Le membre du bureau exécutif de la Confédération des entreprises citoyennes de Tunisie (Conect) et expert économique, Chakib Ben Mustapha, est revenu, vendredi 3 mai 2024, sur les énergies renouvelables dans le pays et le retard dans la mise en œuvre du plan national.
M. Ben Mustapha a indiqué que le premier plan solaire date de 2009. Et de spécifier qu'en 2010/2011, la consommation de la Société tunisienne de l'électricité et du gaz (Steg) en énergies renouvelables représentait 2,7%. Elle est toujours à 2,7% actuellement. Il a rappelé que l'objectif est d'atteindre 35% en 2030 et 80% en 2050.
Au micro de Hatem Ben Amara dans l'émission Sbeh El Ward sur Jawhara FM, le membre de la Conect a confié que vu le retard dans le calendrier, la confédération a effectué une consultation à travers le pays, avec 73 professionnels participants (producteurs, installateurs, importateurs, …), représentant l'écosystème tunisien, pour connaître les raisons de ce retard. Et cela malgré le travail important effectué en la matière, notamment la promulgation de loi, la publication de textes d'application, la création du Conseil de l'énergie renouvelable outre le travail important de l'Agence nationale pour la maîtrise de l'énergie (ANME) et la Steg. Il a aussi précisé que la Conect a aussi rencontré les responsables au niveau national, ainsi que des experts et des universitaires afin de connaître le fin mot de l'histoire.
Chakib Ben Mustapha a indiqué que la principale conclusion a été : « Une belle stratégie n'est pas nécessairement une bonne stratégie ! ». La belle stratégie était d'atteindre 35% d'ici 2030, soit 4.850 mégawatts de capacité en énergies renouvelables. Certes, et toujours selon lui, on atteint un pic de consommation de 5.500 mégawatts, en plein été, en plein après-midi. Or, le problème des énergies renouvelables est que la production en hiver n'est pas la même qu'en été alors que pour l'énergie solaire, il n'y a carrément pas de production la nuit. Il a noté dans ce cadre que le secrétaire d'Etat chargé de la transition énergétique s'est rendu, le 1er avril 2024, à la Steg où on lui a montré le tableau de bord du dispatching, et il s'est avéré que la consommation du pays était de moins de 2.200 mégawatts à 13h45 (pic de consommation). Et de rappeler qu'en Tunisie, le minimum de production est effectué avec les moyens classiques : les centrales à cycle combiné, ne pouvant être éteintes, et qui produisent mille mégawatts par jour. Si on avait une capacité de 4.800 mégawatts en énergies renouvelables, qu'aurait-on fait avec les 3.600 mégawatts restants, a-t-il soutenu. En réponse à une interrogation de l'animateur sur la possibilité de vendre l'excédent de production, il a indiqué que l'Algérie dispose déjà d'un excèdent alors que la ligne avec l'Italie ne sera pas prête avant 2030.
Il faut une transition énergétique et il faut une stratégie, mais la stratégie doit être réaliste, a martelé Chakib Ben Mustapha, en affirmant que la stratégie élaborée par la Conect sera présentée le 16 mai courant, en présence de tous les intervenants et les officiels du pays.