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Khalil Tazarki - La crise du multilatéralisme : les pays en développement à la croisée des chemins
Publié dans Leaders le 02 - 09 - 2025

Le multilatéralisme, longtemps présenté comme le socle d'un ordre mondial plus juste et plus équilibré, est aujourd'hui plongé dans une crise sans précédent. Les institutions nées de l'après-guerre, censées incarner l'esprit de gouvernance collective, peinent à faire face aux défis planétaires. Les Nations- Unies s'enlisent dans le jeu pervers des vetos, l'Organisation mondiale du commerce se heurte au retour des politiques protectionnistes, et les grandes conférences internationales se diluent dans des compromis stériles. En parallèle, de nouvelles coalitions émergent: BRICS élargi, G20, forums régionaux. Mais elles traduisent moins une vision commune qu'une rivalité exacerbée entre grandes puissances.
Dans ce désordre, les pays en développement paient le prix le plus lourd. Dettes insoutenables, fragilités sociales, insécurité alimentaire, flux migratoires incontrôlés : la facture est lourde. Pourtant, ces pays représentent la majorité démographique de la planète et une part croissante de la richesse mondiale. Ils n'ont plus le droit de rester spectateurs. Leur avenir, et celui du système international, dépend de leur capacité à s'affirmer comme une force fédérée et capable de transformer les déséquilibres en opportunités.
Le potentiel collectif du Sud global
Le Sud n'est pas condamné à subir. Avec près de 6 milliards d'habitants, une jeunesse vive et des ressources stratégiques vitales- énergie, minerais critiques, eau, biodiversité-, il constitue déjà le centre de gravité du monde. Mais son avenir dépend d'une condition: apprendre à agir ensemble. Si le Nord est divisé par la rivalité des grandes puissances, le Sud, lui, reste fragmenté par des urgences immédiates, des concurrences régionales et des dépendances héritées de systèmes archaïques. L'enjeu est alors de transformer cette mosaïque dispersée en une force unie, capable de définir son agenda, d'imposer ses priorités et de parler d'une même voix.
Ce ne serait pas une première. Bandung en 1955, le Mouvement des non-alignés en 1961, le Nouvel ordre économique international des années 1970, l'OPEP après le choc pétrolier : autant de moments où le Sud a su et a pu peser sur le cours de l'histoire. Aujourd'hui, les BRICS élargis, le G77+Chine ou les coalitions africaines sur le climat témoignent d'un réveil déjà amorcé. Hier encore, lors du sommet de l'OCS à Tianjin, la rencontre entre la Chine et l'Inde a confirmé une tendance lourde : le Sud ne veut plus être spectateur des rivalités du Nord, mais acteur d'une relation fondée sur la dignité et l'équilibre.
Reste que ces dynamiques demeurent fragiles. Trop souvent, elles oscillent entre affirmation collective et instrumentalisations par certaines puissances émergentes. Le véritable défi est donc d'inventer une diplomatie de coalition agile, bâtie sur des intérêts communs : souveraineté, justice sociale, équité financière, accès aux technologies et mobilité. Pas sur de simples regroupements de circonstance ou sur des structures régionales devenues obsolètes.
La Tunisie et la diplomatie des pays en développement
Dans cette vision de recomposition, la Tunisie n'a ni la masse critique des grandes puissances, ni les moyens financiers des certains pays émergents. Mais elle possède un atout rare: une tradition diplomatique respectée, forgée dans l'équilibre, le dialogue et la médiation. Sa géographie la place à la croisée des mondes- Méditerranée et Afrique, Maghreb et Europe, Nord et Sud- et cette position est un capital stratégique qu'aucune puissance ne peut lui contester.
Tunis a deux options: rester passive et subir les secousses de la rivalité mondiale, ou assumer un rôle moteur parmi les pays en développement. Ce choix pourrait s'incarner dans quatre domaines:
• La migration: promouvoir un discours équilibré, refusant les instrumentalisations, et appeler à une approche humaine et gagnant-gagnant entre l'Afrique et l'Europe.
• L'énergie et l'innovation: mobiliser sa jeunesse et son capital humain pour initier des projets pionniers dans les renouvelables et la coopération technologique Sud-Sud.
• Le climat et l'eau: porter la voix de la justice environnementale et défendre un financement équitable des transitions, vital pour le Maghreb et l'Afrique.
• L'accueil de structures onusiennes techniques: plusieurs agences devront quitter New York pour des raisons de coûts. Tunis, par sa position et ses ressources humaines, peut se poser en candidate crédible, plus encore que Nairobi, Ankara ou Doha.
Conclusion
La crise du multilatéralisme n'est pas un concept abstrait. Elle se joue dans les échéances immédiates. Dans quelques jours, l'Assemblée générale de l'ONU se réunira à New York, avec au cœur des débats la reconnaissance de l'Etat de Palestine. Cet enjeu symbolise l'impasse actuelle: un droit universellement reconnu, mais toujours refusé dans les faits. Pour les pays en développement, il ne s'agit plus seulement d'adopter des résolutions sans lendemain, mais d'agir comme force légitime d'un nouvel ordre international où la justice prime sur le rapport de force.
L'Afrique, notre continent, est face à un choix historique : rester prisonnière de dépendances anciennes, ou revendiquer sa pleine souveraineté politique, économique et technologique. Cette souveraineté n'est pas une incantation que l'on répète mais une condition sine qua none de survie, dans un monde où l'accès à l'énergie, à l'eau, à la sécurité alimentaire et aux données numériques sera déterminant.
La Tunisie, forte de ses atouts stratégiques, peut être un catalyseur de ce mouvement. Aux côtés des peuples qui réclament leur dignité, comme les Palestiniens, et des nations africaines qui exigent leur souveraineté, elle a le devoir d'assumer ce rôle. Car l'avenir du multilatéralisme n'appartient pas aux seules grandes puissances : il dépendra également de la capacité du Sud à construire ses propres ponts, à unir ses forces et à redevenir l'architecte de son destin.
Khalil Tazarki


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