La démocratie participative est aujourd'hui un fait constitutionnel. Le défi est de mettre en place un ensemble de dispositifs qui visent à assurer la participation des citoyens et des organisations de la société civile dans les processus décisionnels de politiques publiques. La démocratie participative, selon les normes dégagées par les expériences internationales, se manifeste dans différents champs de la société et à différents échelons du pouvoir : dans notre entourage quotidien, au niveau des localités, des régions, au niveau national. Ainsi, en vue de contribuer à accélérer la mise en œuvre de la démocratie participative et du rôle de la société civile dans la gouvernance locale, un cycle de débats régionaux a été organisé par l'Association tunisienne de gouvernance (ATG). Après La Manouba, Zaghouan et Kairouan, plusieurs associations et organisations de la société civile de la région de Jendouba ont pris part hier à une session de formation sur le programme pilote de développement du système de bonne gouvernance locale et régionale organisée par l'ATG en collaboration avec la fondation allemande Friedrich Ebert. Cette session visait à promouvoir le rôle du mouvement associatif dans la gouvernance participative au niveau local, renforcer les capacités des jeunes acteurs associatifs afin qu'ils/elles participent de manière efficace aux réformes des politiques publiques qui les concernent, initier et impulser des expériences pilote avec les communes pour la mise en place d'un processus participatif pour l'élaboration et l'adoption d'un plan directeur de la participation citoyenne et formuler des propositions de mesures adéquates pour la mise en œuvre d'une démocratie participative, réhabilitant le rôle des citoyens dans les processus décisionnels quant aux politiques publiques et plans de développement structurant des localités, des régions. Moez Joudi Président de l'ATG nous a précisé que son association plaide en faveur de la décentralisation et d'une gouvernance locale et régionale démocratique étant donné que le système actuel souffre de l'absence de mécanismes clairs dans ce domaine et se limite à des lois dissipées. Pour favoriser l'émergence d'une société intègre, il est essentiel d'impliquer tous les acteurs locaux (institutions, élus, autorités et associations). La constitutionnalisation de ce système dénote de la volonté de le consacrer. Notre nouvelle Constitution fait du processus de décentralisation la base fondamentale de l'organisation et de la répartition du pouvoir local ainsi qu'une étape essentielle pour rendre les collectivités locales plus réactives et redevables. Besoin d'une bonne gouvernance locale et régionale La place du citoyen dans l'administration de sa ville est appelé à prendre de plus en plus d'importance. « Au-delà du simple électeur, il deviendra acteur entre les périodes d'élection par le fait d'obtenir le droit d'être informé sur les affaires de sa collectivité et de participer à ses décisions » précise Moez Joudi. Et d'ajouter : « La démocratie participative est une dimension de la démocratie locale. C'est à la fois un mode de gouvernance et d'organisation collective de la société et de la politique locale. Elle place la participation des citoyens au centre de la gestion des affaires publiques dans une collectivité. Notre session de formation à Jendouba a pour objectif de former des compétences et de créer des contre-pouvoirs et des mécanismes de contrôle, permettant d'améliorer le système de gouvernance public local et régional. Il s'agit également, de former des ressources humaines capables d'exercer une pression positive auprès des autorités et du gouvernement. Cette formation vise au renforcement de capacités des élus locaux en matière de gestion des collectivités locales. Plusieurs modules ont été développés dont l'origine et la définition de la gouvernance, les indicateurs de gouvernance locale, la décentralisation et le développement local, la démocratie participative, la gouvernance locale et la société civile, les principes de bonne gouvernance dans les organisations de la société civile. Les participants ont pu partager les connaissances acquises au cours de leur formation avec les élus locaux à la base. » Pour ce qui est de la société civile, notre interlocuteur estime qu'elle « est appelée à prendre une place importante dans la création d'une démocratie réellement participative et consultative et sera un des vecteurs permettant aux tunisiens de devenir des citoyens actifs et là nous avons proposé aux différents acteurs des outils et de bonnes pratiques afin d'élaborer un cadre de coopération cohérent et en adéquation avec la nouvelle réalité du pays. Notre objectif est de renforcer les connaissances de la société civile, des bailleurs de fonds et des acteurs institutionnels sur le champ de la participation de la société civile dans la gouvernance locale.» A propos du développement régional, il a relevé que le système de gouvernance actuel ne lui est pas, vu que le pouvoir est trop centralisé. Et puisque le pouvoir actuel est encore instable, le système de gouvernance demeure un handicap au développement régional. Pour résoudre ce problème de gouvernance, il recommande de miser sur la gouvernance locale et régionale en déléguant des décisions claires et de reconstruire des structures régionales... Ainsi donc, cette session de formation a permis aux différentes parties-prenantes d'avoir une meilleure compréhension du rôle que peut jouer chacun des acteurs, et une maîtrise des mécanismes participatifs existants ou à développer pour renforcer les collaborations dans le cadre d'une meilleure gouvernance locale et régionale