La Chambre syndicale des chauffeurs de taxis du Grand-Tunis, le bureau exécutif de l'Union des taxis individuels et les bureaux régionaux de Taxis du Grand-Tunis ont décidé d'entamer de multiples grèves suite à l'assassinat d'un chauffeur de taxi individuel, Kamel Boughanmi, jeudi dernier. Ainsi, le bureau exécutif de l'Union des taxis individuels et les bureaux régionaux de taxis du Grand-Tunis entamera une grève ouverte à partir du lundi 9 octobre 2017 tandis que la Chambre syndicale des chauffeurs de taxis du Grand-Tunis sera en grève le même jour de 5 heures du matin jusqu'à 21 heures. Ces grèves viennent dénoncer le meurtre de feu Kamel Boughanmi et les conditions difficiles dans lesquelles survit le secteur. Cet acte de violence n'est pas le premier du genre à Tunis ; en juillet 2016, un chauffeur de taxi a poignardé l'un de ses clients et l'a assassiné, très tard le soir, sur la place du 14 janvier au centre-ville de Tunis. A l'époque, le débat sur la présence sécuritaire au niveau des transports en commun avait été entamé sans qu'il n'y ait d'aboutissement. Aujourd'hui, ce meurtre survient parallèlement à un autre incident qui en a ému plus d'un ; quelques-jours plutôt, et au moment où le CREDIF lançait sa campagne anti-harcèlement sur les transports en commun, une jeune fille a décidé de briser le tabou en racontant, à visage découvert, l'effroyable agression dont elle a été victime au vu et au su de tous les autres passagers. La jeune fille a en effet été harcelée par un homme et, en se rendant au poste de police pour déposer sa plainte, elle s'est heurtée à une indifférence alarmante de la part des agents qui lui ont juste conseillé de ‘‘bien choisir sa place la prochaine fois''. Meurtre, harcèlement sexuel, braquage, insulte ou encore saccage de voiture, ces ‘petits' incidents quotidiens commencent à se banaliser en Tunisie en général et à Tunis plus spécialement ; une banalisation qui nous rappelle celle dont nous avons été victimes entre 2013 et 2015 ; la succession des attentats et des assassinats (politiques ou sécuritaires) nous ont plongé d'une sorte de nonchalance extrême. A l'époque, les flashs infos qui annonçaient le décès de soldats ou d'agents sécuritaires n'émouvaient presque plus personne et certaines annonces n'avaient plus d'intérêt pour certains médias qui s'en passaient volontiers. Le dernier attentant qu'a connu Tunis était atroce ; à quelques mètres du ministère de l'Intérieur, un terroriste avait fait sauter un bus qui transporter de jeunes agents de la Garde présidentielle. Cette frappe a été une sorte de douche froide pour les citoyens qui y ont répondu par une prise de conscience assez impressionnante. Aujourd'hui, Tunis est guérie du terrorisme mais semble sombrer dans un chaos où la violence (qu'elle soit verbale ou physique) est devenue maître. En dépit des nombreuses lois qu'est en train de valider l'Assemblée des représentants du peuple, nous avançons à pas assurés vers un monde qui ressemblera, si nous ne faisons rien pour changer la situation, à une jungle où seul le plus fort (au sens littéral) pourra survivre.