En théorie, c'est impensable –sauf votre respect- : les exigences de ce poste, tous portefeuilles confondus, font qu'il soit plus prudent, bien des fois, de jongler avec certaines, vérités, quitte à biaiser le discours pour noyer le poisson, plutôt que de s'avancer à visage nu, la bouche en cœur, au risque d'essuyer une « dérouillée » en enclenchant une tempête, pour avoir exprimé, sans fards, une réalité qu'il convenait de flouter. Nous parlons bien de prudence, et non de duplicité, la frontière entre les deux étant parfois très tenue, il est vrai. Hédi Majdoub fait partie de cette nouvelle génération de « francs tireurs », s'il en est, qui ne parle pas beaucoup, mais qui agit, et qui, lorsqu'il s'agit de s'exprimer, ne choisit pas la dérobade. C'est plutôt rare... Sous nos latitudes, on aime bien démentir, et rejeter tout en bloc chaque accusation qui est portée, à tort ou à raison d'ailleurs, contre un corps de métier, sachant que nuancer le propos, permet toujours de se remettre en question, en ayant le courage d'avouer que non, tout ne va pas toujours pour le mieux dans le meilleur des mondes. Et que c'est bien pour cela qu'il faut tenter de changer les choses pour les faire avancer. En lieu et place de se recroqueviller sur de fausses certitudes, en perdant l'occasion de faire son mea-culpa, sachant que celui-ci est un exercice très salutaire, car cela permet dans la foulée, de rectifier le tir. Face à Adnene El Hajji à l'ARP, la réponse du ministre de l'Intérieur n'a pas été sibylline, mais claire, et bien à-propos. Et surtout sans fards. Et sans équivoques. Le changement des mentalités au sein du ministère est en train de s'opérer. Oui. mais il faudra des générations avant qu'il ne soit avéré.