L'Organisation Internationale de la Migration (OIM) à Tunis a organisé, en partenariat avec le Centre Africain de Perfectionnement des Journalistes et Communicateurs (CAPJC) la première session de formation de formateurs sur le traitement médiatique de la migration. Destinée aux journalistes tunisiens, cette initiative s'inscrit dans le cadre du projet RDPP, un programme régional de développement et de protection pour l'Afrique du Nord, s'articulant sur plusieurs thématiques relatives à la migration et incluant dans un premier temps 5 pays, à savoir la Tunisie, l'Algérie, l'Egypte, la Libye et le Maroc. De par sa position géographique, la Tunisie a connu, au fil de l'Histoire, différents types de flux migratoires. Pays de départ mais aussi de transit ou de destination, c'est une terre d'accueil par tradition mais aussi un pays qui assiste, depuis des décennies, à la fuite de ses cerveaux à l'étranger et qui a également enregistré, à un certain moment de son histoire, un pic de migration clandestine de ses jeunes vers la France et l'Italie avec son lot de malheurs et de drames en mer. Selon les dernières statistiques, plus de 1 300 000 Tunisiens vivraient à l'étranger. De même, le pays compterait environ 53 500 migrants résidant de façon régulière mais concrètement, il est impossible de connaître le nombre total exact de migrants en Tunisie, puisqu'il inclut également ceux en situation irrégulière et ils ne sont pas peu nombreux. Par ailleurs, l'Histoire retiendra qu'au lendemain du déclenchement du soulèvement populaire et du début des heurts en Libye en 2011, le camp de Choucha, à Médenine, a accueilli des centaines de milliers de réfugiés de différentes nationalités. C'est dire que la Tunisie est au cœur du processus migratoire et devrait, en toute logique, être à la pointe des accords internationaux et des textes de loi mais la réalité est toute autre. Le statut de réfugié n'y est par exemple pas reconnu. Alors qu'elle secoue le monde depuis un bon moment déjà avec tous les rebondissements enregistrés durant ces dix dernières années, la migration ne semble pas figurer parmi les priorités des autorités. « Pourtant, nos actuels dirigeants ont presque tous été un jour ou un autre des migrants. Cette thématique devrait leur parler, leur étant familière. Cela pourrait constituer une porte d'entrée dans les discussions pour les intéresser à ce thème et leur faire comprendre l'urgence de se pencher sur le sujet», affirme l'une des journalistes participantes au projet RDPP NA. A travers son projet, l'OIM cherche justement à renforcer son partenariat avec les autorités nationales, les organisations de la société civile mais aussi les médias qui sont des faiseurs d'opinion. En sensibilisant les journalistes à cette thématique, en dissipant les idées reçues sur les migrants, en renforçant leurs connaissances aussi bien sur l'historique de la migration que sur la situation actuelle en Tunisie et dans le monde mais aussi en leur faisant entendre la voix des migrants, dont trois issus d'Afrique Subsaharienne ont été invités à partager leur expérience et leur vécu en Tunisie, l'OIM vise à changer la perception générale, souvent négative sur la migration afin d'inciter les autorités à s'intéresser de plus près à ce phénomène qui ne date d'ailleurs pas d'hier.