Elle n'a pas pu retenir sa colère, cette épouse trompée et à cheval sur les principes. Sa dignité de femme bien élevée l'a emporté sur l'amour indéfectible qu'elle porte à son mari qui s'est montré volage, dans un moment de faiblesse. Pourtant, il lui a juré, par ses grands dieux, que c'était le seul pêché qu'il avait commis dans un instant d'égarement, en ramenant cette jeune fille au foyer conjugal. Il ne sait quelle mouche l'avait piqué lorsqu'il observa les attributs alléchants de cette créature qui lui firent couler l'eau à la bouche. Se rappelant que la maîtresse de céans devait passer sa matinée au souk hebdomadaire de l'Ariana, il pensait que le temps était suffisant pour profiter d'agréables moments avec la jeune fille qui s'est montrée consentante à le rejoindre jusqu'au lit matrimonial. Une aubaine qu'il se devait de ne pas rater, mais c'était sans tenir compte du hasard qui a voulu que l'épouse regagne le logis, plus tôt que prévu, pour découvrir le pot aux roses. Une fois à l'intérieur de la maison, elle découvrit avec stupeur une belle naïade, au corps sculpté, langoureusement allongée sur son propre lit. Pratiquement dénudée. Le spectacle lui a coupé le souffle à tel point qu'elle sortit en trombe de sa chambre à coucher avant de fermer à double tour la porte et accourir, en coup de vent, au poste de police du quartier. Encadrée par deux agents, elle retourna à sa demeure aussi vite qu'elle avait quittée quelques minutes auparavant. Le trio fit alors irruption dans la chambre intime pour surprendre l'inconnue, toute vêtue et sagement assise sur un fauteuil. Les policiers devaient l'interroger sur sa présence incongrue dans la villa. Pour toute réponse, elle indiqua qu'elle avait répondu favorablement à une invitation de celui qu'elle crut comme étant célibataire. Entre-temps, le mari, qui avait laissé seule, un instant, l'illustre inconnue pour ramener quelques victuailles, regagna au pas de course le foyer conjugal où il eut la désagréable surprise de faire face à l'infamante accusation d'adultère. Il demanda le pardon pour cette unique faute commise ;, mais il se heurta à l'intransigeance de sa conjointe dont l'honneur a été bafoué. Elle entendait lui donner une leçon qu'il n'oubliera pas de sitôt puisqu'elle déposa une plainte contre les deux accusés qui reconnurent les faits. Malgré les supplications de l'époux fautif, elle ne retira pas sa plainte, ce qui lui valut une condamnation à huit mois de prison ferme ainsi qu'à sa complice.