Le Temps - Agences - Le Parlement somalien a approuvé hier l'instauration pour trois mois de l'état d'urgence et de la loi martiale dans le pays, où la traque des miliciens islamistes par les forces somaliennes et éthiopiennes se poursuit avec la prise de leur dernier refuge dans le sud. "Le Parlement de transition somalien a approuvé une loi instaurant l'état d'urgence qui permettra au gouvernement de prendre toutes les actions nécessaires afin de renforcer la sécurité dans le pays", selon un communiqué gouvernemental. Le vote a eu lieu à Baïdoa, siège du Parlement, situé à environ 250 km au nord-ouest de la capitale somalienne Mogadiscio. Le gouvernement somalien, mis en place en 2004, avait décrété l'état d'urgence le 28 décembre mais avait besoin de l'approbation du Parlement. Selon la Charte somalienne (équivalent de la Constitution), le niveau le plus élevé de l'état d'urgence comprend la loi martiale. La loi instaurant pour 90 jours cet état d'urgence autorise notamment le président somalien à publier des décrets concernant la sécurité nationale ou à interdire des manifestations non autorisées ou des barrages mis en place à travers le pays pour rançonner les civils. Les forces somaliennes soutenues par l'armée éthiopienne, qui poursuivent leur traque des islamistes, ont pris avant-hier soir le contrôle du dernier refuge des islamistes dans l'extrême sud de ce pays de la Corne de l'Afrique ravagé par 16 ans de guerre civile. Selon le porte-parole du gouvernement somalien Abdirahman Dinari, le village côtier de Ras Kamboni, situé près de la frontière kényane, a été pris avant-hier après de brefs combats, obligeant les islamistes à se réfugier dans la brousse et la forêt avoisinantes. "Nos forces ont pris le contrôle total de Ras Kamboni et de ses environs. Les islamistes et leurs combattants étrangers sont en fuite", a déclaré hier M. Dinari. Hier matin, les troupes gouvernementales patrouillaient dans le village et ses environs. Depuis fin décembre-début janvier, les combattants islamistes - qui contrôlaient la majeure partie du sud et du centre de la Somalie - ont été mis en déroute par les troupes éthiopiennes et somaliennes. A Mogadiscio, contrôlée depuis le 28 décembre par l'armée éthiopienne et les forces somaliennes après la fuite des islamistes mais où l'insécurité persiste, une importante opération de fouille a été lancée hier par des soldats éthiopiens. L'opération, qui concerne l'ensemble du sud de la capitale et les quartiers situés à proximité du camp de l'armée éthiopienne, vise à sécuriser la base éthiopienne et également l'aéroport international de Mogadiscio rouvert récemment. "Les troupes éthiopiennes font du porte-à-porte et ils cherchent des armes et des combattants islamistes (...). Les troupes ont également restreint nos déplacements", a indiqué Abdi Ibrahim, commerçant du quartier Bullohabey (sud) de Mogadiscio. Mais selon plusieurs habitants, de nombreux résidents ont déjà pris leur précaution, enterrant leurs armes ou démontant les armes lourdes et cachant ensuite les différentes pièces. Depuis le 28 décembre, une douzaine de personnes au total ont été tuées dans des incidents armés à Mogadiscio. Des positions et des convois de l'armée éthiopienne ont ainsi été pris pour cible par des assaillants non identifiés. Dans la nuit de vendredi à samedi, trois personnes ont été arrêtées dans le nord de Mogadiscio après que des assaillants eurent jeté une grenade en direction d'un hôtel, sans faire de victimes. Cette opération de fouille intervient au lendemain de la conclusion d'un premier accord important vendredi à Mogadiscio entre le gouvernement somalien et les principaux chefs de guerre qui ont accepté de rendre leurs armes et d'intégrer leurs hommes au sein des forces de sécurité.