Le chef du gouvernement, Youssef Chahed, a décidé, hier en début d'après-midi, d'opérer un remaniement ministériel partiel. Selon un communiqué de la présidence du gouvernement : -Ahmed Adhoum, a été nommé ministre des Affaires religieuses, - Khalil Ghariani, ministre de la Fonction publique et de la Gouvernance, - Abdellatif Hemam, Secrétaire d'Etat au Commerce. Par ailleurs Fayçal Hafiane a été nommé Conseiller auprès du chef du gouvernement. Jusqu'à sa nouvelle nomination, il était Secrétaire d'Etat au Commerce. Poste que vient d'occuper Abdellatif Hemam. Remaniement ministériel: Mécontentement de l'UGTT et surprise pour les partis de la coalition «Ce remaniement constitue une violation du pacte de Carthage et laisse transparaître une hostilité vis-à-vis de l'action syndicale », a souligné Sami Tahri, secrétaire général adjoint de l'UGTT «Nous n'avons pas été consultés par le Chef du gouvernement », a indiqué le directeur exécutif de Nidaâ Tounes, Hafedh Caïd Essebsi Au lendemain des fuites médiatiques relatives à l'intention de l'ancien de dirigeant de l'Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT) Abid Briki de démissionner de son poste de ministre de la Gouvernance et de la fonction publique, le Chef du gouvernement a procédé hier à un remaniement ministériel qui a touché deux portefeuilles et un secrétariat d'Etat. C'est un membre du Bureau exécutif de l'Union Tunisienne de l'Industrie, du Commerce et de l'Artisanat (UTICA), Khalil Ghariani, qui va remplacer Abid Briki à la tête du ministère de la Gouvernance et de la Fonction publique. Ahmed Adhoum a été nommé ministre des Affaires religieuses et Abdelatif Hammam a remplacé Fayçal Hefiane au poste de secrétaire d'Etat chargé du Commerce. En ce qui concerne le ministère des Affaires religieuses, cette nouvelle nomination vient tcombler un vide puisque le ministre de la Justice, Ghazi Jeribi, occupe, depuis le limogeage d'Abdeljalil Ben Salem, une double fonction, son ministère et celui des Affaires religieuses. La nomination de Khalil Ghariani au poste de ministre de la Gouvernance et de la fonction publique, représente un nouveau tournant pour le pacte de Carthage puisque, lors de l'élaboration de ce document, l'UTICA avait précisé qu'elle ne sera pas directement représentée au sein du gouvernement d'union nationale. A peine annoncé, ce remaniement a fait grincer des dents la puissante centrale syndicale et même les dirigeants de partis de la coalition au pouvoir. Outre le remplacement d'Abid Briki par un dirigeant de l'UTICA, le maintien du ministre de l'Education, Néji Jalloul, dont le départ est réclamé par les syndicats de l'enseignement, pourrait être interprétée comme un message selon lequel le gouvernement ne souhaite plus se soumettre aux «diktats» de l'UGTT et de compter davantage sur le soutien de l'organisation patronale. «Ce remaniement constitue une violation du Pacte de Carthage et ne répond pas aux exigences de l'étape », a commenté le secrétaire général adjoint de l'UGTT, Sami Tahri. «Le Chef du gouvernement a tenté d'ignorer les tensions qui existent dans le pays comme en atteste le maintien du ministre de l'Education Néji Jalloul malgré la situation peu reluisante de ce secteur », a-t-il ajouté, indiquant que le Bureau exécutif de la centrale syndicale va se réunir d'urgence aujourd'hui (dimanche) pour examiner la situation. M. Tahri a également indiqué que le changement opéré par le Chef du gouvernement «laisse transparaître une hostilité vis-à-vis de l'action syndicale, ce qui représente une violation de la Constitution et pousse vers l'affrontement et l'anarchie ». De son côté, le secrétaire général du syndicat général de l'enseignement secondaire, Lassaâd Yaâcoubi, a déclaré que les changements opérés dans l'équipe gouvernementale constituent un coup de poignard dans le dos de l'UGTT. «Ce remaniement laisse croire que le gouvernement pousse vers plus de tensions », a-t-il ajouté, indiquant que le syndicat «n'acceptera pas la politique du fait accompli». Par ailleurs, les partis membres de la coalition au pouvoir se sont déclarés surpris par le remaniement. Dans un post Facebook publié le 25 février 2017, le directeur exécutif de Nidaâ Tounes, Hafedh Caïd Essebsi, a précisé que son parti n'avait pas été consulté par Youssef Chahed à ce sujet. Il a également indiqué qu'une réunion se tiendrait dans les prochaines heures pour donner la position officielle du parti. De son côté Faouzi Abderrahmen, un dirigeant d'Afek Tounes, a déploré le fait que le remaniement n'ait pas concerné d'autres ministres qui n'ont pas été à la hauteur des attentes, notant que le remplacement d'un ministre proche de l'UGTT par un dirigeant de l'UTICA laisse croire qu'il existe des divergences profondes entre les partis membres de la coalition au pouvoir. Sur un autre plan, plusieurs observateurs estiment que le limogeage de Fayçal Hefiane du poste de secrétaire d'Etat chargé du Commerce intervient suite à des pressions exercés par le mouvement Ennahdha sur le Chef du gouvernement. Le secrétaire d'Etat démis de ses fonctions a en effet vertement critiqué l'accord commercial conclu entre la Turquie et la Tunisie du temps du règne de la Troïka et qui a contribué grandement au creusement du déficit commercial.