L'Ecole Nationale d'Ingénieurs de Carthage (ENIC) a accueilli ce weekend la deuxième édition du concours ENICarthage Robots. Il s'agit là de l'un des six concours estudiantins annuels de robotique organisés en Tunisie. En tout, près de 1200 participants, formant 21 équipes, issus de 15 écoles d'ingénieurs étatiques et privées, de 2 ISET, des lycées de Jammel et de Teboulba et même du club « Les petits génies » d'Ezzahra. Chaque équipe a participé avec deux robots chacune, dont un autonome et un autre téléguidé. A l'origine de ce concours devenu incontournable pour les passionnés de robotique de tout âge, Khouloud Filali, doctorante en génie aérospatial à l'ENIC et Présidente fondatrice du Club ENICarthage Robots . Elle répond ci-après à nos questions sur cet événement et donne son avis sur l'avenir de la robotique en Tunisie. Dans quel contexte est né le concours ENICarthage Robots ? J'ai toujours été passionnée de robotique et d'aérospatial. J'ai donc fait mes études d'ingéniorat à l'ENIC qui est le seul établissement tunisien où il est possible d'étudier la mécatronique. J'ai trouvé parmi mes camarades de nombreux passionnés comme moi mais la diffusion de la culture robotique était quasi nulle. Même les brillantes participations des équipes tunisiennes d'élèves ingénieurs à des compétitions internationales n'étaient pas valorisées. C'est pourquoi j'ai décidé de canaliser ces talents et le savoir-faire de ces compétences en lançant le Club ENICarthage Robots. Très vite, de nombreux membres m'ont rejointe dans cette aventure. Aujourd'hui, il y a près de 90 étudiants directement impliqués dont 60 filles et près de 30 chefs de comités. Je suis vraiment fière de l'avancée des choses et je désire prochainement commuter ce projet en startup pour que les personnes qui y consacrent de leur temps et de leurs efforts puissent être rémunérées pour les encourager à plus d'implication et de rigueur. Quelles sont les nouveautés pour l'édition 2016 ? Par rapport à l'édition de 2015, tout a changé ou presque. Nous avons présenté de nouvelles idées et fait évoluer les cahiers de charge. Nous avons exigé la présentation de modèles plus performants car nous ne voulions plus que les robots servent de gadgets mais soient surtout exploités par les industriels pour améliorer leur travail. La compétition a été rude et quelle n'a été notre surprise de découvrir de jeunes lycéens et élèves concourir et tenter leurs chances face à des étudiants ingénieurs. Pour la compétition de Smart Followers par exemple, le troisième prix a été attribué à l'équipe du lycée de Teboulba. De même, pour la catégorie Maze Runner, le premier et deuxième prix ont été remportés par des équipes du lycée de Jammel. Autre belle surprise, pour l'exposition, le club d'enfants âgés entre 8 et 10 ans d'Ezzaha a remporté haut la main la deuxième place. C'est dire l'intérêt de plus en plus grandissant porté par les jeunes à la robotique. Pour l'édition prochaine, nous espérons que le concours aie une portée internationale et s'ouvre sur des participants étrangers. Des contacts sont d'ores et déjà noués avec des partenaires dans divers pays. Nous travaillons déjà sur l'ENICarthage Robots 2017 et nous espérons avoir les moyens pour en faire un succès. De quels soutiens avez-vous bénéficié lors de l'organisation de cet événement ? Pour l'édition 2016 et malgré des moyens modestes, nous pouvons nous targuer, d'après les échos, d'avoir réussi à organiser un événement dans les normes avec un taux de fautes techniques avoisinant le zéro. Ce résultat, nous le devons aux efforts continus de tous les membres du club ENICarthage mais aussi au soutien sans faille de la directrice de l'école Lilia Amraoui Aouni ainsi qu'au Chef de département Génie électrique Khaled Nouri ainsi qu'à Kais Aouni et Afef Abdelkarim qui nous ont été d'une aide continue sur tous les plans. Ces personnes ainsi que nos sponsors ont cru en nous, en la jeunesse tunisienne et en la robotique. C'est important que de donner leur chance aux jeunes pour leur permettre de montrer ce dont ils sont capables. La robotique est un domaine d'avenir. Aujourd'hui, il ne suffit plus de suivre le rythme. Il faut oser le changement, développer, innover et laisser une vraie empreinte sur ce secteur et les jeunes tunisiens en sont très certainement capables ! Propos recueillis par