Si au moins, les cœurs étaient de pierre Gais et légers on traverserait Les orages, les torrents et les rivières... Des vieilles pierres de la terre, L'on voit sourdre l'eau Et jaillir de clairs ruisseaux... De crainte et de ferveur, Elles s'affaissent devant Le Créateur. Les pierres des cieux dansent Dans la sérénité et le silence Légères, lentes, aguichantes... Elles valsent, rient et chantent Elles s'unissent et enfantent Des étoiles éclatantes Et des mondes dorés, meilleurs. Si on avait un cœur de pierre Ferait-on de Gaza un tel cimetière ? Mais les humains les plus malins Ont un cœur d'airain. Abel mort de la main de Caïn... Piètre passé et sales lendemains... Qu'a-t-on fait à Gaza ? Que n'a-t-on pas fait à Gaza ? Les mignons de Cro-Magnon Plantent leurs crocs dans la chair et les os... Lancés par Ibliss, Les chiens dévorent avec délice Les derniers bébés et fœtus... On rote et la vie l'on ôte Emportant dans sa hotte Les jouets d'enfants à jamais endormis... Il ne fallait pas être Palestinien Ni Libanais, ni Assyrien... Feu, fer et grondements d'un vrai enfer... Un monde à l'envers qui voit faire... Regards bovins, sourires entendus... Qui n'a pas vu ? Qui n'a pas entendu ? Mais à Gaza tout est permis. Ne sont-ils pas repus ou las De faire ce qu'ils font à Gaza ? Cadavres et monts de gravats Sur lesquels danse la folie... Poursuivie par d'étranges bruits, La douce brise marine de Palestine, Tout affolée, s'est enfuie... Ils avaient tenté de l'enfermer... Délirants tableaux ! Sang et fumée A couper le souffle et les jarrets... Massacres à huis-clos Corps en vrac et en morceaux Et l'on s'acharne à hacher Les chairs déjà en lambeaux... Âmes en flammes dans des bocaux... Et l'on continue d'occire Les arbres, les mosquées et le sourire De la terre et des cieux... Les pierres soupirent et sanglotent A qui la faute ? « Celle des Palestiniens, disent certains... A cause d'une soi-disant cause, Ces terroristes, ces malins kystes osent Nous narguer et faire des tours de piste Nous faire courir des risques Et nous coucher sur la liste des fascistes... Faut déchirer leur ciel, assiéger leur soleil Tuer leur sommeil, enterrer leur éveil... Eclater les corps et les cris... Défigurer leur lune Fracasser leurs astres... Tout mettre en ruine... Que de fois leur a-t-on dit que La Palestine A failli être notre patrie d'origine ? Que font donc Les Palestiniens en Palestine ? » Et des corps creusés par la faim, le froid, la mort Des âmes meurtries et des restes de corps S'élèvent des voix au-delà des toits Au-delà de l'horizon, de la raison et des lois... A la lueur de leur douleur Avancent, morts ou vifs, ces seigneurs Une immense attente au cœur Vers leurs hameaux et leurs villages, Verts rameaux et doux ramages, Vers leurs amandiers bientôt en fleurs... Mais autour d'eux et à la queue leu leu A qui mieux mieux Les roitelets et les émirs Devancent les désirs Courent servir briani et mets chauds Non aux victimes, mais aux bourreaux... Orgies de trahisons De faux frères vils, débiles, Habiles dans l'organisation De leur propre extermination Et leur belle putréfaction... Où est passé entre humanité, Jadis tant vantée, tant fêtée ? On y avait cru, en vérité... Mais envolé le conte de fée ! De nos jours, l'amour n'a plus de glamour Il a épousé les intérêts... De quoi s'emmêler les crayons ! Tous les moyens sont bons... Capital disent certaines capitales Occidentales et même orientales De découper et décapiter Les bébés, et faire capituler Ces entêtés qui tiennent à résister... L'ONU et autres organisations Spécialisées en décoration Font un petit tour...Puis s'en vont. Et les droits des opprimés ? Rien qu'une blague pour attardés. Le pas lourd, le front baissé, Harassés, comme tabassés, Creusés par l'impuissance, crevassés, cassés, Nous ne savons quoi dire, ni quoi penser Nous ne savons plus dormir, Nous désaltérer, ni nous nourrir... Face à cette humanité fantoche, Prostituée sur-maquillée et moche Qui ne pense qu'à s'emplir les poches Les pierres se sont demandées : « Quand donc cette folle humanité Va-t-elle laisser le soleil briller ? » Si au moins on avait des cœurs de pierre... Si au moins... Si au moins... Mais à regarder de près et non de loin... Aucun cœur supposé humain Qu'il soit de pierre, d'acier ou d'airain, Ne pardonnera, ni n'oubliera Ce qui s'est passé à Gaza.