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Ma Tunisie de rêve
Publié dans Leaders le 20 - 09 - 2011

Paraphrasant J.F. Kennedy, je m'adresse aux Tunisiennes et aux Tunisiens « Vous que, comme moi, êtes Tunisiens, ne vous demandez pas ce que votre pays peut faire pour vous, mais demandez-vous ce que vous pouvez faire pour votre pays ».
Du temps de Zaba, j'ai souvent dit, dans un cercle fermé, prudence oblige, que c'était le règne de la médiocratie, dans un régime dominé par les 3 M (médiocres, mafieux, méchants). Par ailleurs, j'ai souvent employé cette phrase « Si chaque Tunisien fait honnêtement son travail, la Tunisie deviendra la Suisse de l'Afrique ».
Dans un article publié dans le Journal « La Presse » le 14/02/2011, intitulé « Halte à l'égoïsme », j'ai écrit « Tunisiennes, Tunisiens, pensez à votre pays, avant de penser à vous-même, servez avant de vous servir, construisez au lieu de détruire, pensez à ces concitoyens, chômeurs, démunis qui parfois n'ont pas de quoi se nourrir. Préservez notre révolution, honorez la mémoire des martyrs, ne faites pas le jeu des contre révolutionnaires, travaillez pour produire de la richesse et réduire le chômage, donnez de la Tunisie une image sereine, sécurisée, studieuse, solidaire, civilisée ». Ceci s'adressait aux individus ainsi qu'aux organisations syndicales, politiques et sociales ».
Les lignes qui suivent sont le témoin de la souffrance que je ressens tous les jours en voyant, en entendant et en lisant ce qui se passe en Tunisie depuis la révolution. Ceci va dans le sens de ce qu'a dit le Zaïm Habib Bourguiba à Metlaoui en 1956 : « La sincérité a ses accents propres, les mensonges aussi. Le cœur de l'homme a l'intuition du vrai et du faux ». La révolution a suscité beaucoup d'espoir mais aussi d'inquiétude qui risque d'engendrer l'égoïsme. Charles Nicolle n'a-t-il pas écrit « une inquiétude généralisée porte les meilleurs des hommes vers des satisfactions immédiates ». C'est un mauvais instinct qu'il faut contrôler. A ce propos, je citerai Si Mansour Moalla « Les hommes ne sont pas Dieu, ils peuvent se rapprocher du divin, en contrôlant leurs mauvais instincts ».
Tous ces éléments me poussent à rêver.
Je rêve d'une Tunisie où l'Autorité de l'Etat serait établie, non par la crainte mais par le respect et la considération, où l'Administration, au service du citoyen, fonctionnerait avec célérité et efficacité et devrait faire oublier la parole célèbre de Charles Nicolle « l'Administration étant par définition immortelle n'a pas la notion de temps ». Les fonctionnaires devraient oublier « les normes » établies dans l'administration du temps de Zaba : ,Inchallah, Erjaa Ghodwa, Ya min Ache ».
Je rêve d'une Tunisie avec une justice juste au dessus de tout soupçon, une justice équitable, libre, ne subissant aucune pression et rendant des verdicts en toute transparence. Les femmes et les hommes travaillant dans ce domaine (juges, avocats, etc…) doivent rompre avec les pratiques du temps des ténèbres. Ils doivent rendre justice pour satisfaire leurs consciences et garantir les droits des justiciables et non pour remplir leurs poches. La cupidité est un vice destructeur. L'argent n'assure pas l'éternité. Nous sommes tous de passage, seul reste ce que l'on fait, en bien ou en mal surtout pour notre pays qui espérons-le est éternel.
Je rêve d'une Tunisie paisible et sécurisée. Cette sécurité est assurée en premier par des citoyens responsables et civilisés, puis par les forces de sécurité et de l'armée nationales, auxquels je rends un vibrant hommage pour les efforts fournis pour faire face aux contre révolutionnaires d'où qu'ils viennent.
Je rêve d'une Tunisie où l'école, le lycée, le collège, l'université, seraient le havre du savoir, du savoir être et du savoir faire, où on formerait des têtes bien faites, plutôt que des têtes bien pleines, où les enseignants auraient à cœur de former des jeunes générations qui non seulement détiendraient la science, mais aussi la conscience, car « science sans conscience n'est que ruine de l'âme » (Rabelais).
Je rêve d'une Tunisie où la Santé du citoyen serait préservée par un système de soin équitable et efficace, où chaque Tunisienne et chaque Tunisien, aurait la possibilité de se faire soigner, là où il se trouve. Pour ce faire, les ministères impliqués (Santé Publique, Affaires sociales, enseignement supérieur et recherche scientifique, finances, équipement) devraient tout mettre en œuvre pour réussir cette politique (locaux appropriés équipés de matériel médical adéquat, disponibilité des médicaments essentiels, personnel médical et paramédical bien formé, motivé, encouragé. Nos hôpitaux de demain devraient en fait répondre aux exigences suivantes :
1. Le personnel, quel que soit son poste, ou son grade, devrait jouir de bonnes conditions de travail. Les salaires devraient être décents et suffisants, afin de pouvoir lui permettre d'aborder les fins de mois avec quiétude ; ce qui lui permettrait une meilleure disponibilité vis-à-vis du malade ; et concernant les hôpitaux universitaires, assurer la formation des jeunes.
2. Les locaux, devraient être optimisés afin d'assurer plus de confort aux malades ; sans oublier d'assurer une hygiène sans reproche.
3. Le matériel médical, devrait être disponible, fonctionnel, entretenu et rentabilisé.
4. Les patients devraient être correctement soignés, avec humanité et amour.
La bonne santé de la population constitue un excellent levier de développement. La Tunisie est en possession de bons atouts pour réaliser la Santé pour Tous, d'une part, grâce à son secteur public, à condition que celui-ci soit valorisé et mieux géré et d'autre part son secteur privé débarrassé de son aspect mercantile. J'ai toujours répété à mes élèves « Lorsque l'argent domine le cabinet du médecin, la Médecine en sort ».
Par ailleurs, la Médecine n'est pas seulement curative, elle est aussi préventive et ceci par le biais de l'éducation sanitaire de la population (hygiène de vie et alimentation), par la lutte contre le tabagisme, l'obésité, le diabète et l'hypertension artérielle. La lutte contre ces trois derniers fléaux doit débuter au berceau, en encourageant l'allaitement maternel, le recours au lait artificiel, habituant le bébé au salé et au sucré. Elle doit se poursuivre toute la vie, en évitant les boissons gazeuses, l'alimentation « rapide » « Fastfood » (trop grasse, trop sucrée et trop salée) et revenir à notre saine alimentation tunisienne. La pratique de l'exercice physique doit être encouragée. L'usage excessif de la voiture, des tables de jeu, de l'ordinateur et de la télévision, représente une calamité pour la santé. Elle l'est par la lutte contre la dégradation de l'environnement, en attirant l'attention de la population et de l'Autorité sur les facteurs de nuisance et sur les moyens et les modalités pour s'en prévenir.
Je rêve d'une Tunisie verte où chaque mètre carré serait cultivé, où chaque goutte d'eau serait préservée, où le travail de la terre constituerait un moyen efficace pour réduire le chômage, éviter l'exode rural et assurer l'indépendance alimentaire.
Je rêve d'une Tunisie où les intellectuels, les hommes de science et de lettres, les artistes seraient considérés et honorés pour leur rayonnement local et international. Du temps de Zaba ils étaient marginalisés et bâillonnés, ce qui ne nous étonne guère, car ceux qui se rassemblent s'assemblent. Il était minable et entouré de minables.
كنا في زمان اعلامه السفلى الشرار يستاخر فيه السابق المذكى ويستقدم الحمار « Nous vivions une époque où les minables et les méchants tenaient le haut du pavé, époque où le cheval racé était mis en arrière et où l'âne était mis en avant »
Je rêve d'une Tunisie où la loi serait respectée, où les villes et villages seraient nettoyés, les ordures ménagères régulièrement ramassées, où les constructions anarchiques seraient bannies, où un plan d'urbanisme serait adopté et où les jardins publics seraient entretenus.
Je rêve d'une Tunisie où il y aurait de vrais citoyens et non des sujets, des citoyens ayant un sens aigu de la responsabilité quant à leurs actes, leurs comportements et leurs langages ; des citoyens aimant viscéralement leur patrie, honnêtes dans leurs faits et gestes.
« Nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères, sinon nous allons mourir ensemble comme des idiots ». Martin Luther king.
Je rêve d'une Tunisie solidaire, où chaque citoyen tendrait la main à son prochain, où l'entraide mutuelle serait érigée en système, sans attendre le « retour d'ascenseur ». Aider l'autre à traverser un obstacle, soulager ses souffrances physiques, morales ou sociales, en un mot, faire du bien, sans faire de bruit, car « Le bien ne fait pas de bruit et le bruit ne fait pas de bien ».
Je rêve d'une Tunisie où le régionalisme, le tribalisme, le corporatisme, l'affairisme, le favoritisme, seraient à jamais éradiqués et où seuls l'effort, l'engagement, le mérite de chacun seraient récompensés. Seule la méritocratie dominerait et non la famille ou le clan.
إن الفتى من يقول ها انذا ليس الفتى من يقول كان ابى « L'honnête homme est celui qui dit je suis et non celui qui dit mon père était ».
Je rêve d'une Tunisie tolérante, reflet de son histoire où la religion et la politique se sont toujours côtoyées en toute indépendance, où la femme est l'égale de l'homme, et non reléguée et considérée comme étant au service de l'homme ; ceux qui préconisent cette attitude sont encore en plein obscurantisme et confondent révolution et involution. A l'heure de la mondialisation, il faut avancer et non reculer, on ne peut plus guère vivre en autarcie. « Appeler les femmes le sexe faible est un mensonge. C'est une injustice des hommes faite aux femmes. Si la non-violence est la loi de nos ancêtres, le futur est avec les femmes » Ghandi.
Je rêve d'une Tunisie, fière de son identité enracinée dans la nuit des temps, respectueuse des legs, des civilisations qui se sont succédées sur sa terre bénie. Ces legs vont de l'habit à l'art culinaire. Voir des femmes et des hommes, portant des tenues qui n'ont aucun lien avec notre patrimoine et en plus laides me choque énormément. Je peux comprendre que certaines personnes ne veulent pas s'habiller à l' « européenne » ; mais alors qu'ils portent nos tenues ancestrales, qui sont belles, et décentes.
Je rêve d'une Tunisie, où il n'y aurait plus de place pour les voleurs, les menteurs, les hypocrites, les opportunistes, les égoïstes, les malhonnêtes, les corrompus, les populistes, les rétrogrades barbus et estampillés, pour ceux et celles qui ont profité du régime « Zabaïen » directement ou indirectement, et que ces derniers reconnaissent leur forfait, au lieu de persister à vouloir installer le cahot par tout les moyens et ceci, quitte à s'associer au diable local ou étranger.
Les maîtres mots pour la réussite de notre révolution qui a ouvert les portes du printemps arabe sont : autorité, justice, sécurité, éducation, santé, culture et respect du travail, altruisme, solidarité, tolérance, dignité.
Mes rêves sont ils réalisables, sinon je serai pauvre ! Marie Von Ebner-Elchenbach vient à mon secours « Ne te crois pas pauvre parce que tes rêves ne sont pas réalisés, vraiment pauvre est celui qui ne connaît pas les rêves ».
J'espère que mes rêves deviendront réalité. Ceci est possible grâce au génie Tunisien. J'ai souvent entendu, mon maître, feu le Professeur Hassouna Ben Ayed, dire : « si le Tunisien utilisait son intelligence à bon escient, il dépasserait le japonais ». Notre prophète a dit لو تعلت همة بني ادم وراء العرش لناله" » « Si la volonté de l'homme est d'atteindre l'au delà des cieuxء, il parviendrait ».
Rêver, agir et persévérer a été, est et sera ma ligne de conduite pour être le plus utile à mon pays. Le Docteur Hans Syle a écrit « Pour faire qu'un beau rêve devienne vrai, la première condition est d'avoir une grande capacité de rêver, la deuxième est la persévérance, c'est-à-dire la foi dans le rêve ».
En guise de conclusion, je ne trouve pas mieux que ce verset de coran « L'homme parfait est celui qui est le plus utile aux autres ». Soyons utiles à notre chère Tunisie.
Dr Hédi BenMaïz
fils d'ouvrier
Professeur Emérite à la Faculté de Médecine de Tunis
Membre correspondant de l'Académie Nationale de Médecine (France)


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