Depuis l'avènement du gouvernement d'union nationale, les choses semblent aller de travers pour contrarier les objectifs tracés dans la feuille de route convenue par l'Accord de Carthage, et ce suite à l'émergence d'énormes difficultés économiques allant jusqu'à évoquer, à un moment donné, les pires scénarios, à savoir la faillite de l'Etat. D'ailleurs, la polémique suscitée par la parution du projet de Loi des finances, il y a près d'un mois, montre à quel point le blocage est profond entre les diverses composantes de la vie nationale, à savoir, le gouvernement, les partis politiques et les organisations nationales. Or, il reste à peine 25 jours pour prendre une décision finale et présenter une mouture définitive dudit projet afin qu'il soit voté en séance plénière à l'Assemblée des représentants du peuple (ARP), car dans sa version actuelle, il semble n'avoir aucune chance de passer. En effet, le ton a été donné au sein de la Commission des finances qui a rejeté, déjà, deux articles dont l'un semblait primordial en cette phase de transition démocratique et, surtout, de lutte contre la corruption qui constitue l'une des priorités stipulées par l'Accord de Carthage. Nous avons mentionné la levée du secret bancaire. Et aussi paradoxal que cela puisse paraître, ce sont les représentants des deux principales ailes de la coalition au pouvoir, en l'occurrence Nidaa Tounès et Ennahdha qui ont fait chuter cet article alors que ceux de l'opposition l'ont approuvé. Une preuve que les partis signataires de l'Accord de Carthage ne constituent pas la « ceinture de sécurité » qu'on croyait pour le cabinet de Youssef Chahed. A cela s'ajoute la forte résistance observée par l'Union générale tunisienne du travail (UGTT) qui continue à rejeter la décision de report des majorations des salaires. Et là aussi, ce sont les mêmes partis d'Ennahdha et de Nidaa qui ont exprimé, jusque-là, leur compréhension envers l'attitude de la Centrale syndicale réclamant au gouvernement de trouver l'argent manquant ailleurs. Menace d'escalade D'ailleurs l'UGTT continue à souffler le chaud et le froid de façon à affirmer, d'un côté, qu'elle ne cherche nullement la confrontation, tout en multipliant les déclarations incendiaires, de l'autre. Et ce sont les nombreux secrétaires généraux adjoints qui sont en train d'être chargés de jouer les faucons en annonçant une série d'actions allant des sit-in et des marches populaires jusqu'à la grève générale en passant par des rassemblements à l'intérieur ou autour de l'ARP. On peut, certes, classer ces actions d'escalade comme étant des manœuvres pour faire monter la pression sur le gouvernement. Et il ne faut pas perdre de vue le bras de fer engagé – même s'il a tendance à se calmer – par les deux puissantes corporations des avocats et des médecins. Or, par malchance, c'est en ces moments précis que la menace terroriste a fait sa réapparition de la manière la plus grave et la plus spectaculaire. On reconnaît, bien entendu, la poursuite et la multiplication des succès sécuritaires, plus particulièrement, les coups anticipatifs Outre l'attentat au Mont de Mghila ayant entraîné la mort d'un caporal de l'Armée nationale, on a enregistré le grand coup de nettoyage au Mont Salloum avec la mort d'un des grands chefs terroristes, Talel Saïdi. Mais ce sont les découvertes à la chaîne de caches d'armes dans le Sud du pays, plus précisément à Ben Guerdane qui constituent le grand danger pour le pays. En effet, le contenu du téléphone portable du dénommé Talel Saïdi a permis aux forces de sécurité de mettre la main sur trois caches d'armes contenant un véritable arsenal de guerre dont notamment des missiles SAM 7, des lance-missiles, des lance-roquettes RPG et des roquettes RPG qui constituent des armes offensives d'assaut. Ce qui laisse entendre que l'attaque terroriste avortée en mars 2016 à Ben Guerdane était bien calculée puisque les assaillants comptaient, probablement sur une cinquième colonne et sur l'existence desdites armes pour prendre cette ville charnière du Sud. Un autre point important et selon les premières données, les armes découvertes auraient été amassées dans caches, dont certaines sont souterrainnes, au cours des années 2012 et 2013 voire jusqu'au début de 2014 avec l'avènement du gouvernement de technocrates de Mehdi Jomâa qui a coïncidé avec un retour relatif à l'efficacité dans le rendement sécuritaire. La vérité, toute la vérité L'annonce des découvertes de ces caches est sûrement un fait hautement positif, mais une enquête sérieuse et méticuleuse s'impose pour déterminer avec exactitude la nature des groupes ayant fait passer ces armes dans notre pays avant de les cacher, en toute quiétude dans des caches bien dissimulées. Comme s'ils étaient rassurés qu'ils pouvaient agir impunément et sans pouvoir être inquiétés ou démasqués. Et si les parties se trouvant derrière sont identifiées, qu'on en informe les Tunisiens qui veulent savoir avec exactitude qui sont les véritables ennemis de la Tunisie qui veulent que le pays sombre dans un conflit armé, synonyme de fin du processus démocratique dont nous sommes, tous, fiers. Et puis, les quantités d'armes découvertes, cette fois-ci, coûtent des sommes faramineuses. Alors, qui sont les bailleurs de fonds ayant financé l'achat de ces engins de la mort ?! Des observateurs pointent du doigt certaines associations lugubres qui constituent une nébuleuse mystérieuse dont on ne sait rien sur la nature de leurs financements. C'est à se demander sur quels critères le ministère de l'Intérieur s'est-il basé pour délivrer des autorisations à des milliers d'associations. N'est-il pas temps de passer au crible le statut de ces associations et fermer toutes celles qui ne répondent pas aux conditions légales requises ? Il s'agit là d'une question principale en ces temps où le pays a d'autres chats à fouetter d'ordre économique et social. Ce n'est sûrement pas le moment pour que le fléau du terrorisme ressurgisse pour empoisonner la vie au pays et au gouvernement qui commence, faut-il l'avouer, à faire montre de signes encourageants prouvant qu'il est sur la bonne voie pour peu qu'il trouve le soutien adéquat de la part des partis politiques et qu'il ne soit pas dispersé sur plusieurs fronts à la fois. Nous comprenons qu'il peut y avoir des raisons d'Etat ou de sécurité majeure pouvant empêcher de dire toute la vérité au commun des citoyens, mais pour créer l'union sacrée autour du gouvernement d'union nationale, il faut créer un vrai climat de confiance et de crédibilité entre le peuple et ses gouvernants. Et comme l'a dit et rredit, Omar Mansour, gouverneur de Tunis, celui qui a peur ne doit pas assumer les hautes responsabilités et doit rester chez lui !...