Une simple infection ou une blessure pourraient devenir bientôt mortelles, dans le monde entier, si, entre temps, rien n'est fait pour juguler la résistance des microbes et des bactéries aux antibiotiques (antibiorésistance). C'est la ministre de la Santé publique, Mme Samira Mari qui l'a déclaré, hier, en ouvrant un atelier de travail sur l'élaboration d'un plan national de lutte contre l'antibiorésistance, en compagnie du ministre de l'Agriculture, des ressources hydrauliques et de la pêche, Samir Bettaieb. La menace que fait peser la résistance aux antibiotiques concerne aussi bien les hommes que les animaux et constitue de ce fait un problème de santé humaine et animale. Les deux ministres ont souligné que l'antibiorésistance est devenue une préoccupation mondiale, rappelant que l'Organisation mondiale de la santé (OMS), la FAO et l'Organisation mondiale de la santé animale (OIE) avaient tiré la sonnette d'alarme à ce sujet, depuis des années, et assistent activement les divers Etats dont la Tunisie, à mettre en œuvre des plans nationaux de lutte contre l'antibiorésistance, en s'inspirant des directives internationales dans ce domaine. La cause première de la résistance des microbes et bactéries aux antibiotiques est l'usage excessif et inconsidéré des antibiotiques, comme la pénicilline, dans le traitement des maladies de l'homme et des animaux. Selon le ministre de l'Agriculture, des ressources hydrauliques et de la pêche, une étude tunisienne effectuée sur 250 souches de salmonelles, bactéries responsables des salmonelloses (fièvres typhoïdes et paratyphoïdes, gastroentérites), a révélé que 30% de ces souches avaient développé une résistance à la pénicilline et plus de 40% avaient développé des résistances à certains autres antibiotiques. Le remède est la rationalisation de la prescription des antibiotiques de manière à préserver l'efficacité des antibiotiques existants, parallèlement à l'encouragement de la recherche scientifique en vue de mettre au point de nouveaux antibiotiques. L'OMS a établi une liste sur les microbes prioritaires dans ce domaine. En attendant, l'accent a été mis sur le rôle majeur dévolu à la sensibilisation et à l'information dans ce domaine, outre la coordination entre les divers intervenants. Des programmes de sensibilisation ont été engagés par le ministère de l'Agriculture, des ressources hydrauliques et de la pêche, à destination des vétérinaires et des agriculteurs, ainsi qu'un plan de surveillance de la salmonelle. Il importe également de mettre en place une réglementation plus appropriée afin d'éviter les abus comme l'utilisation frauduleuse de certaines substances interdites. Appel aux pharmaciens : Ne plus vendre des antibiotiques aux malades sans ordonnance médicale «Il faut promulguer des textes de loi organisant la prescription d'antibiotiques aux malades pour mettre fin au phénomène d'automédication qui a des répercussions négatives sur la santé humaine et animale», a souligné, Samira Maraï Feriaa, ministre de la santé. La ministre a dénoncé l'usage excessif des antibiotiques sans consultation médicale, estimant que ce comportement est dangereux pour la santé de l'homme. Dans ce contexte, elle a signalé que les chiffres relatifs à la tuberculose montrent que cette maladie est devenue résistante aux antibiotiques, ce qui est grave, selon elle, car il s'agit d'une maladie contagieuse. Elle a appelé les pharmaciens à ne plus vendre des antibiotiques aux malades sans ordonnance médicale.