Les membres de la communauté tunisienne à Bamako sont tous sains et saufs, a affirmé à Leaders, l'ambassadeur de Tunisie au Mali, Khemais Mestiri, à la suite du coup d'Etat déposant le président malien Ibrahim Boubacar Keita (IBK). Forte d'une centaine de ressortissants, dont la moitié a été évacuée suite à la pandémie du Covid-19, elle a été immédiatement invitée à faire preuve de prudence et s'abstenir de tout déplacement en ville, sauf nécessité impérieuse. Aussi, l'ambassadeur Mestiri et son équipe, ont gardé leurs lignes téléphoniques ouvertes pour répondre à tout appel. La communauté tunisienne au Mali est formée essentiellement de coopérants, experts internationaux et d'officiers affectés au sein de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA). Un système politique corrompu, vivement dénoncé et de graves problèmes économiques et sociaux Une mutinerie au sein de l'armée, prévisible depuis ces derniers jours, après la multiplication des mouvements populaires de protestation, s'est transformée mardi 18 août en coup d'Etat. Au pouvoir depuis 2013, le président Ibrahim Boubacar Keita s'est finalement résolu à annoncer sa démission, vers minuit. Il a été mis aux arrêts ainsi que nombre de ses proches, dans une caserne militaire non-loin de la capitale. Un « comité national pour le salut du peuple, regroupant diverses forces patriotiques », s'est proclamé d'office aux commandes du pays. Son porte-parole des militaires, le colonel-major Ismaël Wagué, chef d'état-major adjoint de l'armée de l'air, a appelé les « forces socio-politiques » à rejoindre le comité et œuvrer pour la création des meilleures conditions d'une transition politique civile conduisant à des élections générales crédibles pour l'exercice démocratique à travers une feuille de route qui jettera les bases d'un Mali nouveau. » « Tout un système oligarchique corrompu est à démanteler revendique fortement le peuple malien appauvri et à la peine » relèvent des observateurs étrangers. De nombreuses voix s'élèvent dans des capitales africaines et occidentales appellent au respect de la légalité constitutionnelle au Mali et à la libération du président Ibrahim Boubacar Keita. Aussi, le conseil de Sécurité de l'ONU examinera lors de sa réunion de ce mercredi à New York la situation au Mali. De premières ondes de choc « Ce n'est que le début d'une série de changements profonds qui se déclenche dans la région, prévient un expert en géopolitique, contacté par Leaders. Il s'agit là de résonances directes de ce qui se passe en Libye et de nouveaux équilibres de forces qui s'y installent. Un traitement isolé du cas malien n'épargnera le reste des pays limitrophes. Se limiter aux aspects terroristes, sans apporter un début de réponse à la gravité de la situation économique et financière, l'accroissement du chômage, la multiplication de la criminalité et le rebond de la pandémie sanitaire, risque d'être périlleux. »