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Vol au dessus d'un nid d'aigle
Redécouvertes
Publié dans Le Temps le 14 - 01 - 2007

L'Aigle ! Quel animal - à part le lion, peut être - est plus emblématique, plus symbolique ? De très nombreux pays, à toutes les époques, de l'empire romain à La France napoléonienne et même la Libye actuelle l'ont fait figurer sur leur blason. Si aucun d'eux ne figurent sur les « armes » de la Tunisie, tous les aigles qui y vivent font partie de la famille de accipitridés.
Le plus beau, le plus souvent cité mais le moins connu, sans doute, du grand public, est l'aigle royal : Aquila chrysaetos. Ce superbe oiseau, au plumage brun doré, déploie dans le ciel une envergure de plus de 2 mètres, souvent, qui soutient avec aisance un corps de 60 centimètres de long environ, pesant autour de 2 kilogrammes. Uni à vie, le couple niche en montagne, sur une aire inaccessible et pond un œuf ou deux, à partir de l'âge de 4 à 5 ans, à la fin de l'hiver.
Dans la nature, il chasse, sur un territoire de près de 100 km_, des lapins - quand il y en a - des lièvres, des perdrix, quelquefois de jeunes faons ou des agneaux et consomme, en cas de disette, des charognes.
En Tunisie, nous l'avons observé dans les régions d'El Kef et de Kalaat Essnan. On nous a dit qu'il existait aussi bien dans les Parcs Nationaux de Zaghouan et du Bou Hedma que dans la réserve naturelle du Jebel Saadine, près d'El Kef, où nous ne l'avons jamais vu. Il nous semble avoir observé à la jumelle un nid dans une falaise du Jebel Bargou. Mais nous n'avons pas la prétention de connaître, de façon exhaustive l'aire de répartition dans le pays.
Presque aussi grand - pour ne pas écrire « plus petit » ! - le circaète Jean-le-blanc : Circaetus gallicus est un spécialiste de la chasse aux serpents, bien qu'il ne soit pas immunisé contre le venin de certaines vipères et il en est de redoutables, dont la « vipère à cornes » qu'on rencontre assez souvent dans le sud tunisien.
Si nous savons que circaète dérive du Grec « kirkos » : faucon et « aetos » : aigle, nous n'avons pas pu découvrir pourquoi on l'appelait : « Jean-le-blanc ». Si un ornithologue pouvait nous renseigner, nous en serions ravis.
Certains affirment que ce rapace d'un brun uniforme sur le dos mais au ventre blanc ferait partie de la famille des falconidés, comme le faucon pèlerin cher aux chasseurs d'El Haouaria, et non de celle des accipitridés.
S'il lui arrive de devoir se contenter d'un lézard, ses proies préférées sont les couleuvres même les plus grandes : les couleuvres à collier et les couleuvres d'Esculape qui existent en Tunisie. Il semble avoir un régime alimentaire composé exclusivement de reptiles.
Même si l'on affirme que le circaète Jean-le-blanc est assez flegmatique, et peu agressif, qu'il est capable de vol stationnaire et qu'il chasse en volant, en général, à une trentaine de mètres de haut, nous l'avons vu plonger de 2 à 300 mètres d'altitude sur un reptile, ce qui prouverait qu'il a une vue perçante. Si ses proies sont petites, il les emporte, vivantes, dans ses serres, pour les dévorer sur un perchoir. Si le reptile est important, il le tue au sol à coups de bec avant de l'emporter.
Cet oiseau d'un peu moins de 2 mètres d'envergure, long de plus de 60 centimètres et de 2 kilogrammes environ, semble être à l'origine d'une histoire qui circule dans l'ouest tunisien et qui pourrait illustrer tous les conflits inextinguibles. « Un jour, un rapace affamé recherchait fébrilement une proie. A terre, un grand serpent affamé lui aussi, chassait avec acharnement. Le rapace l'aperçoit, fond sur lui et le saisit dans ses serres. Le serpent se replie et s'enroule autour de l'oiseau. Les deux adversaires, littéralement soudés l'un à l'autre se roulent sur le sol, l'un essayant de tuer l'autre pour le dévorer. Après de longues minutes d'un combat violent, le rapace, épuisé, lève les yeux au ciel et implore le Créateur : Mon Dieu, s'il me lâche, je le lâcherai moi aussi ! ».
Si l'aigle royal s'avère plutôt silencieux, le circaète lance parfois, en période de reproduction, un piaulement qui ressemble beaucoup au cri aigu d'une buse variable.
Comme il vit dans les zones assez sèches, couvertes de garrigues éparses et de petits boisements alternant avec des étendues de pierrailles, il a été signalé dans le Parc National du Jebel Chambi et dans la réserve naturelle du Jebel Saadine. Nous l'avons rencontré au sud de la région de Kalaat Essnan, aux alentours de Thala et de Ksar Tlili. Il niche dans les arbres où il se dissimule avec beaucoup de soin. L'abondance de reptiles conditionne sa présence et il semble ne séjourner en Tunisie que durant le printemps et l'été.
Le Balbuzard pêcheur ou aigle balbuzard : Pandion haliaetus a lui aussi une alimentation spécifique exclusivement composée de poissons, de 150 grammes à près d'un kilo, capturés très généralement juste sous la surface de l'eau. Il séjourne donc à proximité immédiate des milieux aquatiques : bords de lacs et de rivières poissonneux.
A peine plus petit et plus léger que le circaète, le balbuzard pêcheur se reconnaît à ses longues ailes étroites et au contraste remarquable entre le brun foncé du dos et le blanc net de la poitrine. Cet oiseau possède l'une des plus grandes aires de répartition : le seul continent où le balbuzard est absent est l'antarctique !
Il semble bien qu'il ne vienne en Tunisie qu'en hiver. Nous l'avons observé, il y a des années, sur le lac Ichkeul et dans la région de Jendouba : à Ghardimaou, le long des berges de La Medjerda. Actuellement, nous le recherchons sur les bords de l'immense lac de retenue du barrage de Sidi El Barrak, l'un des plus grands et des plus récents du gouvernorat de Béja. Les observateurs qui ont pu y assister nous ont raconté que durant sa parade nuptiale spectaculaire, le balbuzard mâle s'élève en tenant un poisson dans ses serres. Puis, il effectue un bref vol stationnaire en exhibant le poisson et enfin plonge vers le sol, les ailes repliées avant de remonter pour recommencer.
Ces trois aigles qui ne semblent pas avoir d'autres « ennemis » que l'homme sont considérés pourtant comme des espèces rares et protégées parce qu'elles connaissent une régression importante de leurs effectifs en raison de la modification des pratiques agricoles ou de leur biotope pour le balbuzard et de travaux d'aménagement du territoire en particulier la percée de pistes au voisinage de leur aire de nidification.
Les zones humides - en particulier en Tunisie dans la perspective d'un réchauffement et d'un assèchement du climat ! - sont des organes vitaux de notre planète. Un marais moyen produit chaque année 20 à 25 tonnes de matière organique à l'hectare, davantage qu'un champ de maïs en culture intensive ! 50% des espèces d'oiseaux afro-européens dépendent de ces biotopes. On y trouve aussi 30 % des espèces végétales remarquables et menacées or, en un siècle, 50 % des zones humides ont disparu de la Terre.
Sommes-nous conscients du fait que 75 % des hommes utilisent des plantes pour se soigner et que 50 % des médicaments actuels viennent de la Nature mais que 15 à 40 % des plantes auront disparu dans 30 à 50 ans et que 30 % de la biosphère a disparu en un siècle ?
Au XXème siècle, la population a découvert les loisirs et les bains de mer. Le littoral est devenu un succédané de paradis. Alors, on le bétonne, on le pollue : l'industrie et l'habitat colonisent les estuaires, les deltas, les lagunes et les plages pour y installer des ports, des usines, des chantiers, des agglomérations à moitié vides l'hiver. Pourtant ces milieux sensibles sont essentiels à la reproduction de beaucoup de poissons de mer - 50 % de la biomasse méditerranéenne a disparu en un siècle ! - et sont des étapes nourricières, des refuges pour nicher et des zones d'accouplement pour de multiples espèces d'oiseaux en particulier.
Mais revenons aux aigles. Les Romains en avaient fait les oiseaux de Jupiter et les considéraient comme les messagers des dieux. Les auteurs grecs racontent que Ganymède, un prince troyen, a été aimé par Zeus qui a pris la forme d'un aigle pour l'enlever et en faire son échanson !
L'aigle de Bonelli : Hieraetus fasciatus, tout aussi rare et protégé que les précédents vit en Tunisie. Nous l'avons observé au-dessus du Jebel Zaghouan, dans la région de Sedjenane et au-dessus des collines de la région d'El Kef. Ce rapace diurne de plus de 60 centimètres de long, pèse près de 2 kilogrammes et a une envergure de 1,60 mètre environ. Son dos brun sombre, son ventre clair à peine strié de noir et surtout une barre noire traversant ses ailes bordées de noir le rendent immédiatement reconnaissable.
Prioritairement méditerranéen, il fréquente les paysages de garrigue et de falaises calcaires et défend âprement son territoire. Il se nourrit surtout de jeunes lièvres et d'oiseaux : pigeons, cailles, perdreaux ainsi que de volailles de ferme parfois et de quelques rares reptiles.
Très discret habituellement, sa parade nuptiale composée de voltiges acrobatiques se déroule de la fin de l'automne au milieu de l'hiver. On ne connaît pas exactement les raisons de la diminution de ses effectifs pas plus que celles qui empêchent la stabilisation du nombre des aigles bottés : Hieraetus pennatus qui hantent, paraît-il, les parcs du Bou Kornine et d'El Feija. Ils semblent vivre dans différents massifs de la Dorsale tunisienne parce qu'ils fréquentent habituellement les forêts de feuillus et de pins qui alternent avec des zones couvertes de garrigues et de prairies.
C'est le moins grand des aigles de Tunisie. Il mesure 50 centimètres environ de longueur, pèse un kilo environ et dispose d'une envergure de près d'un mètre vingt. Il se présente sous deux aspects : la « forme claire », marron et gris clair avec le ventre blanc et plus rarement la « forme foncée », marron - gris foncé avec le dessous du corps de brun foncé à fauve. C'est un chasseur habile qui se lance en piqué presque jusqu'au sol, sur une proie repérée dans une clairière. Au ras du sol, il redresse son plongeon et vole rapidement vers sa proie, les serres en avant. Ses piqués subits suivis de remontées lentes, les ailes à peine agitées, sont remarquables durant la période d'accouplement. Il se nourrit de tout ce qu'il peut capturer : petits mammifères, oiseaux, lézards, reptiles et même de gros insectes. Il niche surtout dans les arbres d'une forêt ou d'un bosquet, parfois sur une paroi rocheuse. Les déboisements, la mise en culture ou la coupe des broussailles - pour faire du « charbon à chichas », paraît-il - de pentes couvertes de maquis sont les causes principales de la diminution de ses effectifs.

LES PROBLEMES ET LES SOLUTIONS
Pour quelles raisons, nous intéressons-nous aujourd'hui aux aigles de Tunisie ? D'abord, parce qu'ils existent, tout simplement, ensuite parce qu'ils sont peu nombreux du fait qu'ils sont à une extrémité d'une chaîne alimentaire et qu'ils sont tous menacés d'une disparition inéluctable et relativement prochaine si l'homme, leur principal et souvent seul « ennemi », ne fait rien pour arrêter ce déclin qui n'est pas une fatalité biologique.
Enfin, parce qu'ils sont un élément de notre environnement et de la biodiversité que la politique, vivement prônée par le Président de la République, tend à restaurer et à protéger actuellement. Sans parler de ce que pourrait être la planète Terre sans les oiseaux qui sont non seulement les sentinelles de la Nature : ils disparaissent dans un environnement dégradé, voire toxique, mais aussi les protecteurs de l'agriculture en consommant les insectes. La Chine en a fait la douloureuse expérience pour avoir voulu éradiquer les oiseaux « mangeurs de graines comestibles ».
La création de Parcs Nationaux et de Réserves Naturelles est une réponse nécessaire, mais qui est loin d'être suffisante, à la protection de nos grands rapaces. D'abord parce qu'ils sont beaucoup trop petits : le territoire de chasse de n'importe lequel des aigles tunisiens est plus vaste que la superficie du plus grand des Parcs naturels. Chaque parc pourrait éventuellement, au mieux, recéler un couple mais comme aucune étude sérieuse n'a été faite sur la quantité de nourriture disponible dans chacun des Parc, tous les couples actuellement connus sont obligés de chasser en dehors des Parcs et sont contraints d'éloigner au maximum leurs petits, quand ils arrivent à les nourrir. Les jeunes sont souvent obligés de quitter la Tunisie et on ne connaît pas l'âge des vieux !
Alors que des solutions simples, écologiques et fort peu onéreuses pourraient être mises en œuvre même par des associations telles que « Les Amis des oiseaux ».
Nous avons déjà évoqué la possibilité de réintroduire la pintade : meleagris numida et le lapin de garenne qui ont fait partie de la faune tunisienne. Pour moins de 100 Dinars, un groupe de pintades ou de lapins pourrait être confié à un éleveur volontaire résidant sur ou en bordure du Parc. Dès la première année, la vente d'une partie des jeunes rembourserait l'achat des géniteurs et l'apport de nourriture. La commercialisation d'une autre partie des jeunes rémunérerait l'éleveur qui relâcherait la troisième partie dans le Parc. Cette troisième part augmenterait les années suivantes puisque les géniteurs seraient plus nombreux et tous les scientifiques affirment que plus la nourriture est abondante et plus le nombre des prédateurs augmente. Pour un investissement de 100 à 200 Dinars - le prix d'un long week-end dans un bel hôtel ! - la chaîne alimentaire serait complétée et tous les prédateurs : carnassiers terrestres : renards, chacals, chats sauvages, etc ... et rapaces en profiteraient. Les Parcs seraient attractifs puisque le public y verrait les prédateurs et les grands rapaces. Un public satisfait paierait volontiers un droit d'entrée qui permettrait de rentabiliser, en partie, les parcs tout en sachant que le tourisme devient une menace dans un Parc qui a du succès.

LES VAUTOURS
Nous pensons maintenant à d'autres rapaces, dont nous avons déjà évoqué la triste situation : le grand vautour fauve : Gyps fulvus et le vautour percnoptère : Neophron percnopterus. Le grand vautour est un superbe oiseau de près de 3 mètres d'envergure ! Même le « petit » percnoptère a une envergure voisine - 1,7 mètre - de celle de l'aigle royal. Nous l'avons observé dans différentes régions : celles de Sedjenane, de Gaafour, de Mactar et de Sbeitla mais toujours isolé.
Le grand vautour a pratiquement disparu du ciel tunisien. Les derniers individus connus vivaient autour de Kalaat Essnan. Ceux que l'on peut voir actuellement viennent de l'est algérien.
Si l'on ne fait rien pour eux, leur disparition est inéluctable du simple fait de la modernisation de l'élevage : il y a de moins en moins de bêtes mortes abandonnées dans la nature pour les nourrir.
Il est désespérant de constater que, tous les jours, tous les bouchers, des régions où peuvent vivre les vautours, jettent des kilos de déchets carnés qui empestent les décharges où ils pourrissent. Il suffirait de demander aux bouchers de se débarrasser de leurs déchets dans des containeurs que les agents des forêts iraient disperser en différents endroits au cours de leurs tournées hebdomadaires obligatoires.
Cette solution qui ne coûterait rien pourrait être mise en œuvre par n'importe quelle association, les « Amis des oiseaux » par exemple. Par ailleurs, cette proposition aurait l'avantage de fournir de la nourriture d'appoint à de nombreux rapaces opportunistes tels que les milans et à de multiples prédateurs carnassiers tels que le chacal et la hyène rayée typique de Tunisie et menacée de disparition elle aussi, sans compter les sangliers, charognards accidentels.
Au moment où tout le monde vante l'intérêt de l'écotourisme, a-t-on réfléchi au fait que ce type de tourisme - qui ne consiste pas en des promenades, agréables certes, mais inintéressantes ! - exige d'abord un système écologique remarquable, qui mérite qu'on vienne l'étudier, ensuite des guides - « éco-guides » - compétents capables d'enseigner - agréablement - l'écologie, c'est-à-dire l'ensemble des rapports qui existent entre tous les êtres vivants entre eux et entre le milieu dans lequel ils vivent et eux, sans oublier les hommes et leurs influences sur les êtres et le milieu considérés.
Une fois ces deux aspects : milieu remarquable et guides compétents, réalisés, l'écotourisme pourra être promu. A notre avis, il a davantage d'avenir et sera plus rentable que le tourisme de masse d'été ou d'hiver. « On ne peut récolter que si on a, au préalable, semé ». Tous ceux qui ont constaté qu'on ne peut retirer de l'argent à la banque que si on en a déposé, au préalable, seront d'accord !


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