Moteur de développement dans le monde, la recherche scientifique en Tunisie a réalisé de nombreux acquis. Toutefois, de nombreuses faiblesses sont tangibles. Le grand intérêt des dernières assises nationales consacrées à la Recherche Scientifique et l'innovation technologique tenues à Tunis est de les avoir mis en relief, sans détour. Plus de dix ans après la promulgation de la loi d'orientation de la recherche en 1996, l'étape de la maturité nécessite de trouver les solutions adéquates aux défaillances et faiblesses constatées. Le pays dispose de 33 établissements publics de recherche, de 139 laboratoires et 638 unités de recherche. Près de 27.529 chercheurs sont engagés en totalité ou en partie dans des travaux de recherche dont 55% sont des étudiants. Cela correspond à une moyenne de 4,5 chercheurs pour mille actifs. Par ailleurs, le nombre des diplômés en sciences et ingénieries parmi la tranche d'âge 20-29 ans ne cesse d'augmenter. Cette proportion était de 5,9 pour mille en 2003. Elle est passée à 10,6 pour mille en 2006 et 11,2 pour mille actuellement. Ce taux est proche de celui des pays de l'OCDE. Quant aux ressources consacrées à la recherche scientifique par rapport au PIB, elles sont passées de 0,43% en 1998 à 1% en 2004. Elles doivent atteindre 1,25% en 2009. Ce qui confirme une ferme volonté politique de promouvoir la recherche scientifique et l'innovation.
Peu de publications Les experts constatent certaines insuffisances. Le ratio publications par chercheur est faible « malgré le saut qualitatif réalisé au cours de la dernière décennie » affirment ces experts qui ajoutent que « la durée de préparation d'une thèse de doctorat est encore relativement longue, dépassant généralement la période réglementaire de trois années ». Le pilotage stratégique dans l'identification des sujets de recherche est considéré comme faible. En plus, le nombre de dépôts de brevets d'invention progresse très lentement. Une autre grande faiblesse constatée : « la création des structures de recherche ne se fait pas en fonction d'orientations stratégiques basées sur les besoins de l'économie et de la société mais plutôt sur la base de la volonté et de la disponibilité des chercheurs, ce qui constitue une menace réelle quant à la pérennité des structures de recherche ». La dispersion et la multiplication des thèmes de recherche génèrent un certain gaspillage dans l'allocation des ressources.
Améliorer les mécanismes de gestion L'effectif disponible en personnel technique d'appui ou en ingénieurs de recherche est insuffisant. Les mécanismes de gestion sont peu adaptés aux exigences de la compétition internationale. Une plus grande souplesse est nécessaire. Quant à la synergie entre les structures de recherche et leurs partenaires qu'ils soient publics ou privés, elle n'existe pas. Plusieurs programmes européens constituent un cadre de travail incitatif. Toutefois nos chercheurs n'y participent pas beaucoup pour manque de moyens. Par ailleurs, la contribution du secteur privé à l'effort national de la Recherche demeure très réduite. Il faudrait faire connaître davantage les mécanismes institués par les pouvoirs publics pour que les opérateurs privés investissent dans la Recherche - Développement ( PIRD ), V.R.R. et autres outils de financement. Il faut renforcer le rôle capital que joue l'information scientifique et technique et ses vecteurs technologiques, comme les réseaux haut débit, etc... Des réseaux thématiques d'excellence sont à favoriser.