Alors que la Tunisie souffre de l'absence de salles de cinéma, deux projets devraient offrir au public de la capitale. Annoncé en octobre dernier, le projet de Gaumont-Pathé prévoit l'ouverture de huit salles dans le cadre de l'extension de Tunis City. Plus récent, un nouveau projet vient d'être dévoilé par Olivier Poivre d'Arvor, ambassadeur de France en Tunisie, avec treize salles à la clé. Les deux projets devraient voir le jour en 2018... Le parc des salles de cinéma en Tunisie se rétrécit comme peau de chagrin et n'est plus que l'ombre de ce qu'il fut dans les années cinquante, période de référence pour le septième art dans notre pays. En effet, le réseau commercial dans le domaine du cinéma a quasiment disparu dans son ensemble et seuls quelques exploitants historiques continuent à faire de la résistance à l'image des Gobantini et autres Temimi. Cette descente aux enfers du parc des salles de cinéma a commencé au début des années 1980 avec la fermeture de plusieurs unités et s'est accélérée avec ces dernières années qui ont vu les salles tomber comme des mouches. C'est surtout à l'intérieur du pays que la situation est la plus grave. Dans certaines régions, il n'existe plus aucune salle de cinéma et depuis longtemps. Sous-équipées et abandonnées à leur sort, les maisons de la culture ne peuvent combler ce vide et les déserts culturels se multiplient à l'échelle de tout un pays. Notons pour ménager un brin d'optimisme que des nouvelles générations de salles entretiennent l'espoir. Ces salles comme l'Agora à La Marsa peuvent avoir été créées ex nihilo. Elles peuvent aussi comme à Madart Carthage, le Rio à Tunis ou le Ciné-Vog du Kram instituer de nouveaux projets dans des espaces anciens ainsi sauvés de la dégradation ou de la destruction pure et simple. Deux complexes cinématographiques vont voir le jour Dans ce paysage de désolation, la bonne nouvelle est venue en deux temps. En octobre dernier, la chaîne française Gaumont-Pathé annonçait l'ouverture en 2018 d'un multiplex de 8 salles au sein de Tunis City et dans le cadre de l'extension de ce projet commercial urbain. Ces huit salles solidaires devraient ainsi voir le jour prochainement et offrir une quantité globale de plus d'un millier de places. Outre ce projet, une autre initiative a vu le jour et a été annoncée cette semaine par Olivier Poivre d'Arvor, ambassadeur de France en Tunisie. Il s'agit d'un complexe de 13 salles devrait également voir le jour en 2018, toujours dans la capitale. Dans la foulée, l'ambassadeur a également évoqué la création d'autres projets culturels tuniso-français. Bonne nouvelle en effet qui pourrait sauver et rénover en le modernisant ce qui reste de notre réseau de salles de cinéma. Toutefois, les enjeux commerciaux étant ce qu'ils sont, qui s'aventurera à ouvrir des salles de cinéma à l'intérieur du pays? Quelle sera la configuration des projets du futur dans ce domaine? En effet, il semble fort que la nouvelle génération de maisons de la culture actuellement à l'étude pourrait abriter des cinémas new look et s'inscrire dans une logique de privatisation de cette modalité d'action culturelle. A suivre tout en soulignant deux ou trois urgences. En effet, ces multiplex qui s'annoncent ne devraient pas nous faire oublier l'impératif de sauver la présence du cinéma au centre de la capitale. D'autre part, il faudrait également songer à un futur équilibre régional dans ce domaine qui pourrait souffrir de la concentration tunisoise des salles au détriment de tout un pays.