Plus de trois semaines que la ville de Tataouine, au sud de la Tunisie, vit sur le rythme des protestations sociales de ses habitants qui cherchent, désespérément, des issues là où le taux de chômage demeure le plus élevé de tout le pays. Au cours de la journée du lundi, le chef du gouvernement, Youssef Chahed, accompagné par quelques-uns de ses ministres, a reçu une délégation de la ville. Après des heures de négociation, le gouvernement a annoncé une série de mesures en faveur de la région. Ainsi, il a été, entre autres, décidé d'augmenter le capital de la société environnement, plantation et jardinage de Tataouine afin qu'elle puisse effectuer des recrutements immédiats. Toutefois, les protestataires ont estimé que l'équipe gouvernementale n'a pas été convaincante dans ses propositions et ont publié un communiqué où ils ont dénoncé la manière de faire du gouvernement qui a été, selon eux, discriminatoire et inefficace. Ainsi, Tataouine a observé, hier, une grève générale qui a touché tout le gouvernorat. Une grève générale qui a été soutenue par le bureau régional de l'Union générale tunisienne du travail (UGTT) et celui de l'Union tunisienne de l'industrie, du commerce et de l'artisanat (UTICA). Selon quelques habitants de la ville, les protestataires pourraient aller jusqu'à la désobéissance civile si jamais leurs revendications n'étaient pas correctement traitées. Kairouan, la souffrance La situation n'est pas en meilleur état dans la ville du Kairouan où le Forum tunisien des droits économiques et sociaux (FTDES) a indiqué, dans un communiqué rendu public lundi, que la situation économique et sociale dans la ville stagne tragiquement. Le FTDES a annoncé que Kairouan est en tête des villes les plus pauvres et est classée avant dernière dans le classement des villes bénéficiant le moins des projets de développement. Le lendemain de la publication du communiqué, une journée de colère a été organisée par les habitants de la ville qui se sont rassemblés devant le complexe culturel pour une protestation pacifique. Ainsi, ils ont revendiqué le droit au développement, à l'emploi et à la justice sociale. L'un des protestataires a expliqué que la pauvreté est devenue telle dans la ville qu'elle fait désormais partie des premières régions dans le classement des taux de suicide... Le Kef, la résistance Au Kef, la parade de l'usine des câbles continue. Après une bonne annonce faite, en début de la semaine, par le ministre des Affaires sociales, Mohamed Trabelsi – qui a assuré que la direction de l'usine a finalement décidé de continuer son activité au Kef – l'investisseur allemand a fermement décidé de tout fermer. Suite à cette annonce, les travailleurs de l'usine (qui emploie 440 agents), accompagnés par des habitants de la ville, ont organisé une marche symbolique vers la capitale pendant que certains de leurs collègues ont entamé une grève de la faim. Hier, la ville du Kef a connu quelques tensions surtout que la marche protestataire avait bloqué la circulation. Face à la tension sociale qui règne, l'UGTT a appelé le gouvernement à lancer un débat social sérieux capable de donner de vrais résultats instaurant la justice sociale entre les différentes régions. Tout en renouvelant son soutien à ces mouvements sociaux, la centrale syndicale a attiré l'attention du gouvernement sur la délicatesse de la situation tout en l'appelant à éviter toute attitude passive face à tous ces signaux. Entre temps, le gouvernement de Youssef Chahed continue de mener les négociations et à trouver des solutions à des problèmes qui s'entassent depuis plus de six ans.