Les Américains ont contribué à précipiter la fuite de Ben Ali, affirme un témoin averti. Le président tunisien de l'Association des anciens chercheurs des universités américaines, Nizar Ayed, lève, pour la première fois, un coin de voile sur la nature de ce rôle. Il n'y a plus aucun doute, dit-il dans un entretien à l'hebdomadaire « Al-Hasad », que les Américains ont contribué à précipiter la fuite de Ben Ali. Le message reçu par ce dernier à la suite de la mort de 6 citoyens au Kram-ouest, à 10 minutes à peine du Palais présidentiel a été déterminant à ce sujet. Les Américains l'ont menacé, par le biais d'un intermédiaire Tunisien, que le peuple marcherait sur le Palais de Carthage et le tuerait s'il ne quitte pas la Tunisie. Interrogé sur le rôle joué par l'homme d'affaires Kamel Letayef dont il est l'avocat dans l'accession de Ben Ali au pouvoir en 1987, M. Nizar Ayed a indiqué que certaines puissances y ont été aussi pour quelque chose. En effet, explique-t-il, Le président algérien d'alors Chédli Bendjedid et le président du Conseil italien Bettino Craxi ont pris toute la mesure des dangers qui planaient sur le pays et surtout sur les intérêts algériens et européens, en rapport avec le gazoduc acheminant le gaz algérien vers l'Italie et toute l'Europe, via la Tunisie. Or ce gazoduc était désormais en péril du fait de la situation incontrôlable qui régnait à cette époque en Tunisie. C'est pourquoi les gouvernements européens ont donné leur aval à l'opération qui a été menée avec la participation de personnalités tunisiennes proches de ces Etats.
