionnent mal. Il est important de repenser l'organisation administrative dans notre pays. Assurons-nous que toutes les réglementations défavorables à l'investissement soient changées. Abolissons toutes les barrières à l'entrée. Ne protégeons pas les entreprises en place si cette protection empêche le développement du secteur. Laissons davantage la formation des prix au jeu du marché. Libérons les énergies en abolissant la formation de la rente.
Il faut également s'en remettre à la concurrence et à une économie ouverte pour trouver des solutions et bousculer le statu quo. La concurrence forge des économies solides, pousse les entreprises à se servir de leur invention pour réduire les coûts et créer de nouveaux produits. La concurrence s'est révélée être un processus de découverte de solutions plus efficaces. Elle favorisera une économie solide à long terme.
Enfin, l'équité ne peut plus être envisagée comme une notion statique et figée. L'idée de l'équité de la distribution des revenus doit être pensée dans un contexte dynamique, sans trop mettre l'accent sur l'équité à court terme. Le plus important est que les moins favorisés aient des chances d'accroitre leurs revenus dans les cinq prochaines années. Bien évidemment cela doit se faire une fois que l'Etat aura joué son rôle primitif, l'abolition de la pauvreté dans ce pays. Nous devrions adopter une approche de long terme de l'égalité et de l'équité sociale. La croissance doit être inclusive. L'objectif politique consiste à développer une situation de gagnant-gagnant permettant une large diffusion des bénéfices.
Au final, il ne s'agit pas là de solutions toutes faites mais simplement de pistes de réflexions sur lesquelles nous devons nous pencher. Contrairement aux idées reçues, le peuple tunisien ne demande pas de l'assistance mais simplement qu'on libère son potentiel créatif et sa force de production.
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M. Zouhair El Kadhi, Directeur général de l'ITCEQ
M. Férid Ben Brahim, Directeur général de l'AFC


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