Le fondateur du Parti démocratique progressiste (PDP) – devenu, par la suite, Al Jomhouri – et du think-tank Siyakat, Ahmed Néjib Chebbi, a annoncé, mercredi, la création d'un nouveau projet politique intitulé le Nouveau Mouvement Démocratique. Lors d'une intervention radiophonique, Néjib Chebbi a expliqué qu'un document préparatoire de cette nouvelle initiative sera rendu public la semaine prochaine appelant tous ceux qui se sentent intéresser par un tel projet de se joindre à lui. Une annonce pas très surprenante puisque, depuis son départ d'Al Jomhouri, Ahmed Néjib Chebbi n'a jamais caché ses ambitions politiques. Lors des concertations de Carthage, qui visaient la formation d'un gouvernement d'union nationale au cours de l'été dernier, il a publiquement fait savoir qu'il sera d'accord pour présider une telle formation. Plus tard, au cours de ses différentes apparitions médiatiques, il a pris ses distances de son think-tank et a renoué avec le débat politique avec, tantôt des critique sévères à l'encontre du pouvoir actuel, tantôt un discours compréhensif et indulgent. Aujourd'hui que son ‘retour' sur la scène est officiel, la question qui se pose est relative au timing de l'annonce qui survient presque au même moment de la tenue du sixième congrès d'Al Jomhouri qui aura lieu les 3, 4 et 5 février 2017. Un congrès d'une grande importance pour un parti ayant beaucoup perdu au cours des dernières années. Alors qu'il représentait, lors des élections constituantes de 2011, une alternative pour un certain nombre de Tunisiens, il a été, à partir de 2012, l'une des plus grandes victimes de Nidaa Tounes après qu'une bonne partie de ses dirigeants l'aient quitté pour rejoindre le navire de Béji Caïd Essebsi. Saïd Aïdi, Néji Jalloul, Slim Azzebi, Salma Elloumi Errkik et Youssef Chahed – actuel chef du gouvernement – ont préféré quitter Al Jomhouri au profit de Nidaa Tounes ce qui a causé une grande perte pour le parti en question. Ces départs massifs, proportionnellement au poids du parti, ont eu de grandes conséquences sur ses scores aux élections législatives et à la Présidentielle de 2014 : il n'a obtenu qu'un seul siège à l'Assemblée des représentants du peuple (ARP) et son candidat à la Présidentielle, Néjib Chebbi, n'a glané que 1,04% des voix. Au niveau médiatique, et avec l'absence de sa secrétaire-générale, Maya Jeribi (pour des raisons de santé), Al Jomhouri ne pouvait plus compter que sur Issam Chebbi et Iyed Dahmani. Ce dernier a fini, lui aussi, par délaisser ses responsabilités partisanes au profit de son poste de ministre porte-parole du gouvernement. Malgré toutes ces données, les dirigeants d'Al Jomhouri misent beaucoup sur leur sixième congrès afin de réajuster les mécanismes de leur parti et de remettre de l'ordre dans sa cuisine interne. Seulement voilà, avec la récente annonce de Néjib Chebbi, l'attention de l'opinion publique et des médias risque de ne pas se focaliser sur ce congrès. Cela nous amène à poser des questions quant à ses relations avec ses anciens collègues et sur les raisons qui l'ont amené à choisir une telle date jugée par cetains de provocatrice. Par ailleurs, la date du congrès d'Al Jomhouri survient, aussi, avec la commémoration de la quatrième année de l'assassinat du martyr Chokri Belaïd ce qui risque d'envenimer davantage la situation. Loin d'Al Jomhouri, il est aujourd'hui tout à fait légitime de se poser la question quant à l'opportunité et à l'efficacité de la création d'un nouveau parti politique dans un paysage postrévolutionnaire qui en contient, déjà, deux cent cinq autres. Ce nombre ne comprend pas les trois partis politiques qui verraient bientôt le jour et qui seraient présidés par deux anciens chefs du gouvernement et un ancien ministre de Ben Ali : Mehdi Jomaâ, Hamadi Jebali et Mondher Zenaïdi seraient en effet sur le point de faire leur come-back sur la scène qui s'attend à vivre une grande dispersion alors que les élections municipales sont attendues pour bientôt.